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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
First day
8h40, j'ouvre les yeux.
Oups.
Mon cours d'italien était à 8h.
What's the fuck ?

C'était le premier cours de l'année.
On s'refait pas.

Je regarde mon tel sans comprendre pourquoi il n'a pas sonné.
J'ai un texto de mon frère.
"On mange ensemble un jour de la semaine ?"


Je réponds.
"Oui ce midi si tu veux".

Un peu furax mais résignée, je vais petit déjeuner.
Le prochain cours est à 11h.
Ca va.

Retour dans mon lit.
Ca fait longtemps que je ne me suis pas réveillée si tôt.

J'ai rêvé de mon prof blond.
Assise en classe, il allait arriver pour nous faire cours.
J'étais mêlée de joie et d'anxiété.
Et puis il arrivait mais ça n'était pas lui.
Un mec qui lui ressemblait, moins beau.

Hum.
C'est pas bientôt fini toutes ces apparitions nocturnes ?
Surtout si c'est pour faire des flops.

Bon.

Je consulte mes mails.
Rien de très nouveau.
Le dessinateur a répondu.
Il aime ma nouvelle érotique mais il la trouve trop courte.
Il voudrait que je fasse durer l'histoire plus longtemps.
Je lui réponds que c'est trop dur, que quand j'écris ça je suis dans tous mes états.

Je l'avais écrite pour lui la veille.
A défaut de le voir.
Il voulait me lire.
1 mois qu'on ne s'est pas vu.
Il dit qu'il a ses enfants.

Life.

Je m'habille.
Mon écharpe bleu-nuit autour du cou, j'arrive dans la rue.
J'aime ce temps, pas trop froid, doux, je me surprends à rire.
Rire mêlé d'anxiété.
Je repense à mon rêve.

11h, j'avance tranquillement jusqu'à la fac, regardant tout autour de moi.
Ca parait presque irréel, ce come back, après tant de ... rien.

Dans la salle, je vois la jolie rousse qui me fait coucou avec sa main.
C'est la jolie rousse qui était malade pendant tout le semestre dernier, et qui a débarqué à 1 mois des exams.
Celle qui posait plein de question à mon prof blond.
Celle qui m'a rendu jalouse.

J'hésite.
Il n'y a personne à côté d'elle.
Je la snob ou j'y vais ?

Ma rancune est pathétique.
Je vais m'assoir à côté d'elle.

Il faut que j'arrête d'être aussi sauvage à la fac, à rester dans mon coin sans parler à personne.
Il faut se SOCIABILISER Aphone.
Oui c'est vrai.

Le prof commence son cours, il est cool.
Petit et pas tout jeune.
Au fond de moi ça me soulage.
Je n'veux plus tomber amoureuse d'aucun prof.
Faites qu'ils soient tous petits et vieux !

A 12h30, je me dépêche de rejoindre mon frère à 2 stations de là.
Au moment où j'essaye de l'appeler, je me rends compte que ma ligne SFR est bloquée.
Grrrrrrrrrr, j'ai la poisse aujourd'hui.

J'attends qu'il m'appelle, je suis arrivée, ne sachant pas où l'attendre.
Alors je décide d'aller l'attendre sur son quai et de l'attraper quand il sort du métro.

Debout sur la partie en hauteur, je guette.
Et là, qui je vois passer, just in front of me ?

Mon prof blond.
Mon prof blond qui me passe devant sans même m'apercevoir, qui marche sur le quai, s'éloignant progressivement de moi.

Je ne fais pas un geste.
Mon coeur bat beaucoup plus vite, mes mains tremblent.

3 mois que j'attends de le revoir.
Il est là, là, juste là, putain Aphone mais qu'est-ce que t'attends ??

Un TGV entier rempli de pensées contraires les unes aux autres me passe à travers la tête.
Je regarde quand arrive le prochain métro : 2 minutes.
Je hais la métro.
Est-ce que ça vaut le coup ?
Mais putain si t'y vas pas tu vas le regretter !

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Je saute par terre et je cours doucement vers lui.
Il me tourne le dos.
Au moment où je compte me placer devant lui, il se retourne, comme surpris de voir quelqu'un courir vers lui (étrange tiens).

- Bonjour !
- Hé bonjour Aphone !

Il me reconnait tout de suite.
Ouf.
Il sourit, ne semble pas mécontent de me voir.
Ouf.
Reste plus qu'à trouver quoi lui dire.
Aie.

- Vous allez bien ?
- Oui très bien et vous ?
- Vous n'enseignez plus à (nom de ma fac) ?
- Non, je suis à (nom d'une autre fac) cette année
- Vous enseignez toujours le 17ème siècle ?
- Oui, et vous, vous avez repris les cours ?
- Oui
- L3 ?
- Oui

J'ai du mal à articuler, je parle comme si on me broyait la queue avec un rouleau pâtissier.
(La queue imaginaire que je n'ai pas hein)
(Qu'on soit d'accord).

Je laisse trainer une ou deux secondes de silence, ne sachant plus quoi à faire à part le regarder dans les yeux.

Il dit "vous m'avez l'air tendue"

SANS BLAGUE !

- Je suis contente de vous voir, je ne sais pas si je vous reverrais un jour !

La phrase est partie toute seule.
Hum.
Le métro arrive.
Il baisse les yeux en souriant, évitant mon regard qui cherche ses réactions.

Le métro s'arrête.
Je reprends vite :

- je vous souhaite ... (cherche quoi dire) ... de bons cours !
(Super Aphone)

Les portes s'ouvrent.
Il me fait signe de monter dans le métro en disant :

- Vous n'allez pas à la fac ?

Je sens mon portable qui se met à vibrer dans ma poche.
Mon frère.
Je vois le métro ouvert.
Mon prof.

- Non, je mange avec mon frère !

Putain putain putain putain putain putaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin !
Pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!

Il hausse les épaules d'un air de dire "tant pis".
Me dit "au revoir".
Ne me regarde pas.

Je reste là sans bouger.
Les portes se referment.
Il ne me regarde toujours pas.
Fuyant.
Dans un effort je me tourne et je marche vers la sortie du quai.
Mon coeur qui bat à 1000 à l'heure.

Pourquoi je l'ai laissé partir ??????
Pour ton frère voyons !
Oui, ne jamais faire passer les histoires de coeur avant le reste.
Jamais.
C'est mon principe, j'essaye de l'appliquer le plus souvent possible.
Putain de principe !!!

Je rejoins mon frère, je lui raconte, je ne lui avais jamais parlé du prof.
Ni d'aucune de mes histoires de coeur depuis 2 ans.
Il m'écoute sans m'interrompre.
Ca le fait rire.

Je tremble encore.
Combien de fois j'ai refais la scène mentalement, combien de fois j'ai pris le métro avec lui en abandonnant mon frère tout seul dehors ?

Oui mais Aphone, ça ne valait pas le coup de l'accompagner : il fuit ton amour.
Il t'aime bien sans doute, il te trouve rigolote, mais il ne veut pas de ton amour.
Sinon il aurait répondu à ton mail.
Il aurait essayé de te revoir.

Je flotte.

Retour en cours.
Mes yeux qui le cherchent partout.
Je croise ma coloc.
Elle dit "t'as l'air sonnée !"
 
La jolie rousse est encore assise à côté de moi.
J'ai un mal fou à rester concentrée.
A me recentrer.

16h, mes cours sont finis.
Besoin de marcher.
Jusqu'à la grande librairie.
Je le cherche du regard au cas où.
Pas là.

16h30, je décide d'aller la grande bibliothèque.
Pas là non plus.
J'essaye de lire un bouquin.
Impossible.

C'est quoi ce prof qui m'empêche d'étudier ?
Je pense trop.
Je pense qu'il faut que j'arrête de penser à lui.

J'énumère les raisons :
Je n'aime pas sa bouche, oui voilà, je n'aime pas sa bouche, donc je ne pourrais pas l'embrasser, peut-être, non c'est certain, pas de peut-être, il ne faut pas douter.
Je n'aime pas ses ongles, il les coupe mal, comme le dessinateur, on dirait un dessin de Picasso, je l'ai vu, quand il me parlait de ma copie en avril j'ai regardé ses mains, et je n'aime pas ses ongles, non, vraiment.
Oui.
Oui ...

18h. Je sors de la bibliothèque, besoin de marcher, marcher, marcher, n'importe où, non vers Notre Dame, j'aime trop Notre Dame.

J'essaye de prendre un chemin inhabituel.
Et puis je ne reconnais plus aucune rue.
Perdue dans le coeur de Paris.
J'étais pourtant persuadée d'aller vers le sud.
Je me suis trompée.

Et mes yeux se brouillent, tout me rend triste soudain, tout, moi et mon mauvais sens de l'orientation, à toujours confondre la gauche et la droite, toujours me perdre, toujours aller du mauvais côté, mais aussi être dans une ville et ne pas connaitre tous ces gens, ne pas savoir leur vie, ne pas les aimer, et puis mon frère qui est triste en ce moment, qui fouille dans mes yeux à la recherche de quelque chose, d'une cheminée peut-être ou d'un sourire, et puis à ma mère, un an que je ne la vois plus, et les mauvaises nouvelles à son sujet, le chaton mort, et mon père, son texto qui espère que je vais bien, ce texto auquel je n'ai pas répondu à cause de ma colère contre lui, et mon meilleur ami qui est parti à l'autre bout du monde, et ma pote musicienne qui part aussi, et mon prof qui est parti dans ce métro, et moi qui me trompe encore, incapable de marcher dans la bonne direction.

Rien ne va plus.
J'ai honte de ma tristesse.

Je décide qu'il me faut une boussole.
Une boussole qui m'aidera à ne plus me perdre, à trouver le bon chemin, à ne plus jamais confondre l'est avec l'ouest, une boussole qui saura me dire où aller, qui me fera toujours retrouver le sud.

Et je me mets à chercher ma boussole dans Paris.

Et je la trouve.
Une boussole pas bien chère, mais une jolie petite boussole noire.

Et je marche, encore et encore, mon nouveau trésor dans la main, je souris, je ris, parce qu'elle me dit que je vais vers le sud à présent, et ça me rassure.
Et les parisiens qui me regardent bizarrement.
Il va bientôt faire nuit.

Demain je retournerai à la fac pour assister à mes autres nouveaux cours.
Demain j'oublierai mon prof blond, et j'essayerai de faire de nouvelles rencontres.
Demain sera cool, je me le promets. Rempli de belles choses.

Il faut que je me remette à écrire.
Ecrit par Aphone
le Mardi 28 Septembre 2010
à 02:00



Commentaires :

  Celsius42
28-09-10
à 08:29

Ce que j'adore chez toi...

... C'est le rythme. Les textes ont beau être longs, ils sont aérés et faciles à aborder. Et puis cette présentation, c'est comme une petite danse. Décidément, ta vie est mon feuilleton préféré !

  LiliLou
28-09-10
à 14:02

Et bien, quand tu crois être tranquille, il revient au galop.
Pas évident, prends soin de toi.

  aphone
30-09-10
à 21:28

Re:

Yep yep, exactement !
Merci =)
Bibises !

  aphone
30-09-10
à 21:28

Re: Ce que j'adore chez toi...

=))

Et le pire, c'est que le feuilleton ne s'arrête jamais, ahah.
Attention, c'est comme les feux de l'amour, ça peut faire des dégâts aux cerveaux si en on abuse trop ^^



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