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Les mots sans le son


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Lecture du moment
Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
C'est juste une histoire d'arrosage
Chaque fois que je cesse de venir écrire dans cet espace, j'ai l'impression qu'il meurt face à moi, comme une plante qu'on oublie dans un coin ...

Je voudrais pouvoir l'arroser abondamment de mots et le voir foisonner de petites fleurs.

Mais je suis une bien piètre jardinière.

Parce que bien souvent je suis triste. Je n'ai que l'eau de mes larmes à offrir. Elle est salée, et la plante n'aimerait pas. La plante a besoin de soleil et de chaleur. Dans ma tête il fait froid, il fait sombre.

Beaucoup de choses se passent en moi en ce moment. Un vrai bouleversement de la nature. Les montagnes changent de place brusquement, les océans se vident et se remplissent de nouvelles vagues, et moi j'assiste à tout ça, seule spectatrice, parce que personne ne peut connaitre le chaos émotionnel qui me ravage. On est tous ainsi.

Ce soir je marchais sous la pluie douce, il faisait nuit. Mes pensées se chamaillaient dans ma tête, des tonnes et des tonnes pensées, et j'ai senti une nouvelle fenêtre s'ouvrir en moi, s'ajoutant aux autres le long de mon mur noir, m'apportant un peu plus de visibilité sur l'horizon. J'ai senti que j'allais mieux, de jour en jour, que chaque pas était une avancé vers une vie qui sera vraiment la mienne, comme si j'étais née dans l'obscurité et que le jour m'apparaissait doucement mais sûrement. J'ai bien du mal à expliquer toutes ces ombres qui peuplent mon intérieur, tout ce qui est invisible et pourtant si présent. Alors je raconte mes gestes, mon corps, et puis je raconte les autres et le monde dans lequel je me promène. Pourtant le monde du dedans est important. Il y a les rêves aussi, les rêves que je fais chaque nuit et que j'offre régulièrement à celui qui m'aide à ouvrir les fenêtres, ensemble on trouve des clefs de lecture, et tout semble changer, mes cauchemars se font moins réguliers, faisant place à des rêves plus doux, plus beaux. L'autre nuit j'ai même fait du deltaplane au dessus des maisons. Ca faisait des années que ça ne m'était plus arrivé. Mais pourquoi je parle de ça ? Je plane je plane je plane ...

Quand je suis triste, c'est embêtant, c'est comme si je cessais de vivre. L'humour est remplacé par les silences, les envies par le vide. Je suis restée triste pendant longtemps à cause de mon anniversaire. Allongée sur mon lit, sans force, et tout s'écroule en moi, tout est ruine et désordre. Ma jolie petite guitare prend la poussière, les objets et la vaisselle sale s'entassent tout autour de mon lit, mes rollers regrettent l'odeur de la rue, le chocolat devient mon meilleur ami et moi, je dors le plus possible pour ne plus avoir à réfléchir. Je m'isole. J'étouffe.

Brouillard.
Flou.
En permanence dans ma tête.
Rien n'y fait.

Dans ce RER un matin, j'ai posé mes yeux dans les siens, elle, celle qui ne vit que pour l'amour et la musique, et entre deux sourires j'ai demandé "comment on fait quand on a des idées noires hein, comment on fait pour que ça passe, à quoi on doit penser, dis-moi", 
je n'ai pas reconnu ma voix, mes mots sont sortis durs comme de la pierre, agressifs et tranchants, et pourtant elle n'a pas bougé d'un cil, ses yeux toujours dans les miens, buvant le désespoir qui s'échappaient de mon intérieur, l'absorbant, interdite, nos regards étaient comme soudés, j'attendais une réponse, un souffle, je ne sais pas, l'étincelle d'une allumette m'aurait suffit, mais dans ses yeux je n'ai vu qu'une lueur qui disait "je ne sais pas", j'ai senti un gouffre s'ouvrir en grand sous mes pieds, et sa main tentant de me retenir, en vain. J'ai détourné mon regard.

Plus tard elle m'a appelé.
A peine avais-je dis allo qu'elle me recouvrait de mots-câlins.
"J'ai beaucoup pensé à ta question, maintenant je peux te répondre, il faut se souvenir de tout ce qui est beau, il faut faire l'effort de s'en rappeler, même si c'est dur, même si c'est long".
J'ai senti sa main-amie me tirer vers le haut, m'aider à sortir du gouffre, m'aider à m'envoler.
J'ai souris.

Et je me suis souvenue.
Tout ce qui est beau.

Il y a tellement à voir, à découvrir, à partager... Tellement de belles choses ... L'écriture, la musique, l'amitié, l'altruisme ... Les Idées, la douceur, la tolérance, la fraternité, les rires des enfants, le thé, la générosité, l'amour, le partage, l'égalité, l'histoire des mots, le langage, les rythmes, le lait, l'odeur des arbres après la pluie, les caresses, la douceur de l'eau, les voyages, la vitesse, et puis le ciel, voir un ciel rempli d'étoiles, au moins une fois, une fois c'est assez pour ne jamais oublier.

Oui, la beauté est bien là, je la vois.
D'un coup je n'ai plus envie de dormir, Je voudrais tout vivre, être partout, tout savoir. L'ivresse.

L'ivresse de faire parti du monde. Parfois complètement misanthrope, avec seulement une soif de solitude et de méditation, d'apprentissage et de lecture. Et puis parfois complètement altruiste, à ne plus vouloir cesser de partager des instants avec les autres. Vie intérieure et vie extérieure. J'alterne. Fermer les yeux pour plonger à l'intérieur de moi-même, là où je construis un monde idéal fait de beauté et de grandeur ; Les ouvrir pour courir au milieu des autres dans une danse commune, un pied devant l'autre, je vis tu vis nous vivons, dans des éclats de rire et des instants fragiles de dévoilement de soi. J'ouvrirai toutes les fenêtres et il n'y aura plus jamais de place pour l'obscurité.

Je suis née dans l'ombre mais j'avance vers la lumière.

Chaque année.
Chaque jour.
A chaque rencontre.
A chaque livre.
A chaque mélodie.
A chaque sourire.

Et je continuerai d'arroser cet espace de mots et d'humour.
Même si je suis une piètre jardinière qui déprime !

(En plus, Mawi m'a confié son Joueb depuis quelques jours, et j'ai hyper envie d'en prendre soin et tout, ça fait comme si j'avais deux blogs, wahou, la grande frime. Pour moi qui suis pas foutue de m'occuper correctement d'un seul !)

=)
Ecrit par aphone
le Dimanche 21 Mars 2010
à 06:18





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