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- Bonjour
- Bonjour
- ...
- ...
- ... Euh ...
- ...
- ... Mhhhh ...
- ...
C'est toujours comme ça au début.
Je n'sais jamais par quel mot commencer.
- Bon ... euh ... oui voilà ... euh : je suis triste !
- ... (silence)
- J'suis triste, mais bon c'est un peu bidon, ça n'a pas vraiment d'intérêt ce que j'vais dire, c'est même plutôt ridicule hein ...
- ... Dites ...
- Bin ...
- ... (silence)
- Mais c'est vraiment nul hein, c'est sans importance et puis y'a vraiment rien à en dire !
- C'est sans importance pour vous ?
- ... Euh, non, je ne crois pas, puisque ça me rend triste ...
- ... (il m'encourage d'un signe de la tête)
- Bon bin voilà, je suis triste ... parce que ... c'est la fin des cours ... et que du coup ... je ... je vais plus voir mon prof ...
Il sourit.
Je souris aussi, gênée.
Ca ne m'arrive jamais de lui parler de ce genre de chose.
Je passe des heure à lui raconter mes cauchemars, mon enfance, mes angoisses, et jamais je n'évoque ce genre de choses.
Aujourd'hui je ne pouvais pas faire autrement.
Je ne pensais qu'à ça.
A cette douleur dans ma poitrine.
- ... Et donc euh ... Bin j'suis triste parce que, normalement là j'ai cours avec lui à 16h ... D'habitude j'ai cours avec lui tous les mardis, tous les mercredis ... J'y allais tout le temps, j'en loupais aucun ! Depuis 4 mois ... Mais là non je vais rentrer chez moi, sans l'avoir vu, et c'est fou comme ça me rend triste ... (je sens mes yeux s'humidifier, je respire) C'est débile hein je sais !
- Vous êtes amoureuse de lui ?
- Non ! Enfin je sais pas, j'en sais rien ... En fait je sais pas trop ce que c'est que l'amour, sincèrement, je sais pas ... On s'attache à des gens sans les connaître, ça n'a aucune valeur je trouve, je sais pas vraiment quand on peut parler d'amour, ou pas ...
- Et bien, c'est ça l'amour ...
- ...
- Même si c'est platonique, c'est de l'amour ...
Bon.
Mon psy vient de me déclarer officiellement amoureuse.
Ok.
Très bien.
Et j'en fais quoi moi maintenant, de mon amour ???
Le matin je m'étais levée à contre-coeur, avec cette douleur toujours dans la poitrine, s'habiller, prendre le métro, s'assoir dans l'amphi pour une nouvel exam, stylo dans la main, et puis je m'étais mise à pleurer en faisant ma problématique, des petites larmes de crocodiles comme disait mon papa, de la fatigue comme disait ma mère, et je crois qu'encore aujourd'hui j'ai toujours le sentiment de faire semblant quand je pleure.
Il y a eu mon cours de chant aussi, j'avais du mal à sourire, pourtant il y avait celle qui chante divinement bien, et sa voix qui emplissait l'espace plus que jamais, mais je m'absentais malgré moi, à cause cette douleur dans ma poitrine, et puis j'ai chanté à mon tour, debout et fort, c'était bien, il était content de moi le prof, j'y ai mis de l'énergie, de la justesse, des reliefs, et pourtant je n'y étais pas non, j'étais prisonnière dans cette petite douleur, ce picotement à l'intérieur qui me vide de mes sourires et de mes envies.
Et puis il y a eu mardi soir, la balade le long du canal avec Songe, l'air était chaud, nous avions le temps, allongés dans l'herbe sous l'immensité du ciel, et puis nous avons rejoint Castor, acheté du vin, marché encore le long du canal, marché sur les rails de la petite ceinture dans l'obscurité, c'était féérique, magique, comme l'autre fois, et ça me fait toujours un bien fou ces lieux qui semblent en dehors de la ville, et j'ai bu trop vite, j'ai perdu l'équilibre, tout est devenu lointain, tout, mon corps, le sol et même mon prof, je flottais ivre et je me suis réveillée plus tard dans mon lit, avec un mal de crâne justicier, mais un sourire aux lèvres, parce que la douleur dans la poitrine était un peu moins forte.
Puis il y a eu ma pote musicienne, celle qui me donne rendez-vous à Bastille, et on se retrouve dans un bar sur des coussins, moi avec ce livre que je dois finir et un verre de jus de fruit, elle avec son mémoire à taper pour le lendemain et un verre de bière, elle me fait rire, elle va fumer un joint, elle me parle de la serveuse qu'elle trouve belle, je pense à mon prof, je lui dis "je suis amoureuse", elle sourit "bah c'est bien, c'est une bonne nouvelle ça non ?", oui, oui mais ça fait mal un peu, on se tait parce qu'il faut qu'on travaille, et on travaille, au milieu de ce bar sombre avec de la musique fort et des gens tout autour, et puis il y a ce mec au comptoir, au moment de partir, il lui parlait à elle, il se tourne vers moi, "Bonjour ! Toi aussi t'es lesbienne ?", je le fixe, sans bouger, j'aurais pu rire, j'aurais pu lui retourner la question "et toi aussi t'es pédé ?", j'aurais pu tellement rester calme, mais c'était le ton de sa voix je crois, cette agressivité, cette violence dans sa façon de dire le mot "lesbienne", je l'ai fixé sans répondre, et je suis partie, de la colère jusqu'au bout des doigts, et je m'étonne moi-même de mes réactions parfois, mais il n'avait pas à me demander ça comme ça, l'amour ça ne s'agresse pas comme ça, je respire, je souris, j'embrasse ma pote musicienne sur ses joues, elle fume une clope avec la jolie serveuse, chouette, et je file sous la pluie parce que je suis encore en retard, la petite douleur dans la poitrine.
J'arrive trempée parce que je n'ai pas de parapluie, les goutes d'eau tiède qui perlent sur mon visage, je suis invitée à diner, il y a mon pote homo, sa mère et son copain, et nos discussions qui sont de moins en moins philosophiques au fil des heures, la mère de mon pote qui boit trop, son copain qui me fait mourir de rire, ils boivent, ils parlent de plus en plus fort, de plus en plus grossièrement, parlent de leurs collègues de boulot, je ris fort, et le temps passe trop vite avec eux, déjà 23h, je dois rentrer, j'ai exam demain matin, et je marche en chantonnant dans le soir il ne pleut plus, la petite douleur presque muette dans la poitrine, ça va mieux, peut-être parce que c'est mercredi soir, peut-être parce que c'est l'amitié, cette autre forme d'amour, plus douce, plus calme, moins douloureuse, mais moins intense, alors je ne sais plus, est-ce qu'il faut que j'attende que la douleur se calme tout à fait, ou faut-il que j'essaye de lui montrer mes sentiments ?
Je ne sais pas.
C'est tellement facile d'attendre sans rien faire.
C'est tellement moi.
Me complaire dans ma petite solitude, à l'abri du risque, de l'imprévu.
C'est nul.
Il faut que je lui écrive.
Je ne trouve pas les mots.
Comment faire pour qu'il réponde sans me rejeter froidement ?
Comment faire pour qu'il comprenne sans lui dire clairement ?
Camille Laurens a écrit :
On peut séduire n'importe qui avec des mots tracés pour lui sur une feuille de papier. C'est un pouvoir extraordinaire, phénoménal, monstrueux, quoique peu usité : la lettre d'amour est d'une efficacité redoutable, mais méconnue.
Elle est marrante.
Pfffffffff.
Il est prof de lettres lui.
Il en a lu d'autres, des mots, plus beaux, moins maladroits.
Oui mais ... tant pis, il faut que j'essaye.
Il faut que j'essaye une dernière fois.
Commentaires :
inconsciente 11-06-10
à 17:25 |
Après avoir recopié, retraité, corrigé, assemblé, tous les textes que j'ai écrit pour le Prince en me disant qu'un jour j'imprimerai tout ça dans un beau livre et que je lui enverrai pour qu'il se prenne la dose d'amour qu'il aurait dû se prendre depuis longtemps, même si notre histoire est loin et enterrée, je reviens juste me balader par ici 5 minutes et hop un beau récit de toi, qui parle de choses et de sentiments qui me sont étrangement (;)) familiers...
Fonce ma belle. <3 |
aphone 11-06-10
à 17:46 |
Re:Oui je pensais à toi justement et je voulais trop te demander ton avis !!! Tu n'aurais pas deux-trois conseils pour moi ???
Et comment vas-tu ?? Pourquoi tu ne bloggues plus ?? Toujours avec ton amoureux ?? Gros gros bisous toi ! Tellement contente de revoir ta bouille !! |
inconsciente 11-06-10
à 18:06 |
Re:Je bloggue à fond, en dessins, mais je n'écris plus trop, ou en tout cas plus sur moi, parce que je suis trop heureuse pour écrire ! Des fois j'ai très envie de revenir, j'ai des phrases jouebbesques qui me montent à la tête et puis... non.
Des conseils, pfiou... Ben moi ça a toujours commencé par des échanges de mail... Où on tâte le terrain, on se raconte et puis... Un jour on se voit en vrai, deux, trois fois, et ça craque ;) Même si avec le Prince ça n'a jamais mené bien loin, j'ai l'impression d'avoir vécu une vraie histoire d'amour avec lui. Platonique certes. Mais bien vrai :) |
aphone 11-06-10
à 18:38 |
Re:Tu écris quand tu es triste et tu dessines quand tout va bien ? Alors tant mieux si tu dessines à fond =)
Des mails des mails des mails ... Mon prof est assez sauvage avec moi, je ne crois pas que j'aurai ta chance. Il m'avait proposé qu'on "prenne rendez-vous" pour parler d'un bouquin, parce que c'était plus simple à l'oral qu'à l'écrit, mais y'a plusieurs semaines maintenant, on en a jamais reparlé, et j'ai l'impression qu'il est plus froid qu'avant. BREF ! Ca doit te sembler vieux à toi tout ça ^^ maintenant tu n'as plus ce genre de souci =) |