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Les mots sans le son


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Lecture du moment
Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Y'a un orage sur Paris

Je laisse l'absence de mots s'emparer des instants les plus beaux.
Je laisse les heures s'écouler et je n'immortalise plus rien.

J'ai honte.
J'ai peur de mal faire aussi.
Peur de mal dire.

Mais je veux continuer à vivre dans les mots.
J'en ai besoin.

1.

Chambre d'hôpital.

Je rentre doucement en fermant presque les yeux.
Je voudrais ne pas le voir.

Il est là, dans ce lit tout blanc, je le reconnais à peine.
"Alors, tu le trouves comment Papy ?"

J'ai des larmes qui brouillent mes yeux silencieux.
J'essaye de me retenir.
J'essaye de sourire.

Mon père bouge dans tous les sens pour mettre de la bonne humeur, il dit que rien n'a changé, que Papy a trop la pèche et qu'il va sortir demain.

Ma grand-mère est assise près de lui, elle dit "Papy, ouvre les yeux, regarde ce que j'ai mis comme collier, tu vois ?? C'est celui que t'avais offert à ta mère et tu m'disais que j'le portais jamais, tu vois, je l'ai mis !"

Envie de pleurer devant cet amour qui saute aux yeux.

J'ai peur, elle dit "regarde y'a Aphone, elle est venue, tu es content hein ?".
Il entre-ouvre douloureusement les yeux vers moi, je ne le reconnais pas, il a dû mal à parler, je détourne la tête, il dit "allez Mamie détache moi et on s'en va", mais il a les deux mains attachées au lits blancs, et n'arrive pas à se relever, et tous ces machins branchés sur lui, il se met à chanter sans articuler, il chante pour nous, je souris complètement, l'eau dans les yeux, je le regarde et j'ai envie de leur dire "mais oui allez on le détache, il a rien à faire là, on le met dans le R4 et en rentre".

Mais c'est juste mon père et moi qui rentrons ensemble dans la R4.

Retour silencieux.
J'ai la gorge horriblement serrée.
Il se rassure en même temps qu'il me parle.
Me dépose en bas de chez ma mère.
Le quitte les larmes aux yeux.

Grand soleil dans le ciel.
Bâtiments HLM.

Je m'assois sur un carré d'herbe, je laisse partir quelques larmes, j'attends que la gorge se desserre, j'écoute la musique de Lio doucement dans les oreilles, je ferme les yeux un moment.

Je revois toute mon enfance passée avec lui, je le revois m'apprendre à nager, je le revois chanter dans le karaoké du Lavandou, avec sa voix si belle, et chaque fois, on lui offrait des casquettes et des stylos tellement qui chantait bien mon grand-père, et moi j'étais fière, cet homme qui ne se plaint jamais, cet homme qui a tellement d'amour à offrir, cet homme qui est mon deuxième papa, et qui dit me dit toujours que je suis belle et grande.

J'ai peur.

J'ouvre les yeux.
Soleil.
Allez, j'veux pu y penser, j'veux pu pleurer, il va rentrer, j'en suis sûre.

Enfants qui courent dans le hall.
Je prends l'ascenseur jusqu'au 3ème étage.
Sonnette.

Mon petit blond qui me saute dans les bras avec un grand sourire malicieux.
Envie de le croquer.
Ma mère qui me demande "alors ?"
J'lui dis "tu viens, on va dehors ? Il fait beau"

On passe au tabac, je lui achète un paquet de clopes.
Toujours des galères d'argents.
On fume une cigarette ensemble, sans goût.

J'ai dans la tête un vide, ou peut-être un chaos, je l'écoute me parler, pas trop de problèmes aujourd'hui, elle a l'air bien, seulement elle a une dent coincée dans sa gorge, il faut qu'elle aille voir le médecin, mais elle verra plus tard.
Des psychologues vont s'occuper de mon petit blond à la rentrée, il ira dans une école exprès, et ça devrait aller mieux après, on va trouver qui lui a fait du mal, et ça ira mieux.

Il fait du vélo autour du lac, il veut qu'on le film, il veut écouter mon nano, il veut se battre, il veut sauter dans l'eau, il veut faire la sieste, il veut sauter au dessus de moi, il veut grimper aux arbres, il dit "t'as mis un décolleté, on voit la moitié de tes seins, c'est pour faire saxy", je ris, il s'allonge sur moi, il me demande pourquoi je touche ses cheveux. C'est parce qu'ils sont beaux.

On est Dimanche.
3 jours que je n'ai pas entendu la voix de Lio.
3 jours que j'essaye d'attendre au maximum, que je me remémore tous ces moments passés ensemble comme si il était encore là, mais là je me sens fondre, je me sens faible.
J'écoute Girfriend de TTC à fond, je revois ses mimiques, quand on la chantait ensemble en riant comme des gamins, j'ai l'impression qu'il est là, quand je ferme les yeux.

RER.
Métro.

Ninette m'attend à l'extérieur, on va boire une pinte ensemble.
Tellement de choses à raconter, pas assez de temps.
J'me laisse tout oublier, je bois vite, je ris.

Reno et Matthieu nous ont rejoint.
Puis Th et Jc.
J'emmène Th discuter avec moi.
On s'était fâché.
Marre de tous ces petits pics qu'il m'envoyait comme pour se soulager, alors quand il m'a dit "à ce qu'il parait t'es jalouse de l'ex de Lio ?" avec son regard faussement compatissant, j'ai répondu "non non t'inquiète pas, on a fait un plan à trois et maintenant tout est arrangé !"
Il a très mal réagit, il a eu mal sûrement.
Les autres riaient doucement.
Marre de devoir me taire quand il est là, marre de ne pas pouvoir raconter mon bonheur, marre de pouvoir à peine prononcer son prénom, comme si j'étais célibataire.
Je ne suis pas célibataire. Et je l'aime.

Il me dit qu'il n'est pas fâché.
J'lui dis qu'en Espagne je vais tout faire pour qu'il se trouve une femelle, et que moi je resterai fidèle à Lio.
Il me dit ok.
J'y fais un câlin.

Les autres nous ont rejoint, il faut partir, le bar qui ferme, je suis joyeuse et je chante le long de la rue Mouffetard, Jc me dit que j'suis super mignonne quand je ferme ma gueule, si si, sincèrement, Th me demande si je vais coucher avec Anouck en Espagne, j'lui dis que j'en sais rien, avec les filles j'ai le droit, il fait comme si il était d'accord, Reno se marre derrière nous, il dit "elles vont dormir dans la même tente en plus !", il tire la tronche, je ris.

2.

Beaubourg.
Nuit.
Samedi.

Cé tripote son iPod pour me faire écoute de la musique, on parle de voyage, on parle de champs et d'étoiles, on parle de partir, de Paris un peu fade, et c'est comme si on était sur la même longueur d'onde, dans le même rêve. Elle roule un joint, elle va partir un an en Espagne à la rentrée, elle va faire de la musique, une de ses chanson va être chantée par une fille pas très connue, elle aura des droits d'auteur, et ça la rend heureuse. Elle regarde ce qu'il y a dans mon Nano, elle devient folle, elle me dit "putain y'a que du bon son !!!", je ris, je pense à mon Lio, je lui parle de lui, comme on est pareil, elle me sourit. Elle est belle, ma Cé, elle rayonne, elle me parle de ses cours de psycho, on marche jusqu'au métro et je la quitte avec un sentiment de tristesse et de joie entrelacées. Le temps qui passe me fait flipper, les souvenirs qui sont derrière, nos moments ensemble, avec sa guitare, au bord de la Seine, à parler d'amour et de littérature, ces moments passées à la consoler quand elle pleurait, ces instants si fort, si loin maintenant.
Le temps me fait peur.
Mais j'ai pleins de projet d'avenir, t'inquiète pas, on va partir, on sera heureux.

3.

Il m'a écrit un email.
C'était pas une réponse, c'était juste un email, une lettre de sentiments.
Et moi qui pensais que les hommes ne m'écriraient jamais.
J'avais arrêté d'attendre, d'espérer des mots d'amour.
Je berce ses mots doucement dans le creux de ma mémoire.
"Puisse-t-on, pour la vie ... Je le veux ... dans notre petit coin de paradis ... Tu me rends heureux"

4.

Mardi.

Rue.
J'avance jusqu'à Jc, il me regarde de haut en bas et me dit "tu ressembles à une japonaise", j'lui dis "mais non, je ressemble à une pouffe !", j'ai mis ma jupette grise, mes filets de pèche, mon tee-shirt rayé et mes nouvelles fausse-converses noir et blanche, le soleil tape doucement sur mes épaules, on va au commissariat pour sa carte d'identité, parce que je veux qu'il vienne en Espagne avec nous, on discute mais on a pas encore beaucoup l'habitude, ses yeux tristes, son sourire, sa démarche calme, j'me sens bien avec lui, malgré les silences. Il me dit qu'il ne veut pas mettre son doigt dans l'encre noir, il me dit qu'il n'aime pas les grosses queues et qu'il espère qu'y'aura pas des tonnes de papiers à remplir, mais il met quand même son doigt dans l'encre et remplit soigneusement le formulaire, parce qu'il faut bien. On rit avec la fliquette, c'est plutôt rapide et puis on sort, soleil, 2 potes le rejoignent, on va à la FNAC acheter des casques audio, j'hésite longuement, c'est cher, mais il a l'air trop bien, j'veux me faire plaisir, alors il le prend pour moi et on va à la caisse, son air blasé, je déballe mon nouveau casque avec empressement, je passe devant le vigil du magasin qui me demande mon ticket de caisse, ça me fait rire, j'aurais pu attendre 5 minutes quand-même, et je continue de sortir mon cadeau, je le branche en suivant les mecs difficilement, Jc m'aide un peu, je fous le casque sur mes oreilles et là, bonheur. On descend la grande avenue, on remonte, on va faire un billard. Je fais ma cruche encore, celle qui met aucune boule et qui s'excuse à chaque fois, Lio qui m'appelle, je sors avec empressement pour lui parler, il se met à pleuvoir très fort, je coure sous la pluie en jupe, je suis trempée, je cris, je coure jusqu'à chez Reno, ils sont en train de jouer à la Wii, ce soir ils partent en Espagne, on les rejoindra après, ils sont chargés comme des mulets, j'suis heureuse qu'on soit tous là, j'voudrais sauter partout, et puis on va chez Milie, avec Ninette et Jc, on parle de sexe, longtemps, on boit de la bière, j'appelle Lio, on va dans le bar d'en bas, il y a les escaliers qui tournent qui tournent, j'ai la tête qui tourne, Jc raconte son année en Alabama, et comment les filles sont faciles, et comment c'est totalement un autre monde, je regarde le bar, tous les verres et les bouteilles qui brillent, ma tête est lourde, je vais aux toilettes, j'engueule un mec qui y est allé 3 fois depuis tout à l'heure, et puis, et puis la pluie qui tombe fort, le taxi qu'on se dépêche d'attraper, Jc et Ninette qui discutent, moi qui suit ailleurs, l'appart de Jc, le joint qui m'assomme.

10h.
J'ouvre brusquement les yeux.
Un orage qui a éclaté dehors.

Je pense à mon lapin que j'ai laissé sur le balcon et à toute la pluie qui tombe depuis hier.
J'ai peur, il va mourir !
Je me dis que j'aurais mieux fait de le laisser chez mon père, qu'il avait l'air trop heureux chez lui, et que je suis vraiment une mère indigne, qui laisse crever son gosse sur le balcon pendant qu'elle se bourre la gueule et prend des taxis.

Je me lève doucement pour ne pas réveiller Ninette, Jc dort sur le canapé, j'enfile ma jupette sans les filets de pêche, je prends mon sac, doucement, je ferme la porte, je coure dans les escaliers, je coure sous la pluie, je suis trempée, j'arrive chez moi, paniquée, vite je m'avance vers la cage de mon lapin, il se tourne vers moi, il me regarde, serein.
Je respire.
Je le prends doucement dans mes bras en lui chantant une berceuse.

10 minutes plus tard je l'engueule parce qu'il essaye de bouffer la fenêtre.

5.

Il y a eu ce soir seule chez moi.
Mercredi.
Et toute la tristesse qui fait surface d'un coup, le noeud dans la gorge, les larmes sur les joues, les sanglots, le manque.
Il me manque.
J'essaye de ne pas y penser mais, j'veux pas oublier sa chaleur, j'veux pas oublier ses yeux, j'veux pas oublier son rire.
J'peux pas.
Et je me plonge dans la lecture de Lolita, jusqu'à épuisement.

6.

Jeudi.

Téléphone.
Sa voix qui m'apaise.

Webcam.
Je le vois assis sur sa moquette, avec son petit sourire et son regard bleu.
Fou rire dans le ventre.

Ca coupe.
Marche pas bien le Wifi du voisin.

Je ferme les yeux.
Sa voix.
Il commence à me faire l'amour au téléphone.
Je l'écoute.
Je fais l'amour avec lui.

"Mais qu'est-ce que tu fais ??"
J'entends une voix dans le téléphone, un peu lointaine.
C'est celle de son neveu.
Il explose de rire.

J'imagine tellement bien la scène, lui qui rentre dans le chambre, Lio qui se rhabille d'un coup, et son neveu qui regard la scène les yeux grand ouvert.
J'explose de rire.

On raccroche, mais il me dit qu'on se retrouvera ce soir.

J'enfile mes rollers jusqu'à chez Jc, j'ai la tête qui tourne, j'ai des fous rire dans tout le corps, je perds l'équilibre plusieurs fois.
Je raconte à Jc pour le téléphone avec Lio, ça le fait rire.
On va manger au Quick, malgré mes convictions, j'vais pas faire ma chieuse, c'est pas moi qui invite.
Il y a Ofée et Adi.

Ofée décide qu'on doit remplir le frigo de Jc, parce que le Ouisskass et rien d'autre, ça craint.
J'me dis que chez moi c'est pareil, le frigo pleins de bouffe pour rongeurs, et rien d'autres.
On va faire un tour au Monop avant de retourner chez Jc, les mains pleines.

Minuit.

Je rentre chez moi avec Ofée, on quitte la soirée un peu tôt.
Je leur dis qu'il faut que j'aille faire du sexe au téléphone.
Ils se moquent de moi, je ris.

Alors bien sûr il a le téléphone, et cette sensation très bizarre d'être avec lui, fermer les yeux et imaginer tout comme si c'était vrai, jusqu'à son corps qui m'enveloppe avant de nous endormir, il me dit "je passe mes doigts entre les tiens et je te sers contre moi", je sens ses doigts entre les miens, je sens son souffle dans mon dos, il me dit "on rit comme des gamins et j'adore ça, j'ai jamais connu ça avec personne, je voudrais que ça ne s'arrête jamais, souvent on a nos souffle qui respirent en même temps, tu l'entends ? Je suis bien avec toi, parce qu'on est pareil, je m'endors avec celle que j'aime et je suis heureux". Il me dit qu'il m'aime, qu'il m'aime, qu'il m'aime.

Une semaine s'est écoulée.
Cette semaine qui m'a parut tellement plus longue.
J'n'ai plus la force de faire des salades composées.
Moi je suis nulle pour faire la cuisine, il faut que tu m'apprennes, on fera des lasagnes, je t'aiderai.
Tu me dis de venir par le prochain train.
Non, je vais attendre, on doit attendre, comme ça, ça sera meilleur.

On vivra dans un rêve à deux, tu verras.

Ecrit par aphone
le Vendredi 10 Août 2007
à 16:13



Commentaires :

  aubes
10-08-07
à 16:52

Il y a trop de mots, trop de sentiments. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant pour ton grand-père, ça m'a rappelé le mien. J'ai souri pour ton lapin et la légèreté de quelques paragraphes. Ma gorge s'est un peu nouée en lisant pour vous deux. Et le reste.

C'est beau tout ça, ta façon de le raconter. On a l'impression de l'avoir vécu aussi.
Je me sentais vide, je lis tes mots et je me dis que, si, la vie vaut la peine.
(Merci.)

Aubes. Fausse inconnue. Naïma. Comme on voudra.

:-)


  aphone
10-08-07
à 20:44

Re:

Adorable ton commentaire, il me fait tellement plaisir. Je suis contente d'avoir rempli ton vide passager.
je savais bien que c'était toi Naima, comme le dit Dine, la mise en page ;)
 =)

  MangakaDine
11-08-07
à 17:24

Re:

La mise en page ne trompe jamais.
Souvenez vous-en.

(dit-elle sur un ton solennel)

  aphone
11-08-07
à 18:39

Re:

Lol !
Mais oui, évidement ! ^^

  inconsciente
12-08-07
à 23:48

Cet article est trop beau, enfin très beau parce qu'il parait que rien n'est jamais trop beau mais n'empêche que moi je le trouve trop beau

les yeux plein d'eau devant le grand-père attaché au lit et tout le monde autour qui dit qu'il va formidablement bien, je connais
je suis en plein dedans
ça ne peut que me toucher plus

et le coup des fous-rires dans tout le corps c'est exactement ce que je ressens quand j'ai le prince au téléphone ou que je viens juste de le voir ou de recevoir un bel e-mail

l'amour avec Lio
touchant
et drôle

"quoi de mieux que l'amour et le rire en même temps ?"

je suis contente pour toi
même si de temps en temps une petite pluie survient dans ton soleil

:)

  aphone
18-08-07
à 09:21

Re:

Super touchant ton commentaire.
J'espère que pour ton grand-père aussi ça va s'arranger. C'est franchement pas facile.
Et puis tu sais combien j'ai hate que tu partages des beaux moments avec ton Prince !! Je compte sur toi ;)
Gros bisous =)



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