Parenthèse

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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens

Parenthèse

Chaque nuit je rêve qu'il me repousse, m'ignore, m'énerve, ne m'aime plus.
Je pourrais parler de l'Angleterre, mais je crois que je le ferai après.
Parce qu'en parallèle il y a tout le reste.

Il a répondu mardi midi.
Je lui avait envoyé un roman de 19ko (pas mal), et là je vois qu'il me répond un mail de 2ko (ah, c'est tout ?).
Je m'imagine forcément le pire, un truc du genre "en fait tu as raison, c'est mieux si on arrête maintenant, de toute façon c'est trop compliqué pour moi".
Du coup je n'ose pas l'ouvrir, mon coeur frappe fort dans ma poitrine, je respire, je reste zen, je l'ouvrirai demain.

Et puis il y a eu la discussion avec Ben, comment il m'a remonté le moral en quelques mots, avec des "mais pourquoi tu as peur ? Tu lui as dit exactement ce que tu pensais, et tu crains sa réponse comme si tu avais fait une grosse connerie ! Putain Aphone, re-saisis-toi ! Tu as le droit de lui reprocher des trucs quand-même !".

Sûrement.

Mais tout de même, les heures passées assise sur un banc, avec juste quelques heures de sommeil dans les yeux, repliée sur moi-même, pas la force de bouger, les jambes en tailleurs, enfermée par mes écouteurs, la musique qui me déchire lentement, juste lentement, la musique en boucle dans mes oreilles, et le revoir avec sa guitare en face de moi, sa façon de jouer Coma White en me fixant de ses yeux clairs, et repenser à la soirée d'hier, l'alcool en abondance, les anglais puceaux qui m'ont tous offert une boisson forte, la musique à fond, les filles de partout, juste trop belles, mon envie d'être proche des gens physiquement, à cause de l'alcool, mes pas incontrôlés un peu n'importe où, et mes bras accrochés à ceux des autres pour marcher droit, je connais ce shémas, j'ai peur d'un coup, peur qu'on se sépare et recommencer mes délires, me frotter à toutes les peaux, oublier tout le reste, c'est tellement facile, je ne resisterai pas, et Manson qui me répète d'une voix suave "this is only a game, this is only a game", un jeu sans les sentiments, sans les brûlures du coeur, peut-être oui, se forcer à ne plus aimer, Cé qui me disait "je vis sans amour maintenant, et c'est tellement mieux", sans amour, mais est-ce que j'en suis capable, est-ce que je ne suis pas trop faible ?

Je voudrais juste qu'il vienne avec moi à Paris, en même temps que moi, qu'il ne me laisse pas y aller toute seule, il me dit "je te rejoindrais après, quand ça ira mieux financièrement", et je ne comprends pas, je vois cet écran plat géant qu'il paye chaque mois, j'ai envie de le regarder et de lui dire "t'es qui pour me voler mon mec toi ?", j'ai envie de crier à l'injustice, au foutage de gueule et aux faux prétextes, et ne jamais savoir s'il est sincère ou pas, s'il vaut la peine de rester seule plusieurs mois à l'attendre, ou pas, je fais quoi, je me fous une grande giffle et j'avance sans lui, ou j'accepte, l'attendre, sans savoir s'il viendra vraiment, l'attendre sans pouvoir le toucher à loisir, en me répétant "mais elles sont où ses concessions, elles sont oùùù ??"

I'm stupide.

J'ai ouvert le mail vers 1h du mat, en rentrant de soirée.
Il disait juste "Kikou, désolé de répondre si tardivement, mais il n'y a plus internet à la maison, on continuera de discuter quand tu seras là, bon séjour en Angleterre".

Demain je serai rentrée (déjà), j'aurais une chance sur deux qu'il soit à la maison, il ne faudra pas que je cède, il faudra mettre les choses au clair, il va falloir ruser, pour qu'il se rende compte qu'il m'aime, peut-être, le fuir, du mieux que je peux, en espèrant qu'il me suive.

Il y avait cette serveuse, toute recouverte de dreads synthétiques et d'atébas, mon appareil photo braqué sur elle, parce qu'elle m'a fait penser à Elle, ma Ryne, y penser soudainement, se sentie terriblement seule parmis la foule, parmis la fête, envie de pleurer sur le comptoir, pleurer ma solitude grandissante, pleurer les 2 êtres que je vais perdre bientôt, Lui, et Elle, mes deux amours, et me dire que je ne n'aurais jamais du quitter Paris, ça fait bien trop mal au coeur.

J'en ai marre de bader.

C'est même pas la fin du monde, c'est juste le tournant d'une vie.
A savoir si je la continue sans lui ou pas.
C'est tout.

Mais.
C'est dur.

Ecrit par aphone
le Mercredi 28 Mai 2008
à 14:51

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Commentaires :

ecilora

29-05-08
à 19:27

En même temps, il y a des gens qui ne savent pas écrire des romans fleuves... Alors 2ko, ça peut être pas mal, parfois. :)
Tu es rentrée! Reste à savoir s'il était là ou non.
Et puis, heureusement ou malheureusement que c'est dur. Je sais pas trop lequel employé. ils me paraissent inappropriés ces mots mais à défaut d'en avoir un autre sous la main... je les laisse là.
Courage ma belle!

BzOo

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aphone

29-05-08
à 23:32

Re:

Merci en tout cas, pour tes mots.
Du courage, il m'en faut là !

Pleins de bisous

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passionnee-par-les-reves

08-06-08
à 15:55

A chaque fois que je te voie Aphone, je me dis putain, elle a tout plaqué pour rejoindre un mec. Une des 1ères fois, je me disais que j'étais trop carriériste pour faire ça, pour avoir envie de faire ça un jour. Et puis, quand je t'ai revu une autre fois, je me suis dit plutôt putain, mais pourquoi moi je ne peux pas faire ça, pourquoi c'est pas dans mes gênes de tout quitter pour quelqu'un d'autre, d'aimer aussi fort qu'on peut laisser sa vie en plan et prendre un autre tournant comme tu dis. Maintenant je me dis que c'est peut-être bien plus courageux que de penser à son petit avenir de merde. Son petit avenir dans une Fac qui porte le joli nom de Sorbonne. C'est bien plus courageux parce que c'est accès direct au bonheur, et pour les gens comme moi, on s'y heurte difficilement au bonheur. Alors je me dis qu'au fond, si tu as su faire ça, tu sauras aussi l'attendre quelques mois, et plus s'il faut. Et, sincèrement, est-ce que tu sauras faire autrement?
PS: tes mots coulent de plus en plus.

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aphone

09-06-08
à 16:27

Re:

Bah en fait c'était pas tellement courageux ce que j'ai fait. Partir 1 ans à l'aventure dans une ville où on connait casiment personne, oui, mais avec la certitude de revenir 12 mois plus tard quoi qu'il arrive. Et puis j'ai continué dans la même voi qu'à Paris (lettres), j'ai passé mon permis (enfin c'est une question de temps ^^).

Mon sacrifice fut surtout d'abandonner mes amis et ma famille.

Ca doit te paraitre énorme à toi mais à moi c'était pas tellement une question de difficulté mais surtout de la tristesse momentanée. Rien de plus au final. Enfin je crois.

Gros bisous et merci pour ton commentaire. Mais les choses ont changé pour le moment et je ne pense pas pouvoir répondre à ta question, j'aurais juste envie de répondre "oui". On verra bien...

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