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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Le temps d'une insomnie
Insomnie, encore, ouvrir l'ordinateur dans le silence d'une nuit, une lampe sur la table basse et le bruit de quelques voitures à travers la fenêtre, mon reflet dans le miroir, est-ce qu'on peut lire les pensées simplement au fond de la rétine, est-ce qu'il y a des mots d'écrits sur les pupilles, non, rien, il y a tout à faire alors, est-ce que je saurai le faire ...

Tu te souviens cet après-midi avec elle, assise au dessus des rues près du soleil, la chaleur sur nos corps apaisés et cet étrange bonheur d'être ensemble, d'avoir du temps, et tous ces enfants qui nous passent devant les yeux, c'est beau les enfants, elle me dit ça et je souris, elle sait autant que moi, pas besoin d'expliquer, elle me dit tu vois l'avion ? Il va où tu crois ? je regarde la fine trainée blanche dans le ciel, l'air pensive, je réponds à Bordeaux, sûr il va à Bordeaux cui-là, elle hoche la tête, comme soulagée, son join s'est encore éteint, elle va demander du feu, le soleil part se cacher derrière l'immeuble, je frissonne, elle me dit tu viens, on va acheter de l'alcool ?, je n'ai pas envie de boire, je n'ai pas envie de la quitter, on prend les escaliers, la fumée m'a rendu euphorique, ou peut-être le bonheur quand je partage ma vie avec elle, on sort du magasin, franchement, regarde nous : deux meufs à l'ouest avec les bras pleins d'trucs suspects, du vin, des gâteaux au chocolat, des bonbons, pas d'sac rien, à l'arrache, tout c'qui faut pour être heureuse !, elle rit, je dis le plus de conneries possibles à la minute, on prend l'ascenseur avec un type, j'lui fais des petites blagues à lui aussi, sourires, bonne soirée jeune homme, on pose tout sur la table, elle a lancé de la musique, on chante, je danse même, on chante fort, très fort, comme si on était seule dans ce monde, comme si les murs étaient épais, j'ouvre la fenêtre, j'lui dis tu vois là bas, si tu vas tout droit, c'est l'Amérique, elle me dit et l'Afrique, c'est où l'Afrique ? je change mon doigt de direction, on regarde au loin sans rien dire, comme si on voyait, elle prend sa guitare rouge, j'ai ouvert le vin et j'ai calmé la faim dans mon ventre, elle n'a pas voulu manger, elle a maigri, je n'veux pas qu'elle me sache inquiète, pourquoi, il faudra bien qu'elle se remette à manger pourtant, il faudra bien qu'elle accepte d'être heureuse un jour, qu'elle comprenne, j'voudrais qu'elle progresse aussi vite que moi, mais personne ne prend le même chemin, alors je lui joue un air de Micky Green parce qu'elle aime ça, ça suffira peut-être, pour ce soir, son ami arrive, un grand nonchalant, je veux faire du roller, ils prennent des vélos, c'est moi qui tiens la bouteille, c'est moi qui finis la bouteille, c'est moi qui plane sur le bitume dans les descentes, c'est moi qui hurle "exégèse" sur un air de Bob Marley, il fait nuit, on grimpe dans un appartement, il y a du monde, j'ai trop bu sûrement, je voudrais simplement qu'elle soit dans mes bras, je voudrais simplement qu'elle m'embrasse, elle me dit Aphone, pourquoi, pourquoi t'es comme ça, t'es ma soeur hein, je dis oui, oui t'es ma soeur, je sais qu'il y a ce doute entre nous, depuis toujours, elle se recule, elle me laisse seule, je n'avais pas envie de boire, par la fenêtre il y a la grande roue et d'autres manèges, sur le lit il y a cette fille trop ivre qui s'est endormie, je voudrais venir me blottir contre elle, ouvrir ses bras et me frayer un chemin près de son corps, je crois que j'ai besoin d'affection, c'est rien, c'est l'alcool, il faut que je parte, je prends l'ascenseur avec un groupe d'inconnus, ils me disent tu vas rentrer en roller ? eh mais prends le métro t'es trop ouf !, pourquoi pas, je tombe sur les genoux, oups, une fille me tient par le bras, je n'ai pas envie qu'elle me touche, non je n'ai pas envie de prendre le métro, salut les gens, il fait calme près du périph, je roule dans la nuit sans trop savoir vers où, j'arrive chez moi sans trop savoir comment, sans même tomber à nouveau, dans ma poche mon téléphone a vibré plusieurs fois, c'est elle, j'ai oublié de lui dire, il faudra que j'apprenne à dire au revoir, un jour.

Je me réveille trop tôt, encore trop tôt, douce matinée, et je suis plongée dans mon monde intérieur, je n'ai plus d'exam et pourtant j'ai encore envie de bosser, de lire et d'apprendre, sortir de la bibli seulement quand il fait nuit, mais pourquoi cette frénésie du travail, pourquoi je me sens si bien quand j'ai la tête dans la littérature, pourquoi les gens m'attirent moins que les livres, je suis seule et je suis bien, et personne ne me volera mes heures de lecture, je souris, mes yeux sont fatigués soudain, je plonge dans un rêve presque aussitôt, il y a mon prof blond, il vient près de moi, son corps collé au mien comme par hasard, il me fait basculer contre lui, ses mains sur mon ventre, mes mains sur les siennes, je me réveille, oups, il envahit mon inconscient, je me promets de passer à l'action, vite, arrêter de vivre de ce fantasme, je consulte mes mails, ah, un nouveau message du Dessinateur, je n'ai pourtant pas répondu, il a du comprendre, oui c'est ça, il a compris, il est un peu triste, tant pis, je repense aux fois où j'ai eu besoin de lui, on est toujours seul tu sais, il faut s'y faire le plus tôt possible, je n'aimais pas qu'il me dise ça, j'aurais voulu qu'il me berce un peu, juste le temps que je m'endorme, je ne réponds pas, on est toujours seul tu sais, je n'ai pas besoin de ses étreintes, on n'a pas les mêmes Idées, on a pas les mêmes valeurs, le soir approche déjà, je mets mes rollers, j'arrive sur le canapé, ma pote de cours monte le son de la télé, on regarde ce film, Harvey Milk, ce film que j'ai déjà vu 5 fois au moins, et pourtant c'est toujours pareil, la joie dans le ventre, l'émotion, les phrases qui s'impriment dans ma mémoire comme des trésors, j'ai besoin d'y croire moi aussi, j'ai besoin d'espoir, et dire que les gens étaient comme ça avant, tu sais, ça n'a pas beaucoup changé, l'homophobie, un souvenir, je suis dans le métro avec elle, on se tient la main, un jeune garçon s'arrête près de nous, il crache, il hurle, il nous insulte, nos mains se détachent, on a peur, on s'éloigne dans les escalators, c'est pas si vieux que ça tu sais, j'avais 17 ans, elle s'est faite agresser il y a deux ans, dans le métro encore, juste parce qu'elle aime les filles, et je rêve d'un monde sans violence, je rêve d'un espace où il est possible d'aimer librement, j'aime y croire, je m'échappe loin des Hommes pour cultiver mes rêves, là dans mes livres, là où c'est beau, j'allume l'ordinateur, Arte, un documentaire sur le street art, la rébellion éphémère, et je reste absorbée, la caméra m'entraine loin, à Berlin, Moscou, New York, tous ces gens qui créer des moments de liberté, tous ces gens qui résistent contre la violence imposée, je souris, j'y crois, j'ordonne les projets dans ma tête, je pense avenir, un avenir où l'amour de la liberté passe avant tout, j'ai confiance, j'irai par là, même si c'est un peu loin, j'ai du temps, j'ai des rêves, ça marchera, c'est certain.

Miroir, mes yeux, toujours rien, pourtant c'est la jungle dans ma tête, ça pousse de partout, ça danse, ça vit, mais rien ne transparait sur mon visage, seulement la fatigue, oui, un peu de fatigue ... alors j'éteins mes pensées, j'éteins l'ordinateur, je ferme la lumière, j'écoute juste le bruit des voitures à travers la fenêtre, et je ferme les yeux.

Bonne nuit
Ecrit par Aphone
le Lundi 12 Avril 2010
à 07:02



Commentaires :

  Maître Capello
12-04-10
à 13:24

Intervention de bon aloi

(1)EXÉGÈSE n. f. XVIIIe siècle. Emprunté du grec exêgêsis, « récit, explication ».
1. RELIG. Explication, interprétation de la Bible. L'exégèse biblique ou, absolt., l'exégèse. L'exégèse rabbinique. Par anal. L'exégèse coranique. 2. Par ext. Interprétation, commentaire détaillé d'un texte, d'un ouvrage, d'une doctrine, de la pensée d'un auteur, mettant en œuvre les diverses disciplines scientifiques capables de l'éclairer. L'exégèse des poèmes homériques. Exégèse historique, philosophique, doctrinale. Par affaibl. Ce journaliste s'est livré à une longue exégèse des déclarations du ministre.

  stupidchick
12-04-10
à 14:05

Re: Intervention de bon aloi

Exégèse! mouvement of Jah pipole!! j'adore cette chanson

  aphone
12-04-10
à 14:19

Re: Intervention de bon aloi

Chantons =)



Et exégèse, c'est un mot que j'ai appris y'a une semaine, j'l'aime bien, alors je le braille dans la rue, hum ^^

J'espère que tu vas bien

  BBird
13-04-10
à 22:46


Les livres. On pourrait en parler pendant des heures.
Ravie de constater que je ne suis pas la seule à me perdre dans la littérature.

Très belle façon d'écrire soit dit en passant !

  aphone
13-04-10
à 23:40

Re:

Oui, les livres, on pourrait s'y perdre pendant des heures !
Tu n'es pas la seule !

Merci beaucoup BBird !!!
=)))



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