J'ignorais qu'à Lille, le mois de septembre essayait de rivaliser avec le mois de décembre.

Mon parapluie fut de sorti toute la journée.
Au moins, il était content.

Moi, en dessous, je grelotais comme un pinguin.

Avec beaucoup d'intelligence et d'habileté, je suis allée à l'accueil de la fac, pour qu'une grosse dame, les fesses collées à sa chaise, m'indique où se trouve chacun de mes cours.

Ca m'aura au moins permis de ne plus sécher involontairement.
Parce que ça vaut pas le coup de secher à quelques mètres du cours.
Faut être un peu plus stratégique dans la vie.

Premier cours de latin.

Ca m'a donné le sourire.
Mon père m'a tellement reproché de pas avoir voulu faire de latin au collège.
Comme si ça allait bousiller toute mes chances de devenir intelligente.

J'ai pensé à lui pendant le cours.
Comment il serait fier de voir que j'peux être intelligente.

Premier cours d'anglais.

Mon prof est complètement taré.
J'adore ça.

Une barbe blanche, des yeux bleu, et regard étrange, une voix grave, et des réfléxions qui me faisait rire, comme si ça avait été Gad Elmaleh.

Premier cours de linguistique.

Personne.
Bon, bah ça c'est réglé.

Je vais faire un tour à Lille pour aller poser un chèque.
J'croise ma Ryne.
Sourire.

Premier cours de communication.

J'ai pris cette option totalement au hazard, en 5 minutes.
Avec l'aide de Ryne.

Je ne savais pas qu'on allait parler des médias pendant 6 mois.
Au début ça m'a un peu refroidi et j'ai songé à changer d'option.

Mais la prof était tellement à fond dans son sujet sur les affiches au moyen-âge, que j'ai fini par plonger avec elle.
C'est vrai qu'elles sont belles, les affiches de Cheret.

Puis vient la fin des cours.
Je mets presque une heure à faire le trajet.
Alors je m'imagine déjà, chevauchant ma -futur-super-moto pour rentrer à la maison.
Faut bien s'motiver.

Il est là, dans son petit costume de travail.
Chemise blanche.
Pantalon noir.
Cravate.
Bien rasé, bien coiffé.

La première fois que j'l'ai vu s'habiller comme ça, j'avais envie de lui dire "mais qu'est-ce que tu branles ?".
Et puis j'y ai pris gout.

J'pourrais m'assoir en face de lui, ne plus bouger, le regarder.

Il me rend toute dingue.
Dingue au point de faire n'importe quoi pour attirer son attention.

Genre bien ranger la chambre, éteindre toutes les lumières, allumer des bougies, mettre un peu d'encens et l'attendre au fond du lit.
Lui, de rentrer, ébloui comme pour le soir de noël, et de me dire "wahou".
Alors je jubile.

Il me manque.
On ne se voit presque plus.
Quand je pars le matin à 9h, il dort.
Quand il rentre le soir vers minuit, je m'endors.

Solitude.
Mais pas une solitude flippante.
Je n'ai qu'à ouvrir les yeux pour voir qu'il est partout.
Son pc, son canapé, son lit, ses vêtements que j'enfile pour le respirer.

Ce soir, il a ramené pleins de pantalons qu'il a eu à son hotel.
J'les ai tous essayé.
Fou rire.
C'est cool, j'ai un pantalon gratuit pas moche.

J'aime être chez lui.
J'aime qu'il tolère la cage de ma ratoune à 10 centimètres de mon oreiller.
J'aime qu'il se mette à jouer de la guitare.
J'aime qu'il me fasse à manger.
J'aime qu'il me fasse l'amour.
J'aime qu'il plonge ses yeux dans les miens.
J'aime qu'il me fasse des surprises (même si la surprise, c'est un critérium rose, c'est mignon quand-même !)

Je l'aime.

Il me manque, même quand c'est pour une journée.
C'est affreux.
J'suis accro.

Mais comme je suis du genre à être foooooooooollement amoureuse les premiers mois, pour ensuite changer d'avis et en vouloir un qui sera beaucoup-mieux-que-le-précédant-si-si-j'te-jure-cette-fois-c'est-le-bon, que je préfère ne pas trop ouvrir ma bouche et ne pas crier mariage avant le 12ème mois.

Bref à part ça, ma ratoune s'appelle Litchie.
Et nous partons ce soir pour Paris.
Comme c'est romantique !