Hop hop, que j'me suis dit, il faut que j'arrête de faire ma chieuse tout le temps avec ce pauvre garçon qui est mon boyfriend, je vais me réconcilier.

Surtout quand Renaud a braqué son téléphone vers moi en me disant "excuse-toi" après avoir composé le numéro de mon boyfriend.
Bon bon bon ...

Ca sonne, il décroche, il dormait, il me demande de passer chez lui
- ok j't'appelle quand je suis en bas.
Clique.

Donc tout pimpants que nous sommes, Reno, Ninette, Matthieu l'blasé et sa copine-à-l'accent-provincial-qui-chante-bien, nous partons du bar où nous avons fait danser la serveuse blonde sur du rock.

2 noctiliens plus tard je suis en bas de chez lui.
Et là, c'est le drame.

Je l'appelle, ça sonne une fois et BAM c'est le répondeur (son répondeur fait prout en plus c'est super énervant).
Je l'appelle 10 fois, toujours le prout.

Je me dis "voilà ma pov' fille, t'es à la rue".
- ah mais non y'a Chaussette !
J'appelle Chaussette qui habite 2 rues plus loin et BAAAM mon portable fait une crise cardiaque (je le hais je le hais je le hais).

Je suis toute seule dans la rue à 3h du mat', sans portable, sans mec, sans ami.

Bon allez je vais aller sonner chez Chaussette qui lui n'a pas de parents comme moi et même si on a pas élevé les cochons ensemble, il peut bien m'accorder un asile politique.

Il se trouve que Chaussette a un sommeil méga lourd de la mort qui tue.
Je l'ignorais.
J'ai sonné 6 fois d'un magnifique DING DONG, et rien, même Bob son chat dormait.
Bon bon comme j'étais pas d'humeur à enfoncer la porte, je suis partie.

Ô rage
Ô désespoir.

Deux hommes passent à côté de moi dans la nuit noire pendant que je me dis "t'es foutue ma fille" ils me lancent un
- Salut coquine

J'accélère la marche.

- Toi je te prédis un avenir très cochon ma coquine.

Moi qui court presque.

Bon ça va tant qu'entre eux et moi ça s'arrête aux prédictions tout va bien.
Mais j'ai un peu les pétoches du coup.

Alors comme tout félin qui se respecte, mon instinct m'a guidé jusqu'à l'échafaudage à côté de chez boyfriend.
Je sais pas ce qui m'a pris mais j'ai commencé à escaladé le truc tout doucement, tel Catwoman dans le dernier Batman.
Sauf que ça faisait beaucoup plus de bruit.

J'ai pris 4 échelles, je me suis faufilée à l'intérieur du bâtiment vide, qui était éclairé d'ailleurs, je suis ressortie par une fenêtre qui donnait sur le ciel.
J'étais sur le toit.
La classe.

Je suis restée comme ça longtemps à regarder les toits en espérant que ma gavroche n'allait pas s'envoler.
D'ici je voyais que la fenêtre de boyfriend était allumé, mais bon j'me doutais bien qu'il devait dormir comme un gros tas, lumière ou pas.

J'avais un peu peur que les tuiles se cassent la gueule en redescendant.
6 étages mine de rien.
Mais une fois de plus je me suis découvert une seconde nature en tant que Lara Croft.

J'hésitais à attendre jusqu'à 7h du mat, l'heure à laquelle se réveille son père telle une pendule jamais rouillée, ou à rentrer chez moi en bus.
Chez lui : nourriture.
Chez moi : ...

Quand je suis redescendue j'ai vu qu'il était que 5h.
Ô désespoir.
J'me sentais mal d'attendre 2h à écouter les zoziaux gazouillés.

Allez comme ça fait 2 fois que c'est Ninette qui m'offre mes pintes, je vais faire une folie, que j'ai dit.

J'me suis donc retrouvée sur un siège en cuir, les cheveux au vent, à regarder le paysage défiler 10 fois plus vite que si j'avais pris ce pauvre bus 62.
Vive les taxis quand-même.

Autant vous dire que pour la réconciliation, ça a tout changé.

Et  pour le psychopathe, ça sonne toujours dans le vide que je l'appelle donc c'est pas demain que je vais pouvoir faire ma thérapie de groupe avec lui.

Oh mein gott.