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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Maitresse

Et puis j'ai grandi. Je suis devenue "maitresse". Comme un deuxième prénom.
Je ne suis plus Aphone. J'ai trouvé ma voie.

Dans cet espace devenu désert, cliquer sur "écrire" a-t-il encore un sens ?
Revenir et déposer des moments de vie.
Dans cet espace que j'avais tant aimé remplir.



Les jeux olympiques (en maternelle)

Mes collègues et moi avons eu a eu la bonne idée d'organiser une semaine de "Jeux Olympiques" à l'école : chaque jour les classes s'affrontent entre elles, et grosso modo, c'est le bordel.

Ce matin, encore à moitié réveillée, je devais surveiller l'épreuve de "course à vélos" (comprendre "course de tricycles") où s'affrontaient les petites sections de la classe 9 contre mes petites sections de la classe 10.

25 enfants de 3 à 4 ans dans une grande cour vide, et moi ...

- Parmi ceux qui parvenaient à faire du vélo à trois roues (disons 90%) la moitié n'a pas compris le principe de "course", préférant regarder en l'air au lieu de pédaler le plus vite possible, (la directrice est venue me dire "... c'est une course ? ... Ah !" ... Mais enfin ça saute aux yeux !),

- Habiba (un électron libre de 3 ans) a décidé de virer tous les plots qui balisaient le parcours de la course (merci petite enfant adorable), pendant que certains n'attendaient pas leur tour et doublaient pour refaire plusieurs fois du vélo (et oui une course de relai en tricycle c'est tout un concept, j'aurais évidemment du simplifier ...), et que d'autres partaient en contre sens, voire même tournoyaient autour d'un arbre pour une raison qui m'échappe encore.

- Quelques rebels anarchistes sont partis sauter sur le toboggan (bravo l'esprit d'équipe) pendant que certains sensibles pleuraient au moment de céder le vélo à l'enfant suivant ...

- Pour terminer, certains collègues impatients sont descendus plus tôt en récréation (là où se déroulait mon épreuve) me faisant terminer la course avant l'heure et en stress, culpabilisant de gêner tout le monde alors qu'en fait elles avaient 20min d'avance ...

Bref, #LaMaitresseNaimePasLesJO ...

Sans compter que certains de mes élèves ont été durs avec l'enseignante qui les surveillait pendant l'épreuve de balle assise, me faisant un peu culpabiliser d'avoir une classe de petits monstres donneurs de coups de pieds et de coups de poings dans le ventre ... Allez, plus que 3 jours avant le weekend !

30 mai 2017

#MaVieDeMaitresseChezLesCasSoc'

8h20. J'accueille mes élèves, les parents les déposent dans ma classe.

Exemple d'échange type du matin :

"Bonjour Madina (grand sourire et voix niaise de maitresse de maternelle)

- Bonjour Maicreeeeesse ! (enfant trop content de revoir sa maitresse)

- Tu manges à la cantine ce midi Madina ?

- Ouiiii !

- Et au gouter ?

- Noooon !

- Merci ma puce (Au parent) Au revoir Madame, bonne journée ! (Coeur, paillette, Amour sur le monde)"

8h30.

Père de Youssef qui débarque, le visage crispé : "Il est où Lamine ??!!" (sur le même ton que "Il est où ce petit con que j'le défonce")

Moi : Euhhh que se passe-t-il monsieur ? (Comprendre "vous lui voulez quoi à mon petit Lamine de 5 ans et demi ??")

Père de Youssef (qui parle mal français donc je ne comprends pas tout) : "Y'a quelques mois, Lamine a tapé mon fils, il faut lui parler, il faut parler à ses parents, ça fait plusieurs fois, c'est GRAVE, mon fils SAIGNE !" (colère colère, parent relou puissance 3)

Moi (qui tente de comprendre et d'apaiser) : "Youssef a été tapé par Lamine ? Quand un de mes élèves est violent, il est puni monsieur, et j'en parle avec les parents, ne vous en faites pas. J'entends votre colère, je vais m'occuper de ce problème très rapidement"

Le père, qui ne voulait pas décolérer, empêchait les autres parents et enfants de rentrer dans la classe ... du coup j'essaye d'être un peu plus ferme : "Monsieur, ça n'est pas le moment idéal, je vous propose que nous parlions de ce problème ce midi avec la directrice, ou ce soir si vous préférez". Père qui finit par enfin se casser, sans un au revoir ni un merci. Sympa.

8h40.

Mère de Jassmine qui débarque comme une fleur dans son habituel pyjama : "S'il vous plait, euh c'était qui votre remplaçante hier ?" (j'étais en formation hier, donc remplacée)

Moi : "Emilie, pourquoi ?"

Mère de Jassmine : "Elle va revenir ?"

Moi : "Non, c'était son dernier remplacement dans l'école"

Mère de Jassmine : "Elle va jamais revenir ?? Faut que je lui parle, elle a trop mal parlé à ma fille hier, vous avez ses coordonnées ?!"

Moi : (Nan mais je rêve) "Que s'est-il passé ?"

Mère de Jassmine : "Elle a insulté ma fille, elle lui a dit "j'm'en fous", un truc comme ass, pas vrai Jass ?? (enfant de 5 ans prise dans la conversation entre deux adultes (si l'on considère la mère de Jassmine "adulte"))

Jassmine : "Mais nan mamaaaaaan, c'est pas ce que j'ai diiiit" (enfant gênée par la situation)

Moi : "Ecoutez, je vais en parler avec Jassmine, avec Emilie, et si vous voulez on peut prendre rendez-vous pour en parler avec la directrice (comprendre : "je prends très au sérieux vos délires de folle dingue, mais on en parle plus tard d'accord ?")

Mais la charmante maman ne s'arrête pas là. Elle sait très bien que Jassmine n'a pas le droit de manger dans la classe, et devant moi elle dit "ma fille n'a pas fini son petit déjeuner, alors je lui laisse, elle peut le finir dans la classe"

Tentant de garder mon calme, je m'adresse à la fille : "Jassmine, tu connais la règle. Soit tu finis de manger devant la classe, soit tu donnes ton petit déjeuner à maman, soit je le mets à la poubelle"

La mère : "Bon bah Jass, mets le dans la poche de ton manteau alors"

Moi (excédée) : "Si elle le met dans la poche dans son manteau, elle va le manger pendant la récréation, or la directrice a dit que c'était interdit, donc non"

S'en suit une crise entre Jassmine et sa mère. La mère tentant d'arracher la bouteille de jus d'orange des mains de sa fille qui se roule par terre dans le couloir en criant "Naaaaaaaaan". Puis la mère qui porte sa fille jusque dans la classe et qui la dépose tel un vieux sac dans la classe avant de se casser. J'attrape Jassmine qui tente de courir derrière sa mère en hurlant "Maaamaaaaaan", je bloque la porte, sauf que d'autres parents veulent rentrer (hum, pas pratique tout ça), Jassmine hurle de plus belle, mon assistante qui m'aide en disant "je l'emmène chez la directrice", d'accord, mais qui voit-on postée dans le couloir et qui a fait semblant de partir ??? Oooooh, la mère de Jassmine !!! qui saute sur sa fille, la prend dans sa bras et me lance un magnifique "Je la ramène à la maison, je ne peux pas la laisser dans cet état, vous comprenez : je suis sa MERE !", moi : "il serait mieux que vous partiez, Jassmine va se calmer", mais elle insiste "je suis sa mère, je ne peux pas la laisser pleurer comme ça" (numéro de la mère qui ne supporte pas de voir son enfant pleurer) ... Nan mais tu te rends compte que c'est en fait à cause de TOI qu'elle pleure comme ça !!?? Je vais m'énerver alors j'abandonne "d'accord, reprenez votre fille", et je rentre finalement dans la classe, sur les nerfs.

Tout ça sous le regard embarrassé des deux enseignantes qui étaient venue dans ma classe pour voir comment je gère mon triple niveau de maternelle ...

J'envoie un SMS très succinct à la directrice qui intercepte Jassmine et sa mère avant la sortie de l'école, parvient à séparer la mère de la fille, et qui me ramène Jassmine 10 minutes plus tard, calmée et sereine.

Ce genre de parent cas soc' pourrit ma classe dès le matin. Ce genre de parent cas soc' pourrit son enfant par son comportement immature. L'évènement s'est produit ce matin mais je suis encore sacrément sur les nerfs le soir ...

Le plus dur dans mon boulot, ça n'est vraiment pas de gérer les gosses ! Allez, BON WEEKEND !

19 mai 2017

La mine

Mes élèves sont tous regroupés face à moi, en silence et attentifs.

Moi : Bintou tu peux m'apporter un crayon à papier ?

Bintou (en s'élançant) : Oui maitreeesse !

Moi : Oh mais tu m'as donné un crayon abimé ... regarde : la mine est cassée !

Lamine (vexé) : Mais maitresse j'ai rien fait !!!

Moi (en riant) : Nooon Lamine je sais que tu n'as rien fait, je parlais de la mine du crayon !

Lamine (perplexe) : C'est quoi la mine ??

Moi : Regarde c'est ça, c'est "une mine", donc on dit "la mine".

Lamine : ...

Je ne suis pas sûre qu'il ait bien compris, ni lui ni les autres d'ailleurs, mais fallait voir sa tête quand il a dit "mais maitresse j'ai rien fait !"

7 mars 2017

Bonus : Anecdote d'un collègue ayant travaillé en SEGPA (collège)

Moussa, au maitre : "Maitre, s'il vous plait j'ai besoin d'aide"

Le maitre, à Moussa : "Non c'est bon là Moussa, tu fais tout seul maintenant, (en prononçant bien la liaison) je t'ai trop aidé aujourd'hui"

Moussa, se lève, le corps crispé, prêt à se battre : "Quoi ?? Eh maitre, vous avez pas le droit de dire ça, je suis pas pédé !"

Le maitre, perplexe : "hein, de quoi tu parles ?? ... Noooon Moussa je disais "je t'ai TROP P'AIDE", j'ai fait une liaison tu vois, j'ai jamais dit que t'étais pédé !"

Depuis, le maitre n'a plus fait les liaisons.

Mais c'était maaa plaaaaaaace !

Aujourd'hui, vers 13h40, fin de la pause, on se range "à la queue leu leu" pour remonter en classe, et là je vois une querelle : Adaugo est sur le point de pleurer, elle affirme qu'elle était derrière Madina, mais Bintou dit "Non c'était MOIII derrière Madinaaaa !!" et Madina confirme "Ouiiiiii c'était BINTOUUU derrière moiiii, pas ADAUGOOO !!!" Je prends mon air rempli de compassion et je dis "Oh, Adaugo a l'air vraiment triste ... qu'est-ce qu'on peut faire pour trouver une solution ?" et instantanément, Madina et Bintou, d'un commun accord, font une place à Adaugo entre elles-deux ! Je rêve : trois secondes plus tôt c'était "Dégage connasse C'EST MAAAA PLAAAACE !!!"

Y sont drôles les drôles !

21 février 2017

Séméfa

Séméfa pleure dans le coin de la cour de récréation. Elle a essayé d'en sortir pour aller dans le hall et j'ai vu l'animatrice lui crier de rester là, avant de la laisser seule, recroquevillée sur elle-même. Maintenant Séméfa pleure. Elle n'est pas mon élève, mais je sais qu'elle est dans la classe 7, qu'elle est placée chez un père d'accueil peu aimant, et qu'elle sait lire. Assise de l'autre côté de la porte en verre, j'évalue l'enjeu : je pourrais la laisser à ses sanglots -après tout c'est l'heure de ma pause ; ou bien je vais la voir, pour lui signifier que je suis là, que je ne l'ignore pas. Elle sait que je l'ai vu. Assise sur une chaise avec ma gueule constamment fatiguée, le coeur émietté, je ne résiste plus. Je me lève et j'ouvre la porte en verre doucement. Je m'agenouille devant elle. "Séméfa, tu es triste, qu'est-ce qu'il y a ?". Elle met un temps à répondre, le chagrin la prend tout entière, elle n'articule pas, je la fais répéter plusieurs fois, ça l'énerve. "Je suis désolée Séméfa, je n'ai pas compris, explique-moi encore s'il te plait". Elle se calme. Elle me parle de Chafik, je comprends que c'est un animateur. Elle aimerait le rejoindre mais il est là bas, de l'autre côté de la porte en verre, loin d'elle. Elle l'aime beaucoup, tellement que parfois elle déteste tous les enfants, tous les adultes, tout le monde. Je reprends ses mots. "Tu es triste parce que tu aimes beaucoup Chafik, tu aimerais qu'il soit avec toi, tellement que parfois tu détestes tout le monde et tu pleures. Mais il est occupé pour l'instant, il va venir plus tard, je vois qu'il est en train d'installer une table pour accueillir les enfants du centre de loisir, ça ne doit pas être si long que ça". Séméfa ne pleure plus. Trois de mes élèves, heureux de me voir ici, nous ont rejoint en courant. J'ai pris les mains de Séméfa, je caresse sa joue barrée de larmes, je la serre dans mes bras un petit instant. Elle regarde toujours la porte en verre, l'air absente, loin de moi, loin de tout. Je me lève, je m'éloigne, elle me laisse partir. Séméfa, comme je te comprends.

1er février 2017

Tu vas apprendre à parler correctement s'il te plait

"Maîtresse, à un moment quand j'étais dans le coin-cuisine, j'ai cru que t'étais très belle !"

- Tu as CRU ? ...

Charmant bambin.

11 juin 2015

Dessin

- Tiens maitresse c'est pour toi !

- Oh merci ! C'est quoi ?

- C'est la guerre !

(LoL)




Pablo, 4 ans.

30 mars 2015

Aime-moi lorsque je le mérite le moins

Pablo est comme une petite boule de nerf. Je voudrais pouvoir trouver le fil qui démêlerait toute sa colère. Il serre les poings il dit "tout le monde m'énerve, tout le monde, ils m'embêtent TOUS !!!". Petite pelote de noeuds toute serrée. J'essaye de lui expliquer que c'est peut-être lui qui a cette impression-là en lui, dans son ventre, que c'est bien de le dire avec des mots. Je dis "Scarlett, est-ce que toi tout le monde t'énerve ?" Scarlett me regarde avec des grands yeux, elle laisse échapper un petit bout de langue, preuve que la réponse est imminente, elle soupire et elle dit "non". C'est alors que Naël nous explique : "ça s'appelle la monstritude, quand on est super énervé comme ça dans le ventre". Ca me fait rire mais je reste sérieuse. "Tu en penses quoi toi Pablo ? Tu crois que tu as la monstritude ?" Pablo serre encore plus les poings, il veut cogner dans le dossier de la chaise, il n'arrive pas à mettre en mots. Je ne trouve pas le fil, je suis à court d'arguments. Ce matin Pablo est arrivé le premier dans la classe, comme chaque matin, hyper réveillé alors que je somnole encore, il parle fort, il bouge fort, il va exploser quand les autres arriveront, on entendra "Pablo y m'a frappé Pablo". Je vais encore dire qu'il ne faut pas faire mal, et ça recommencera. Lassitude. Je repense à cette phrase "Aime-moi lorsque je le mérite le moins, c'est là que j'en ai le plus besoin", alors j'essaye, j'attrape Pablo à la volée dans mes bras pendant qu'il court, je le serre contre moi et je lui dis des mots gentils. Il se calme, il pleurniche un peu, il transpire, il est tendu. Je voudrais qu'il parle mais il ne dit rien, il respire fort.

25 mars 2015

Sans rancune

"Maîtresse t'es belle !"

Une phrase en fin de journée et tout est oublié.

26 septembre 2013

Ecrit par Aphone
le Jeudi 22 Février 2018
à 23:37





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