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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
C'est déjà beaucoup

J'aimerais pouvoir dire simplement que ça ne va pas. Pourquoi c'est si dur ? Pas par pudeur, ou par manque de temps, non. Parce que j'en suis incapable.

Ceci n'est pas la suite de mes récits de vacances. Mais bien des mots d'aujourd'hui. Du présent. Ca m'arrange de publier le passé, ça fait diversion et ça m'évite d'avouer. Ca me laisse du temps, ça me fait oublier. Fuir, ça je sais faire, je l'ai toujours fait. Fermer les yeux, oui, je sais faire. Dire la vérité ? Je me mets à rire, je change de sujet.

J'ai demandé à une amie si elle trouvait que je me plaignais beaucoup. Elle m'a répondu non, tu ne te plains jamais vraiment au contraire. Chute libre de la tour Eiffel. Je m'étais trompée. Comme pour tout le reste. Et toutes mes certitudes se sont mises à tomber comme des dominos, sans fin. L'horreur. Le monde qui s'écroule. Mais je ne peux pas me plaindre. Se plaindre, ça serait dire pourquoi. Dire pourquoi, c'est mon impossible à moi.

J'ai toujours été du genre déprimée pour rien. Ca, ok. Rester 3 jours au fond du lit, ne pas décrocher, ne pas sortir, culpabiliser parce que les amis s'inquiètent, prendre du retard dans les choses à faire, pleurer, manger et avoir honte, et ne pas savoir expliquer pourquoi. D'accord.

Ecrire les faits, c'est simple. C'est reposant. J'aime énormement les récits. Il était une fois une petite Aphone qui buvait beaucoup et qui adorait faire rire tout le monde en se moquant d'elle-même. Elle aimait vivre, oui, elle faisait pleins de choses. Elle riait, elle criait, elle faisait des rencontres, elle était amoureuse, puis elle ne l'était plus, elle déménageait, elle prenait l'avion, elle avait des accidents, elle apprenait la musique ... Aphone, mon petit personnage, mon petit pantin dansant sur le blanc de l'écran. Aphone, Je la raconte, je l'observe, mais de l'extérieur, toujours de l'extérieur. C'est beaucoup plus simple de raconter ce qu'on fait que de dire ce qu'on ressent.

Depuis plus d'un mois, Aphone ne va pas très bien. Je ne sais pas trop quoi en penser. Elle a le coeur qui bat vite, souvent, elle pleure, elle n'arrive plus à s'endormir, elle a peur, elle fait des cauchemars, elle ne voit plus ses amis, elle mange trop, elle angoisse, elle a mal, elle est énervée, elle ne bouge plus, et elle est incapable de le dire, elle préfère ne pas décrocher, elle préfère rester cachée, elle attend que ça passe.

Bien sûr, elle est quand-même sortie à des moments, pour ne pas trop inquiéter. On lui a dit qu'elle avait l'air triste. Que ça avait pas l'air d'aller fort. Même sa grand-mère, elle lui a fait remarquer, pourtant elle y voit pu très clair. C'était douloureux. Elle arrivait plus à paraitre joyeuse pour les autres. Elle est rentrée chez elle, vite.

Je pense qu'elle a une vague idée du pourquoi. Bien sûr que le psy a son rôle dans tout ça. Le psy, c'est comme un miroir pour elle. Au début elle y allait, armée jusqu'aux dents, et méfiante. Elle ne doutait pas. Et puis il lui a dit "c'est quoi ces bleus là ?", des bleus ? Elle n'avait pas vu, elle voit en effet, elle touche, ça fait mal, elle refuse, il attend, elle touche encore, oui c'est vrai, c'est douloureux, d'un coup, elle sent, l'émotion, elle baisse les yeux, elle retient tout à l'intérieur. "vous devez apprendre à pleurer mademoiselle, je suis sérieux vous savez". J'peux pas.

Je n'aime pas montrer Aphone quand elle est triste. Je me dis qu'il y a bien trop de tristesse dans ce monde pour en rajouter une couche ici. Dans mon idéal, Aphone serait toujours drôle, légère, aimante, souriante. Mais ce fichu sourire automatique qu'elle se trimballe depuis toujours, je commence à ne plus trop l'aimer. Il est menteur. Aphone n'est pas sincère. Dire des choses tristes en riant, ça ne rend pas les choses moins tristes. Ca les éloigne simplement.

Depuis plus d'un mois, Aphone ne va pas bien. Je pourrais expliquer pourquoi, sous la forme d'un récit, montrer Aphone qui pleure et qui souffre sur son oreiller. Mais ça serait avouer que tout s'effondre. Avouer que les drames familiaux nous boulversent, même des années plus tard. Avouer qu'on était pas "une petite fille sans histoire". Même si on essaye de se persuader du contraire, d'embellir le passé. Avouer qu'on est terrifié par la vérité.

Aphone va mal, mais je sais aussi que c'est nécessaire. Ca s'appelle l'introspection, ça fait vachement mal, mais c'est important. "Mieux vaut pleurer de rien que de rire de tout ... pleurer pour un rien, c'est déjà beaucoup ..."* C'est Serge qui l'dit. Je ne sais pas trop quoi en penser.

Je vois bien qu'Aphone est perdue. Mais je sais aussi qu'elle n'aime pas les mélodrames, elle aime trop les vibrations des rires dans le ventre. Elle va pas se laisser dériver trop longtemps. Et bientôt j'espère que je pourrais la faire danser encore sur l'écran blanc, aussi fidèlement qu'elle le fait dans la vie, d'habitude. Je le souhaite vraiment en tout cas.

Et vite.



*(Gainsbourg, Ces petits riens)

Ecrit par aphone
le Samedi 05 Décembre 2009
à 19:27



Commentaires :

  stupidchick
05-12-09
à 19:54

C'est courageux, d'admettre que ça ne va pas. Tu ne dis pas grand-chose mais en même temps tu dis tout. Voilà. Ca me touche.

Prends soin de toi, je te fais des bisous.


  aphone
06-12-09
à 14:57

Re:

Merci petite Mawie =)
Ca réconforte, l'air de rien, de s'dire qu'on a un peu de courage quand-même (vu que je ressemble plus à une limace collée à sa couette qu'à Catwoman en ce moment, à mon grand regret ^^)
Pleins de bisous !

  MangakaDine
05-12-09
à 20:03

Ce n'est pas grave d'avoir l'air triste. La tristesse, c'est pas parce que tu la montres pas qu'elle n'existe pas. Et pour ton entourage, le tout est de savoir ce qui pour toi est le plus important. Les inquiéter ou leur mentir. On a le droit de pas aller bien. Quand ça dure c'est chiant, ça peut vite devenir une obsession pour soi et pour les autres aussi. Mais quand on a la chance d'avoir un ou une amie qui t'écoute et qui sait trouver les mots, y'a moyen d'être cent fois plus courageux et d'avoir envie de se sortir de son trou noir.

T'es pas une petite fille sans histoire et les drames familiaux te bouleversent, soit.
T'es juste comme tu es et personne ne te le reproche.

C'est même plutôt cool.

  aphone
06-12-09
à 14:59

Re:

C'est hyper appaisant ce que tu dis. "Tu es juste comme ça et personne ne te le reproche". Wahou ! Merci ! Tu as vraiment raison je crois. Ca fait du bien ! Maintenant faut que j'essaye de l'assimiler et d'appliquer tes conseils (pfiouuu, plus dur ^^)
Merci beaucoup, je t'embrasse fort, jolie musicienne !

  penseeenvrac
05-12-09
à 20:46

pourquoi j'ai le sentiment de me lire dans tes mots....
tu n'es pas toute seule à sortir avec un sourire tout fait sur le visage, à rire de tout et rien à boire un peu trop pour rire encore, à oublier de pleurer. c'est normal. ca passera sans doute. du moins c'est ce que je me dis. je profite des rares instants qui me font rêver et tout oublier..

  aphone
06-12-09
à 15:01

Re:

Oui je suis pas toute seule. Mais le fait de savoir ça ne me réconforte pas, au contraire, je crois que c'est pire, de savoir qu'il y a autant de gens qui souffrent de leur enfance, de leurs parents, de leurs souvenirs ... Ca m'enfonce encore plus dans un nuage opaque de tristesse =/
J'espère que pour toi aussi ça finir par s'arranger. Faut faire face je pense.
Merci d'être passée ici (tu es une "pensée en vrac" ou tu as un petit pseudo ?) ;)
Bises !

  ecilora
06-12-09
à 14:37

Ça ne va pas. Au final, ce sont des mots que l'on ne prononce pratiquement jamais. On dit je vais. Ça pourrait aller mieux ou bof. Ouais, bof. Mais ça ne va pas, rarement. E tu sais, là, j'aurais grave envie de partir dans les divers sens du verbe aller pour pouvoir décortiquer cette expression qu'on n'utilise tous. Mais j'ai jamais vraiment aimé la linguistique. Et c'est pas maintenant que je vais m'y mettre.

"Dire des choses tristes en riant, ça ne rend pas les choses moins tristes. Ça les éloigne simplement." Ne pas en parler. Faire semblant de ne les avoir jamais entendu. Faire comme si, mais si, tout va bien autour de ta vie, ça éloigne. Çà réconforte un temps. Et puis un autre. Et encore un autre. Jusqu'au moment où tu ne peux plus contrôler ni l'angoisse, ni la peur. Moi, je ne dis jamais rien. Tu sais, je suis celle d'humeur constante.
 
Je me dis aussi (j'ai des conversations intérieures trépidantes) que c'est dingue tous ces travers que l'on arrive à écrire. Et toutes ces choses que l'on connaît. Que l'on est les seuls à connaître sur des personnes croisées l'espace d'une journée. Je trouve ça souriant. Et je me dis que tu peux être sûre et certaine, que si jamais on se retrouve face à face à nouveau, on n'en parlera pas ou peu. De nos troublitudes.

Je t'embrasse la belle. Et je pense à toi.

  aphone
06-12-09
à 15:16

Re:

Rhalala ... Tu as parfaitement raison. L'écriture a ceci d'intime ... qu'on se permet de dire ce qu'il y a au fond du coeur... Je ne prononce pas tous ces mots, je les écris. C'est plus facile. L'écriture a très vite été mon arme favorite contre les blessures de la vie. Elle permet d'évacuer la douleur, malheureusement d'ailleurs. Heureusement qu'ya des récits rigolos quand même.
J'adore la linguistique, oui c'est vrai, "je vais bien". J'avance bien. Aller bien. http://fr.wiktionary.org/wiki/aller_bien domaine médical ! C'est tout ce que Wiki m'apprendra aujourd'hui ^^
J'aimerais bien que les gens parlent d'eux vraiment dans la vie. En ce moment ce qui me chagrine le plus c'est facebook. Je regarde les "Machin fait ceci, Truc pense cela", et j'me dis que c'est vraiment creux. Ca n'a aucun sens, aucune vie, rien n'est dit. Beaucoup d'humour, peur de sincérité ("peu", pas "peur", je fais des labsus écrits effrayants). Qu'est-ce qui est le mieux ?
Je me rapproche de mon blog maintenant. Des blogs des autres. Parce que, ça peut paraitre flou parfois, c'est pourtant tellement plus profond. Ca me fait du bien. Contrairement à Facebook qui m'angoisse =S
Et j'aime tes conversations intérieures ! Surtout que tu me les écrives. Avec tes néologismes drôles !
Oui, tu es d'humeur constante. Toujours poétique, toujours douce, toujours à aimer les jolies choses. J'espère simplement que tu es heureuse. On se fabrique tellement de masques, avec tellement de couches de platre. Erf, je suis vraiment pas gaie ^^
Merci d'avoir écrit tout ça. Ca m'aide, même si je sais que c'est pas encore fini. Accepter d'être triste, et voir que les autres nous acceptent quand on est triste, c'est quand même un grand début !
Pleins de bisous ma Cio

  Songe
07-12-09
à 02:05

Oui c'est déjà beaucoup de l'avoir écrit, c'est un jalon important sur le chemin vers toi-même. Ton texte est vraiment touchant de sincérité.

Je lui adjoins un sourire bienveillant pour t'encourager et te dire que j'admire et je soutiens pleinement ton introspection, aussi douloureuse et vertigineuse soit-elle.

"Où cours-tu ? Ne vois-tu pas que le ciel est en toi ? " est le titre d'un très beau livre de Christiane Singer qui tente de répondre à sa manière un peu spirituelle mais surtout très douce et allégorique à ces choses difficiles qui dorment parfois en nous et nous terrorisent lorsqu'elles ressortent. Je te le conseille :)



  aphone
07-12-09
à 12:40

Re:

Où cours-tu ? Il y a des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier. Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même.

=)

C'est exactement ça. Merci.
Tu m'aides vraiment beaucoup à affronter mes vertiges, c'est vraiment gentil à toi d'être là.

Vite, à la bibliothèque !

  choupi
08-12-09
à 22:56

Je lis tous tes articles religieusement (même si je commente jamais) parce que ton blog est tout simplement magnifique.
Mais là je me dis qu'il faut que je te dise -enfin que je t'écrive- quelque chose, même si je sais pas quoi, parce que je te connais pas.
Mais c'est pas grave, même les gens qu'on connait pas on a le droit de leur dire qu'on les aime et qu'on veut les voir sourire, n'est-ce pas?

  aphone
09-12-09
à 01:16

Re:

Tu n'imagines pas combien tes mots me touchent. La tristesse aidant, tu m'as juste totalement émue. Merci Choupi, je ne te connais pas non plus, mais les quelques mots posés ici sont suffisant pour te dire que moi aussi je t'aime déjà =')



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