Mardi

10h55

Devant l'opéra Bastille, j'attends Milie.
Je n'ai pas de portable.
Il pluviote sur ma gavroche.
Il fait froid.

Un homme sur les marches me fait de grands signes de mains.
Je vais discrètement me cacher sous un abribus.
Je crois qu'il se met à chanter et qu'il danse en même temps.
Je le vois du coin de l'oeil qui s'approche de moi.
Merde merde merde, pensais-je très fort.

- Eh salut madeumoiselle, ça va ?
- Oui
- Tu fais quoi là ?
- J'attends quelqu'un
- Un copain ?
- Non une copine
- Ah ! Pour faire quoi ?
- Aller boire un verre
- Ah ok
- ...
- J't'embète ?

(La connasse de question qui tue à laquelle je n'arrive pas à répondre tout simplement OUI !)

- Non
- Dis, j'pourrais avoir ton numéro ?
- ...
- J'aimerais trop qu'on se revouaille !
- ...
- Sérieux j'aimerais trop trop qu'on se revouaille !
- ...

Il a fini par partir.
Mais Milie n'était toujours pas là.

11h, je vois M. faudrait-qu'on-se-revouaille qui revient près de mon abribus.
aaaaaaaaaaaaaaaaaah non non non ...

- HEY !!

Je sursaute comme une abrutie.
La voix vient de derrière moi, je me retourne et je vois Milie.

- Yeaaaaaaaaaaah !!
- Ca va on t'a pas trop emmerdé pendant que t'attendait ?
- Non non ça va ...

Quel bonheur d'être une fille.

00h30

Je prends le métro pour rentrer chez moi.

Tout va bien.

Brusquement, un petit barbu m'attrape les deux poignets.

- Salut, je vais deviner ton prénom
- Euhhhhhh d'accord d'accord

J'avais pas tellement le choix.

- Tu t'appelles ... Miriam !
- Non
- ... Cécile !
- Non
- ... Carole !
- Non

C'était mal parti pour qu'il me lâche les poignets.

- C'est quoi la première lettre ?
- E
- Hélène ?

Ah d'accord ...

- Non
- Eveline ?
- non
- Hélène ?

Bah décidemment

- Non
- ...
- Bon allez je te le dis, c'est E***
- ...
- Merde, d'habitude ça marche !

Ensuite il me raconte pendant 10 minutes comment il s'est rendu compte qu'il était devin et comment il a deviné le prénom d'un couple une fois dans le métro.
Je lui réponds que ça ne marche pas à tous les coups et qu'il faut s'exercer !
Il m'a toujours pas lâché les poignets.

J'ai fini par me libérer et rentrer chez moi.

Quel bonheur d'être une fille.

Mercredi

J'ai réparé mon chargeur de portable comme si c'était Bob le bricoleur qui l'avait fait.
Sauf que Bob ne se serait pas ouvert 3 fois la main gauche je pense.

Je suis allée chercher Poopook à son lycée.
Il y avait un bus coincé entre une voiture et une barrière alors Poopook s'est sentie obligée d'intervenir
- C'est bon c'est bon vous pouvez avancer encore un peu, non plus a gauche, non stooooppp !!
Le bus s'en ai sorti et nous aussi.

On est allé chez Reno.
J'étais bien là avec eux, sur le canapé tout moue à dire des conneries, et à regarder les photos du Burkina Fasso
- Wah Renaud t'as trop la classe sur cette photo
- Ouai je sais t'inquiète
Il ressemblait au chanteur Renaud, et ça me trouble assez d'ailleurs.

Th est arrivé, et déjà au début j'étais pas très enthousiaste.
Quand il a sorti que "c'est pas toi qui mettrait des robes comme ça", j'avoue que j'avais qu'une envie, c'était de transformer toute ma colère en un méga coup de point dans le nez.
Mais comme d'hab, j'ai rien dit et j'ai pu parlé.
Il a qu'à me l'acheter cette robe si il a envie que je la porte, moi je suis pas croupière comme Ninette et je gagne pas 2000€ par mois.

Sos Tigroo.
J'lui envoie un texto pour fuir mon abruti de boy-friend.
Et 5 minutes après j'étais chez elle.
On a regardé Las Vegas Parano avec son frère.
J'étais contente qu'on me foute enfin la paix.
Même que son père nous a tous invité dans une crêperie alors j'étais de bonne humeur.

Un peu plus tard j'étais dans le bar avec les billards au premier, en train de parler de politique avec un dandy
- J'ai une question à te poser, qu'il me dit.
- Oui quoi ?
- Si tu me voyais dans la rue là, tel que je suis maintenant, est-ce que tu te moquerais de moi ?
Je le regarde de haut en bas.
Bon ok il a une énorme touffe sur la tête, une tête plutôt rigolote, un pantalon moulant et un foulard qui dépasse de son col.
- Non pas du tout, il m'en faut plus !
Je l'aime bien.

Tigroo me vole ma gourmette et j'oublie de la lui re-prendre.
Cette gourmette ça fait 4 ans qu'elle est à mon poignet et qu'elle y bouge jamais.
Je me sens toute nue.
Mais elle est en lieu sûr.

On fait une partie de billard.
Pour pas changer, je ne mets aucune boule.
De rien les amis.
J'm'amuse à parler aux potes de Tigroo.

Un peu avant minuit, boy-friend me propose d'aller dans les catacombes avec lui et d'autres.
Je me suis décidée que c'était oui.
Trop curieuse pour refuser.
Faudra bien que je sache ce qui se cache sous mes pieds un jour.

Et là c'est le bordel qui commence.
Il me donne d'abord RDV là, alors j'y vais, puis finalement c'est ici, alors j'y vais aussi, et pour finir en fait c'était là bas.
Il se fout de moi.
En plus il ne m'attend même pas, il marche, avançant au fur et à mesure notre lieu de rendez-vous.
Je bouillonne de colère.
En plus, y'a pu de métro pour aller là où il voudrait que je sois.
C'est trop.
Ma batterie de portable manque de me lâcher, j'ai peur quand je suis toute seule la nuit suite à l'agression de poopook, et lui, il me fait marcher, et c'est limite s'il m'engueule pas.
Je décide de rentrer.
Je reste 15 minutes sur un banc à regarder les derniers métros passer.
J'essaye de me convaincre qu'il faut que je me calme et que j'aille le rejoindre.
Mais j'y arrive pas.
Y'a un mec qui me fait des grands signes de main et comme je comprends rien je lui réponds NON parce que j'en ai vraiment ras la casquette des abrutis qui me racontent nawak dans le métro.
Merde.
Je me lève enfin et je marche jusqu'à chez moi et me retournant 76 fois.
J'avais plus qu'à aller me coucher, je pouvais pas faire demi-tour.
J'ai pris soin de dire à Th d'aller se faire foutre, et je me suis couchée.

Putain, nan mais vraiment, pourquoi on a inventé les hommes je vous le demande !