La fête de la musique est arrivée comme une surprise.
J'avais oublié.
L'anniversaire d'Ed aussi.

Tout était organisé.
Les gens entassés dans le salon, le buffet, Dylan chargé d'être avec Ed pour qu'il ne se doute rien, nos "chuuuuut c'est lui !" dès que l'interphone résonne, mon appareil photo prêt à mitrailler, le gâteau décoré de bougies, nos sourires impatients.

Et puis on a tous chanté ensemble.
Poopook voulait absolument qu'Ed verse une larme tellement il serait ému mais ça n'a pas marché.
Il s'y attendait un peu, faut dire.

On a enfin pu se jeter sur le buffet.
A notre plus grand bonheur.
Les bonbons transparents me faisaient de l'oeil depuis un bon moment.

J'ai gaffé, une fois de plus.

Ed : Y'a du champagne avec le gâteau ?
Les autres : Nooo ...
Moi : Bah oui !!
Les autres : ...
Moi : Ah c'était la surprise ???

On avait été la chercher avec Th, mais je savais pas que c'était top secret.

Ed a mis de la vodka dans mon champagne.
J'en voulais pu.

Il a aussi mis beaucoup trop de vodka dans mon jus d'orange.
J'en voulais pu.

Alors j'ai bu une bière.
J'avais pas envie d'être saoule.
J'avais envie d'avoir les pieds sur Terre.

22h30

On est sorti.
Pas très loin, Brahim et biddul ont posé leur djumbé par terre et la foule s'est arrondie autour de nous.

J'ai commencé avec avoir le rythme dans le corps.
Envie de bouger, sans m'arrêter.
Danser avec un sourire débile sur les lèvres.

Biddul a demandé à une petite de 8 ans de frapper sur son instrument.
Enflammée, elle a joué pendant au moins 15 minutes.
Super concentrée.

Au début c'était marrant mais elle manquait un peu de rythme la gamine.

15 minutes plus tard on a réussi à faire quelques mètres.

Nous dansions devant les voitures, sur les passages cloutés, au milieu de la route, à sauter partout comme des adolescents qu'on est encore, faisant la danse du laveur de vitre et compagnie.

Un peu plus loin on s'est jeté dans une foule pour faire des pogos.
Pousser tout le monde, rire, se marcher sur les pieds, crier des paroles inconnues et faire la voix de l'homme virile pour imiter le mec.
J'adore.

On s'est assis par terre pour chercher notre respiration.
Ninette me faisait des bisous en me fixant de ses yeux bleus elle disait "que tu es belle, chaque fois que je te revois c'est comme si j'avais oublié à qu'elle point tu était jolie"
J'y fais un bisou.

On était peut-être une 20aine.
Au fur et a mesure, on perdait un ou deux membres de l'équipage dans la foule.
Mais on s'arrêtait pas de danser.

Une bière d'Hollandia dans la main, j'ai bu encore un peu.
Un peu trop.

On a marché jusqu'au quai de Jussieu, la pluie s'étant abstenue.
J'avais retiré mon pull.

Poopook chantonnait un air qui était parvenu à nos oreilles, toujours le même.
Je chantais avec elle.
En versant un peu de bière dans son verre en plastique.

Les percussions ont frappé nos oreilles, on a fait la danse du ventre devant le monde arabe.
Les odeurs de frittes chatouillaient les narines.
Le bitume commençait à faire un peu mal aux pieds.

On s'est assis au bord de la Seine.
Une musique de techno nous encerclant.
J'ai dit "merde, faut que je danse !"
Au souvenir de mes premières soirées en boite.
Il y a trop longtemps.
J'ai dansé les yeux fermés.

Adam était heureux, nous aussi, on passait tous une super soirée, beaucoup plus meilleure que celle de l'an dernier.

J'étais bourrée aussi.

Th me dit "c'est pas ton ami bloggeur là ?"
Je regarde au milieu de la piste et je vois Songe et Myel en train de parler à Ninette.
Je m'élance vers eux pour me mêler à la conversation.
Le monde est minuscule.

On danse tous ensemble sur le boom boom régulier des enceintes.

Je m'assois enfin, je regarde les gens, le joueur de flûte, les joueurs de djumbés aux airs concentrés, les danseuses sur la piste, la Seine qui coule à côté.
Reno me parle de son ami Burkinabé, et comment il jouait mille fois mieux qu'eux tous.
J'ai envie d'être en Afrique, à côté de ce joueur de Djumbé, j'ai envie de le voir faire des grimaces frappant tellement vite sur cette peau tendu, j'ai envie de vibrer avec elle, j'ai envie de fermé les yeux aussi, et que cette soirée ne connaisse jamais de fin.

Mais Reno me dit que "on rentre ?"
Il est 2h ou plus, et je sais que je ne comprends plus rien.
J'suis juste drunk.
L'air bête et les yeux pas bien ouverts.
Et puis tout le monde est parti.

On récupère Ninette et Poopook, toutes transpirantes d'avoir trop dansé, et on marche lentement dans les rues qui se font vides.

Mauvaise nouvelle : Il n'y a PAS de noctilien.
Je suis peut-être drunk, mais là je suis pas contente du tout.
"On va devoir MARCHER jusqu'à chez toi Th ???"
- Euh bah ouai, tu vois une autre solution ?

Mes pieds me hurlent que ça ne va pas être possible.
Je songe à un taxi mais mon porte monnaie me hurle que c'est une mauvaise idée.
Je souffre !

Allez, je repense au temps où je faisais des randonnées avec les éclaireurs, je respire un bon coup, et j'avance.
Poopook, Th, moi, et la colline que nous avons à affronter.
Bordel.
Je souffre !!

Mais j'étais tellement heureuse de cette soirée que j'ai souffert en silence, et qu'on a continué de rire en mettant un pied brûlant devant l'autre.

I'm just drunk.
De la musique plein la tête.

=)