Champagne, tomate et pissenlit
(Bah quoi, faut bien trouver des titres hein).
Vendredi, anniv de Mamie.
Je m'enfile 3 coupes de champagne gaiement.
Youhouuuuuu ! Vas-y Mamie, monte le son d'la télé, y'a Johnny !!!
(La teuf quoi)
21h30, mon père veut rentrer.
Sa voiture étant au garage, il me demande si je peux le ramener au RER.
(Daddy, n'as-tu pas vu que j'ai dépassé la limite d'alcoolémie autorisée en France ??)
- OK Dad, let's go
A l'aller, il conduit, c'est cool.
Mais au retour, il a bien fallu prendre les manettes.
Ouhhhhhhh !
Au début tout allait bien, bonne adhérence à la route, pas d'éléphants au rond point, j'ai même presque réussi à me rouler une clope en 3 feux rouges (l'a fallu que j'm'arrête pour le collage, manque d'entrainement).
Mais au moment de la manœuvre finale, c'est le drame.
J'étais trop confiante, je me voyais déjà couper le moteur et reprendre du gâteau au chocolat, et là, vlan.
Oups.
J'avais mal évalué la distance entre la portière droite et le mur (forcément, c'est mal foutue une voiture, pourquoi le volant est pas au milieu ? On aurait une meilleure vue d'ensemble !)
Ni vue ni connue, je fais marche arrière, recalcule les distances et arrive à rentrer sans embuche cette fois-ci.
Sauf que la carrosserie est rancunière.
C'est limite si elle hurlait pas à la maltraitance de portière droite battue, m'accusant de violence conjugale, j'savais pu où me mettre.
Bon j'ai bien essayé de soigner la plaie avec un coup d'éponge plein de délicatesse, les yeux remplis de "pardonne-moi", mais la voiture n'a rien voulu entendre.
J'ai vidé les cendriers, j'ai rangé l'intérieur, j'ai fait briller sa tôle, je lui ai fait mille compliments du genre "tu sais que tu fais vraiment pas ton âge, tout le monde me le dit, c'est fou le succès que t'as !"
Rien à faire.
- Euh Mamie, dis, la voiture, tu sais, j'trouve que les barrettes sur le côté, elles se décollent un peu, faudrait peut-être qu'on l'emmène chez le garagiste, et puis au passage ils feront la vidange, tu crois pas ?
Hum.
Le weekend, c'est ultra zen.
Samedi, bar avec des amis.
Une pinte, deux pintes (trois pintes ?).
Mon briquet-ouvre-bouteille qui fait sensation dans l'assistance.
Mon pote homo que j'essaye de caser avec un hétéro (oups, mon détecteur de gay n'est pas encore au point).
Ma pote de cours et moi toutes joyeuses.
Tigroo qui explose de rire sur mon épaule.
Sa pote qui nous raconte l'histoire de couille bleue et qui trinque en allemand.
Les inconnus en bout de table et nos discussions à voix haute sur le sexe (Aphone
t'es bourrée !!! -MAIS NOOOON !)
Le serveur qui nous dit 100 fois qu'on fait beaucoup trop de bruit.
Je suis bien.
Les 6 personnes que je décide de ramener chez le cop de Mimie.
Les conneries dans le métro et ma tête qui tourne, les fesses par terre entre les jambes de mon pote homo.
Lui qui me décoiffe en disant que ma raie n'est pas droite du tout.
Le cop de Mimie qui ne nous laisse pas rentrer chez lui et la loose d'avoir fait le chemin pour rien.
Mon coup de gueule contre l'épicerie qui est déjà fermée (euh il est 2h - EH ALORS ???)
Le noctilien avec le mec bizarre et ma pote de cours qui m'appâte chez elle avec des promesses de gâteaux au chocolat (mhhhhh).
Le retour dans mon lit un peu avant 4h, l'air doux, les lumières.
Je suis bien.
Dimanche, balade en roller au hasard.
Le grand ciel bleu, la chaleur, les arbres de banlieue.
Sensation de liberté, de vitesse, de solitude aussi (ouiiiiiiin personne fait du roller avec moiiiii).
Les souvenirs d'enfance qui trottinent au fond de ma tête, toutes ces fois où j'ai fait du roller en solitaire.
Et puis le diner avec Castor, au tomber du jour, ma joie de le revoir, l'air frai, une cigarette.
L'euphorie au moment de m'endormir.
Lundi c'est ravioli.
J'suis à la traine, et pourtant Bobby sait Ô combien j'dors la nuit.
J'ai encore rêvé de mon prof, j'arrive même pu à compter le nombre de rêves où il squatte l'air de rien.
Pffffffffff.
Je me traine jusqu'à la fac.
Dernier cours de linguistique.
Je me soupçonne d'être parano avec les profs en ce moment, mais ma prof de linguistique, elle arrête pas de me regarder, ça me perturbe.
Je me dépêche de sortir de cours.
Une clope au soleil.
J'me dis qu'il faudrait peut-être que j'arrête de fumer tous les jours, stupidement, tout ça parce que j'aime fumer les mêmes cigarettes que lui.
Pffffffffffffff, débile.
Mardi, jour J.
Je ne suis pas stressée, étrange.
Il rentre dans la salle, ses yeux tombent directement dans les miens.
Bon bon bon.
Au moment de faire l'appel, il ne lève pas la tête pour vérifier ma présence, il m'a bien vu.
Bon bon bon.
Je participe, il me sourit, il semble hyper joyeux, il fait plein de blagues et de sourires.
On se regarde tellement que j'en deviens hyper super rouge.
Genre grosse tomate rousse ambulante.
Bon bon bon.
Fin du cours, je plane complètement, je l'ai jamais trouvé aussi beau, aussi intelligent, aussi toussa toussa, je mets 6h à redescendre sur terre.
Mercredi, c'est pissenlit.
Je prends mon courage à 2 bras et je vais lui poser une question sur le cours à la pause.
Il sent la cigarette.
Je m'approche de lui pour le sentir discrètement.
Je sens qu'il essaye de me tenir à distance.
Bon bon bon.
3 minutes après, j'ai une autre question, je reviens près de lui (hum).
Il est distant, à nouveau.
Bon bon bon.
Fin du cours, j'ai encore une question (oui non parce que moi, quand je commence je m'arrête plus, une vraie diarrhée de questions, et puis des vraies questions en plus, vu que je bosse pour le devoir facultatif).
Rien à faire, je le trouve distant, froid, imperméable.
Si je peux me vanter d'une chose, d'une seule chose, c'est d'être très intuitive, et de comprendre les choses sans qu'on ait besoin de me les formuler clairement avec des mots.
Et là, j'ai senti que son langage corporel n'était pas du tout en accord avec ses regards.
Pourquoi, j'en sais rien, mais ça sonnait comme une évidence, je pouvais pas faire semblant de pas l'avoir remarqué.
Soleil, je fume une clope devant le parvis avec mes potes de cours.
Je réfléchis.
Ni triste, ni déçue, mais sans palpitation particulière.
De qui je vais rêver maintenant ????
Fuck !
J'envoie un texto à deux amis, les deux essayent de me convaincre qu'il est inutile de foncer dès ce soir chez le coiffeur.
Bon, d'accord, je vais attendre la fin des cours.
Encore une semaine.
Mais bon, j'ai même plus envie.
J'ai eu ma réponse divine.
Oui peut-être que j'parle un peu vite, vu que ce mec semble assez timide, le genre à préférer les bouquins aux relations humaines, le genre qu'il ne faut pas brusquer avec des approches trop directes, le genre qui se sent plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral, le genre solitaire et passionné par le 17e à mort.
Funky, en un mot.
Mais le genre de mec qui m'intrigue trop !
Oui, mais bon, je vais pas passer ma vie a essayer de l'apprivoiser, non plus.
Je ne suis pas une violeuse de prof blond.
Tu comprends, la fierté, toussaaaaa.
Le comble dans cette histoire, c'est que je suis même pas triste.
Je crois que c'est officiel : je suis une grosse célibataire endurcie.
J'le sens plus, c'est évident, ça marchera pas.
Tant pis, tant mieux, peut-être que je parle trop vite et que mardi prochain je vais sauter partout parce qu'il m'aura fait un sourire du tonnerre et qu'il m'aura transpercé littéralement du regard (graou).
Mais j'pense pas.
Je fais toujours confiance à mon intuition.
Et mon intuition du jour, elle dit NEEEEEXT !
(Pffff, on voit bien que mon intuition elle en a rien à foutre de ma vie sexuelle !)
(Grognasse !)
(Bon ok,
j'attends encore la fin de la semaine prochaine avant d'être sûre de renoncer, pour le
"on sait jamais")
(Et au prochain cours je le snobe sa race, pas un regard et tout, hyper froide !)
(Et puis j'me fais bonasse, sinon c'est pas drôle)
(Hum)
Jeudi, j'ai pas trouvé d'alibi
Ma grand mère au téléphone :
- J'ai emmené la voiture au garage, c'est bizarre, ils m'ont dit qu'il y a avait eu un CHOC à l'arrière droit !
- Ah oui ???? Un "choc" ?? C'est BIZARRE !
- Bin oui, j'leur ai dit ça aussi, mais ils insistent, ils disent qu'il y a eu un "choc", moi j'vois rien mais tu sais, eux, c'est des experts, avec leurs machines et tout, ils sont têtus !
- ...
Je maudis les garagistes.