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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Mauvaise idée

C'était une mauvaise idée d'aller revoir le dessinateur.
J'm'en doutais oui mais ... la solitude, l'envie de lui, tout ça ...

C'était une mauvaise idée d'aller revoir le dessinateur, parce que je ne l'aime pas mais que je l'aime bien, parce qu'il me plait et qu'il me blesse un peu, parce que nos vies sont trop différentes et que ça n'est pas possible qu'un "nous" prenne vie.

Oui mais j'aime tout compliquer et m'approcher des êtres complexes.
(Et me prendre la tête aussi, faut croire !)

Je me souvenais du code de son immeuble.
J'ai passé mon doigt sur son nom écrit par lui sur l'interphone, comme une débile.
J'ai monté les marches sans prendre l'ascenseur (oui je suis sportive)(ahem).
Il avait laissé la porte entrouverte, comme les autres fois.
Je suis entrée dans son obscurité.

-Tu as diné ?

Toujours cette même phrase, je m'habitue, j'aime qu'il me demande chaque fois la même chose ... je réponds "non mais je n'ai pas très faim", pour qu'il ne se fatigue pas à me faire un super truc, il fronce les sourcils, il est déçu parce qu'il aime faire à manger, alors j'essaye de me rattraper, c'est vrai qu'il cuisine hyper bien, moi je suis nulle, je préfère faire la vaisselle, lui non, il a un lave vaisselle, c'est plus pratique, les enfants tout ça ...

On mange dans son salon, on ne se touche pas, on parle, on boit du vin rouge, je lui offre une cigarette mais j'oublie de la partager avec lui, oups, c'était ma dernière, il sourit, il s'allonge sur le canapé, on parle de sa blessure à la clavicule, il a une sorte de bandage blanc, je ne veux pas voir la plaie, on parle on parle on parle, ses yeux me paraissent immenses ce soir là, plantés au fond des miens, le vin qui me monte à la tête et les contours qui deviennent troublent, ses yeux sont de plus en plus grands, bleu-gris, je reste loin de lui sans penser à m'approcher, j'ai peur, je place des tonnes de mots entre nous, de toute façon je sais bien que nos peaux se toucheront dans son lit, je sais bien qu'il finira par dire qu'il est tard dis donc, hop au lit, je n'aime pas quand il dit ça, mais je souris et je viens près de lui.

Il m'a embrassé, longtemps, langoureusement, pas comme d'habitude.
Je ne sais jamais si c'est lui ou si c'est moi qui esquive les baisers.
J'ai l'impression que c'est moi.
Je n'en sais rien.
Les baisers c'est sentimental.
Intime.
Ou pas ?
Comme les mains ...
Les mains, on ne les donne pas à n'importe qui.
Enfin, pas moi ...

Il m'a serré fort dans ses bras.
J'avais peur de lui faire mal à l'épaule.
Il me tire contre lui.
Je me réfugie dans sa nuque.
Il me dit qu'il n'a pas trop mal.
On fait l'amour.
Doucement, intensément.

Je commence à m'endormir.
Il ne peut pas se coller contre moi à cause de son épaule.
Ca me fait drôle.
Je me sens seule près de lui.
"On est toujours seul tu sais".
Oui je sais ...

Il se réveille tôt pour aller bosser.
Je dois me lever aussi.
J'ai beaucoup de mal, les yeux brumeux.
Il a préparé du lait chaud, des tartines.
Je ris d'être aussi fatiguée, il se moque de moi, il rit aussi.

On prend le métro ensemble, pour quelques stations.
Ca me fait drôle, dans ce lieu, avec lui.
Je descends, j'embrasse sa joue.
C'est mieux la joue.
"A bientôt".
Peut-être ...

Assise dans un autre métro, je commence le livre qu'il m'a offert.
Celui de Jaenada.
J'aime.
Trop.
Il me remue.
Du rire à la tristesse, une tristesse profondément vraie et tragique.
Il a bien choisi.
Je sers le livre contre moi.
J'ai le coeur lourd.

Les jours passent.
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.

Le soleil est couché.
Je rentre des cours.
A pied.
Il pleut un peu sur mon visage.

Je me sens confuse, perdue.
De quoi ai-je envie ?
Je n'en sais rien.
J'ai les mots du psy en tête.
"Il faut que vous appreniez à savoir ce qui est bon ou pas pour vous"
"Vous demandez toujours, vous ne savez pas"

J'envoie un texto au dessinateur pour savoir s'il veut me voir.
Il me dit de passer.
J'aurais préféré qu'il le demande lui-même.
Peut-être que lui non plus il ne sait pas ...

Je mets une heure à me décider.
Je lui ramène des crêpes.

Il regardait un film.
Il a ouvert ses bras pour m'y accueuillir.
Sa main sur ma hanche.
J'ai le coeur lourd.
J'aime trop être près de lui.
Zut zut zut.

On va faire réchauffer les crêpes dans sa cuisine.
On se touche, on rit, on s'embrasse.
On boit du vin, du rhum.

On retourne dans sa chambre.
Des caresses, des baisers dans la nuit.
J'aime son corps, je n'en veux pas d'autres que le sien.
Je n'aurais pas du revenir.
J'aurais du rester fachée.
J'aurais du j'aurais du ...

Je pars tôt, j'ai cours, je ne veux pas louper.
Il dit "oh tu t'en vas déjà ?"
Je m'habille vite, j'embrasse ses cheveux, sa nuque, ses joues.
Je le couvre de baisers-papillons.
"Rendors-toi !"

Et je file vite.

En cours, je respire mes mains.
Vieux truc naze, signe d'attachement inquiètant.
Je respire son odeur restée au creux de mes paumes et qui aura disparu ce soir.
(Oui, parce que je me lave les mains, aussi)
(Un peu d'hygiène)

Les jours passent.
C'est la semaine où il a ses enfants.

Vendredi.
Samedi.
Dimanche.
Lundi.
Mardi.
Mercredi.

Mercredi soir, je le vois sur MSN
Je viens de passer la soirée avec mes petits frères.
Et j'ai appris que j'étais tata.
Je suis mi-triste, mi-heureuse.
Boulversée, à fleur de peau, en manque de mes frères, inquiète, et tous les instants passés avec eux pendant ces 3h, j'ai mal, je souris, je les aime plus que tout, je rêve d'un avenir meilleur.

Il me dit "les enfants c'est comme les adultes, voire pire".
Je dis "non".
Il me dit "mets un gamin dans un magasin de jouets et tu verras".
Je dis "non".
Il insiste, il argumente, les enfants sont manipulateurs, consommateurs, blablabla ...
Je craque.

J'ai envie d'hurler que mes frères ne sont pas comme ça, au contraire, qu'ils ne demandent jamais rien, qu'ils sont beaux, qu'ils sont tristes, qu'ils m'aiment sans rien vouloir en retour, que j'ai laissé mon écharpe à mon petit frère blond, parce qu'il avait froid, que ses yeux ont brillé, parce que tout ça, tout ça qu'il ne peut pas comprendre, puisqu'il ne sait pas nos douleurs, puisqu'il ne sait pas leurs yeux tristes et nos étreintes, tout ça, tout ça ...

Je lui dit que je suis énervée et je mets fin à notre conversation.
"Salut".
"Salut".

Je lui en veux.
Je suis triste.
Fuck.

Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche.

C'est la saint Valentin.
Pas de nouvelles de lui.
J'ai eu envie de m'excuser, mais après tout, je n'avais rien fait de mal.
Il aurait pu essayer de me comprendre.
Je ne sais pas.

C'est la saint Valentin, et j'essaye de ne pas y penser, mais c'est plus fort que moi.
Ce foutu jour tout pourri qui veille à bien séparer ceux qui sont en couple de ceux qui sont seuls.

Je ne me laisse pas abbattre.
Hop, je vais à la piscine.
DU SPORT !
Waaaaaaaaaaaah, impressionnaaaaant !

C'est la fermeture et j'ai du sortir avant d'être complètement lessivée.
J'aurais voulu nager encore. (faire du sous l'eau)
Je marche sans but dans la rue.
Froid.
J'ai envie de manger chinois.
J'ai envie de le voir.

"Bonne saint Valentin sweety"

"Oh tu sais, la saint Valentin, moi ..."

Ca lui arracherait un bras de me dire "merci, joyeuse saint Valentin à toi aussi" ?
Oui, j'ai l'impression.

J'ai pas envie d'insister.
Mais bordel il a pas ses enfants, pourquoi il ne me propose pas de passer ?

J'insiste.

"Tu veux pas manger chinois ?"

"J'ai toute ma famille à la maison !!!"

Ah bon ? C'est nouveau, il les a toute l'année maintenant ses gamins ?
Bon bon bon ...
Le soleil disparait.
Le froid me mord le dos.

"C'est dommage, j'aurais bien aimé faire l'amour ..."

Il ne répond pas.

Je sens une boule de tristesse grossir, grossir, grossir en moi ...
Mes yeux qui se mouillent.
Je me sens seule.
J'en envie d'amour.

Il m'a laché quand j'avais besoin de lui.
Comme l'autre fois.
Mais je n'ai rien le droit de dire.
(On est toujours tout seul tu sais -oui je sais mais ... parfois c'est un peu dur quand même ...)

Alors j'ai rejoins ma pote musicienne pour ne pas pleurer, j'ai acheté des nems et j'ai mangé du Nutella, on est allé dans un local et elle a joué de la guitare, je l'écoutais et je me suis remplie de sa musique, je lui souriais quand elle avait des doutes, j'ai chanté avec elle quand elle en avait besoin, et j'ai arrêté de me sentir seule, je me suis sentie avec elle, aimée, je me suis sentie bien, appaisée, heureuse, un avenir rempli de musique et de joie devant nous.

Parce qu'elle, elle me comprend.
Parce qu'elle, elle ne me laisse pas toute seule quand j'ai besoin d'amour.

Pourquoi m'embêter avec les hommes alors que j'ai des amis ?
En plus les mecs c'est nul.
Ca pue !
C'est bête !

Je n'aurais pas du revoir le dessinateur, mais ça m'apprendra.
Je n'irai plus.

Na !

D'façon, j'aimais pas sa voix.
Ni ses dessins.

Mais ça, faut pas lui dire ! =p

NEEEEEEEEEEEEEEEEXT !!! =)

Ecrit par aphone
le Mercredi 24 Février 2010
à 23:19



Commentaires :

  ecilora
24-02-10
à 23:41

J'ai l'impression d'avoir tes mots que pour moi, là. C'est marrant.
Je sais pas si je préfère la cuisine à la vaisselle. Je sais juste que j'aime bien laver la vaisselle mais certainement pas l'essuyer! :) Que tremper les mains dans l'eau chaude, ça fait réfléchir. Surtout parce que l'évier est toujours ou presque en-dessous d'une fenêtre.
Je crois que j'aime bien la succession de tes phrases courtes.Sujet, verbe, parfois complément. Parfois pas de verbe et pourtant. Je crois que j'aime aussi le temps qui passe. Les jours que je ne prends pas la peine d'écrire et pourtant là, à la suite les uns des autres, à la ligne, on les sent passer.
Des petits rien à dire et pourtant.
Tu avais raison, il est pas super rigolo ce texte.
Et tu seras une tata aussi formidable qu'une grande sœur, je crois, je dis, non, enfin, je l'écris.
(oui, je suis sûre que j'ai pas réagi aux bons endroits: tant pis! :p)
Des bises mademoiselle.

  aphone
25-02-10
à 03:19

Re:

Tu es adorable ...
Oui ce texte, je l'ai sorti du micro-onde juste devant toi =p
(Euh, on va passer pour des folles là)

C'est gentil ce que tu dis au sujet de mes petits frères et moi, je les aime beaucoup =) je pense que j'aimerai mon neveu aussi beaucoup !

Merci pour tout ton commentaire en fait, il me touche ...

Je t'embrasse fort !

  ecilora
25-02-10
à 21:28

Re:

(La folie s'entretient. Et je  crois qu'elle fleurit plutôt bien. Une folie douce...)
t'embrasse aussi.

  aphone
26-02-10
à 11:24

Re:

(J'aime bien la folie, ça me rassure )
=)

  ode
26-02-10
à 13:11

"En plus les mecs c'est nul.
Ca pue !
C'est bête !"

a ba il est roux alor???
;)


  LiliLou
26-02-10
à 14:45

J'ai lu en entier hihi et ça m'a même pas paru long.
C'est parce que je suis curieuse, et puis c'est doux.
Ecoute la chanson "tu m'fais marrer bébé" de Volo. S'il te plait =)

Des bisous tout doux
Oui t'es une indécise cameleone changeante et instable.
(Relis ton article et ose me contredire XD zous)

  aphone
26-02-10
à 23:13

Re:

J'ai écouté la chanson (oh le chanteur des Wriggles !) tu voulais que j'écoute un passage en particulier ?

Ahah, quand il s'agit d'homme et de SEXE, LILILOU NE LIS PAS EN DIAGONALE !!!
Etonnant =p

(meuuuuuh non je suis pas comme ça, c'est le monde qui est trop changeant et instable ^^)

  LiliLou
27-02-10
à 11:50

J'étais au concert hier soir, de Volo hihi
Trooooop mega genial =)
Ils l'ont chanté celle ci, c'est les deux frerots des wriggles oui !!

Je lis toujours quand ça parle de c... d'amour XD

  aphone
27-02-10
à 15:27

Re:

Wahou, moi je les vu une fois les Wriggles à Lille (mais pas le groupe Volo) J'aime bien sa voix, elle est vraiment particulière.

Perverse ahah (tu nous écris une nouvelle érotique un de ces quatres ? Ou juste pour moi =p ?)

  aphone
26-02-10
à 23:11

Re:

Mdr, non mais change ton avatar toi !!! TRAITE !!! =p

  ode
27-02-10
à 11:04

Re:

le roux fontione pas il donne les cheveux violet du coup je me suis rabatu sur ça...
:( je veux du roux pour les cheveux snif...snif

  aphone
27-02-10
à 15:25

Re:

T'as raison je me souviens pendant un moment je les avais violet aussi, et un jour j'ai réussi à les avoir orange (ouf)
Encore une bonne raison d'aller se plaindre à Biz le Grand.
(Tu crois qu'il a un problème avec les gens roux ?)


  ode
27-02-10
à 23:29

Re:

y a que les roux qui n'on pas de problemme avec les roux et encor...
;)

  disturb
01-03-10
à 14:10

"les baisers papillons" ... j'aime !!!

  aphone
01-03-10
à 21:44

Re:

(Dans ma tête j'imagine ça comme pleins de bisous, poser au rythme d'une aile de papillon)

=)

  disturb
02-03-10
à 13:02

Re:

s'que t'es poétique ... moi, ça me donne les larmes aux yeux tout ça ... !!

plus sérieusement, j'aimais bien aussi l'expression dans sex&the city où elle décrivait une sorte d'excitation comme avoir "des papillons dans le ventre"

bon et je dois toujours te prêter le hérisson :)

  LiliLou
02-03-10
à 23:37

Moi j'ai l'air d'une grosse dinde blonde trop couverte en tetoucoum, tu crois que j'devrais me plaindre ? j'fais au moins 90kilos sur c'tte image! mdr

  aphone
03-03-10
à 02:44

Re:

Disturb : J'adore Sex & the city =)))

Lililou : c'est clair que t'es plus canon en vraie que sur le télécoum ahah =)



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