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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Semaine fatiguée
Troisième rêve où il apparait.

Assise sur ma chaise de cours, je suis triste, il n'a pas répondu, je ne le regarde plus, à l'interclasse il s'avance vers moi en souriant, le regard joueur, il dit "tu viens au café avec moi à la fin de l'heure ?", je dis "oui", je cours à l'extérieur, folle de joie, voir ma pote de cours, tout lui raconter, elle est heureuse pour moi, mais l'heure tourne et rien ne se passe, il fait nuit soudain, autour de moi les gens sont saoules, je ne sais plus où je suis, où aller, qu'est-ce que je fais là au fait ? je me sens lasse.

Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi ...

Une semaine de vacances.
Déjà.

Trop vite, pas assez vite, je n'en sais rien.
Le temps est pourtant réglo avec nous, quoi qu'il nous arrive, une seule certitude, le soleil se couchera ce soir et se lèvera demain matin, c'est pourtant toujours pareil.

Oui mais bon.

Samedi, il y a eu la soirée avec mes colocs, ma pote de cours qui arrive en avance, le poulet que j'examine avant de le mettre dans le four, j'imite le bruit de la poule et lui mettant du beurre sur le dos, petite euphorie passagère, ma grand mère au téléphone "tu lui as mis du sel dans ... tu sais, là où il fait des oeufs, hein ?", euh non Mamie, je suis pas assez intime avec ce poulet.

Et puis les pommes de terre dans la cocotte en fonte, ma belle cocotte, acheté chez Ikéa alors que j'avais promis de ne rien prendre du tout non non j'ai besoin de rien, hum, mes colocs qui arrivent, "c'est quoi ce silence, vous mettez pas de musique ??" ah oui bah pourquoi pas, je me sens fatiguée au fond, et lasse, ma coloc antillaise aussi, son copain est parti vivre en Hongrie, il se font des bisous-câlins par webcam mais, c'est pas pareil, et ma coloc corse qui est invariablement seule depuis un long moment.

Alors ce soir, c'est repas light, c'est repas diét, c'est pomme de terre au beurre et fondants au chocolat hyper méga chocolatés, et puis du vin,  ne surtout pas oublier le vin, mhhhhh ! "Ok, ce soir, on est bourrées !", vouiiii !

L'amie de ma coloc corse est belle, c'est la première fois que je la vois, elle nous raconte son histoire avec son prof, c'était il y a un an et demi, je suis pendue à ses lèvres, je suis dans son histoire, et toujours des histoires de regards, j'ai mal au coeur un peu, et cette fatigue, c'est épuisant d'attendre, j'en pleurerais presque là, à cliquer frénétiquement sur actualiser, larmes aux yeux, à m'inventer des pouvoirs magiques qui font apparaitre les mails si j'claque du doigt en même temps que j'clique, wouuuuuuuh, ah beh non, ça marche pas, zut.

Fatigue fatigue fatigue.

Tout ça pour quoi finalement ?
Pourquoi ?
Je ne le connais pas, c'est du vent, un rêve en morceaux de paille, l'occasion idéale pour tout imaginer.
Imaginer, ça j'aime bien.
vivre dans un fantasme, se complaire là dedans.
Les regards ... est-ce qu'ils me parlaient vraiment, ses regards ?

1h du mat, mon pote homo qui m'appelle, "viens on va boire une bière dehors !", je suis dehors, il fait doux, mais ça n'a pas d'importance, ma pote musicienne qui m'appelle, elle parle avec une voix d'enfant, elle a peur chez elle toute seule, elle aimerait bien que je vienne, "mais tu n'as qu'un lit une place, je vais dormir où ? - bin avec moi, si tu veux ...", je ne sais pas, j'ai dans la tête cette image d'elle en train de s'étirer, son petit ventre nu, joli petit ventre, "t'es ma soeur Aphone hein", je n'en sais rien, je n'ai jamais eu de soeur, et puis cette phrase aussi "je pense qu'on finira par coucher ensemble un jour, tu crois pas ?", je ne comprends rien, je ne sais plus rien, je ne sais plus être intime, j'ai peur, j'voudrais des bras qui m'encerclent et des mots doux qui ensoleillent mes nuits, et pourtant je ne fais rien pour, "laissez-vous aimer mademoiselle", comment on fait ça hein ? comment on apprend à se laisser aimer si votre mère ne vous a pas montré ? j'ai les larmes aux yeux et les mots coincés dans la gorge, oui, j'ai peur d'aller dans le lit de ma jolie musicienne, j'ai peur de lui faire l'amour, j'ai peur de son amour, alors je prends le bus, seule, je rentre chez moi, j'aurais pu mais non, seule au moins je ne risque rien.

Dimanche, mon papa qui vient me chercher en bas de l'immeuble, mon papa contre qui je suis en colère depuis mon anniversaire, au fond, mais il est là, avec sa nouvelle voiture, je souris d'un air amusé, "ouai pas mal ta caisse", on rit, il me tend un paquet cadeau, euh c'est pour quoi ? "c'est pour ta fête ma chérie", ma fête, ah oui c'est vrai ça, mais c'est demain, je ne m'y attendais pas, et puis les fêtes on s'en fout, ça me touche, je l'imagine avec des post-il partout dans son studio "ne SURTOUT pas oublier la fête de ma fille !", je souris, mon père fantomatique fait des efforts, j'ouvre le paquet, une théière, trop belle, et du thé au caramel, mon préféré, wahou, ça me surprend, merci papa, de rien ma fille, le ciel parait soudain beaucoup plus bleu, on roule jusqu'à chez ma grand-mère, elle m'a acheté des fleurs, des roses blanches, et puis du champagne et un gâteau, oh je suis pourrie gâtée, je sautille de joie en allant préparer du thé dans la cuisine, lalalalalala, youpi c'est ma fête, et mon père qui s'en va à la fin du repas, je lui écris un texto, "merci papa, et puis tu sais, elle est belle ta voiture", je souris.

Lundi, je me réveille chez ma grand mère, la télé en fond sonore, et moi à l'abri dans mon netbook, je lis le document qui m'avait envoyé le dessinateur, passionnant, et puis c'est l'heure d'emmener le chat chez le véto, ce con de chat que ma grand mère a recueilli et qui est maintenant son compagnon depuis plusieurs mois, "au début je voulais l'appeler whisky, mais c'est moche whisky, alors bon, si le vétérinaire me demande, je dirai Wiskaz, comme sa pâté", je ris, elle dit aussi "de toute façon ça sert à rien de donner des noms aux chats, ils viennent jamais quand tu les appelles !", on descend dans le sous sol, le chat est là, il a senti l'imposture et ne veut pas manger, il se planque sous la voiture, je soupire, bon Wiskaz, tu m'emmerdes hein !, j'arrive enfin à l'attraper, le mettre dans la boite, youhou, il m'a griffé les avants-bras, j'ai l'habitude des griffures de chat, je porte la boite, dans la salle d'attente je regarde cet homme qui caresse son vieux chien avec beaucoup d'amour, je voudrais être un chien tiens, je voudrais avoir un petit nez retroussé, et puis qu'on me grattouille derrière l'oreille jusqu'à mes vieux jours, ou pas, je me replonge dans ma lecture, il y a ces phrases qui me touchent trop, Et pourtant j’ai bu à beaucoup de sources, chacune m’a donné quelque chose, je n’en renie aucune mais je reste assoiffée. Peut-être me faudra-t-il un jour me laisser engloutir ou plonger dans le fleuve d’eau vive de l’apocalypse, oui, moi aussi j'ai bu à beaucoup de sources, et pourtant, j'ai soif, ou alors je ne sais pas boire, Besoin d'un espace entre la réalité et soi, besoin de distance avec le réel, oui, c'est moi ça aussi, je vis en décalé, je vis dans une semi-fiction, cette histoire avec le prof me plait parce qu'elle n'est pas réelle, mais si ça devient sérieux, je sais que je vais fuir, comme toujours, je ne sais pas me laisser aimer, ça me rend triste, oui, le véto nous appelle, il sort le chat de la boite, lui fait sa piqure de rappel, mamie est soulagée, elle me dit "heureusement que t'es là tu sais, toute seule j'aurais jamais pu", je souris, mamie, si t'avais pas été là, dans ma vie, tu sais, ça aurait été beaucoup plus dur, mais je ne dis rien, on rentre en souriant, je prends la voiture, bisous au revoir, je conduis dans la nuit, jusqu'à chez moi, mi-lasse, mi-heureuse, fatiguée, toujours pas de mail de lui, un mail de ma mère, méchant et menteur, je le supprime, je n'ai lu que la première phrase mais ça a suffit, elle a gâché mon sourire, ça ne tourne pas rond tout ça, dodo, et je rêve d'un immense fauve qui tente de me sauter dessus pour me griffer, je cours le plus vite possible pour lui échapper.

Mardi, toujours pas de mail, il me manque, je m'enferme dans mes livres, je joue de la guitare, la journée me passe dessus sans que je ne goute à l'air du dehors, le soir ma pote de cours vient chez moi, elle est triste, dispute avec son ex, ses petites larmes sur ses joues, câlins sur mon matelas, un petit chocolat chaud, on lance un film, Le premier jour du reste de ta vie, là ensemble dans ma chambre, je suis heureuse qu'elle soit là, je me sentais seule, je me sentais triste, j'ai même envie qu'elle reste dormir, mais elle doit rentrer, je pense à l'amour, aux gens qui se font souffrir, à la fille qui s'est mariée récemment, celle qu'on appelait "la vilaine" mais avec qui je discute maintenant, elle m'a envoyé sa photo de mariage, elle est radieuse, je la trouve belle, elle est enceinte mais ça ne se voit pas encore, je ne sais pas si j'approuve ou si je désapprouve au fond, peut-être qu'elle est vraiment heureuse, peut-être que c'est ça la vie, se marier, ou pas, "quand on m'annonce un mariage c'est comme si on m'annonçait un enterrement", oui, je vois des chaines et des soucis, je pense au dessinateur et à son divorce cauchemardesque, je pense à mes parents qui ne se sont jamais mariés, je pense au faux mariage de ma mère, le seul auquel j'ai assisté, je ne sais plus, je n'en sais rien, peut-être que c'est pas important en fin de compte, "tu sais, j'ai du mal à comprendre le mariage, mais de te sentir heureuse, je trouve ça vraiment beau", elle est heureuse oui, peut-être que c'est ça l'essentiel, être heureux, le reste, ça n'est peut-être que du détail, oui, je ne sais pas.

Mercredi, toujours pas de mail, je n'y crois plus vraiment, je me sens seule et triste, mon pote homo m'appelle, il veut qu'on se voit, je dis ok, vaut mieux pas que je reste seule, on marche, il fait beau, on va acheter des livres à Saint Michel, j'aime, j'adore, on rit, assis par terre devant le rayon sociologie, les livres sur l'homosexualité, la gaypride, l'homophobie, et ce livre que j'aime tant, "trouble dans le genre", je lui parle d'un monde plein de liberté, loin de l'hétérosexualité obligatoire et des violences verbales, dans ma tête il y a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, tout s'éclaire, c'est ça que j'aime, c'est ce monde là, toutes ces couleurs, tous les possibles, je veux défendre l'amour des lois stupides, mon pote homo est doux, et si drôle, je l'emmène au rayon de littérature érotique gay, on se marre en lisant les titres des bouquins, on parle fort, impudiques, on s'en fout, on change pour le rayon littérature anglaise, on lit des passages à haute voix, moi très mal, lui très bien, j'aime tellement son accent anglais, il part en Australie cet été, longtemps, il va me manquer, encore, mais je suis heureuse pour lui, je paye mes livres, on prend le bus, déjà 20h quand je rentre chez moi, je commence celui de Sade, La philosophie dans le boudoir, wahou, j'adore, le libertinage, c'est tellement drôle et osé, j'en ai des fous rire devant ces scènes de sexe si détaillés, est-ce que ça me manque de ne plus faire l'amour ? je me mets à penser, à trop penser, je n'arrive plus à lire, je tombe dans la tristesse, Sade ne me fait plus rire, j'ai envie de pleurer, je pleure, pourquoi ? je me sens seule, je me sens mal, l'enfance qui me colle à la tête, je crois que je ne suis plus une libertine, j'ai beaucoup fait l'amour, j'ai tout essayé, j'ai tout aimé, assoiffée de plaisir physique, mais libertine je ne suis plus, je n'ai plus envie, je m'abstiens, j'attends l'amour, je crois, j'attends quelque chose qui ne viendra peut-être pas, ça va durer longtemps tu crois ?

Jeudi, hors de question que je reste seule, je rejoins ma petite Tigroo dans un parc, elle est là sur l'herbe avec sa guitare, j'ai apporté la mienne aussi, il fait beau, pourtant je suis triste et fatiguée, Tigroo est toujours aussi belle, on joue, je chante un peu mais le coeur n'y est pas, on discute, depuis le temps que je la connais, il me semble que plus rien ne pourra nous éloigner, je suis bien avec elle, nos rires, nos confidences, je parle un peu trop, j'en ai besoin, je me sens triste, mais très vite je me sens bien, son regard doux, et toutes ces pensées qu'on a en commun, c'est précieux tout ça, on prend un cappucino avant qu'elle parte diner chez elle, on se quitte, il est 19h, je patine vers chez moi, j'ai peur de me retrouver seule, ça m'arrive rarement mais là l'angoisse est plus forte, je passe voir ma pote de cours, on chante, j'ai découvert sa jolie voix il y a peu de temps, j'adore chanter avec elle, elle fait à manger, j'ai trop peur de partir, alors je reste avec elle, tout contre elle, son bras posé près de ma poitrine, je suis bien là, sur le canapé, à raconter des bêtises, je sens l'angoisse se calmer doucement, ouf, ça va mieux, il est une heure du mat, j'embrasse ses deux joues, en dix minutes je suis chez moi, c'est chouette, je lance un film, Roméo et Juliette avec Léonardo Dicaprio, très vite ça m'ennuie, je n'y crois pas une seule seconde à cet amour, à ces larmes là, "non mais franchement, comment tu peux te suicider pour un mec que tu connais depuis 2 jour et avec qui tu n'as couché qu'une seule fois ??", je commente le film avec Castor par internet, je ris, Bobby me sourit, je trouve que Juliette est vraiment super belle, alors bon je le regarde jusqu'au bout. J'ai toujours été faible face à la beauté des femmes, hum.

Vendredi, toujours pas de mail.

Et je suis toujours aussi fatiguée.
Fatiguée parce que c'est toujours pareil, j'aime les personnes qui sont indisponibles, celles qui sont distantes, froides, qui n'ont pas le temps, qui ne peuvent pas, qui ne m'offrent pas suffisamment d'elles.

J'essaye toujours de me faire aimer des personnes qui n'en sont pas capable.

C'est consternant, quand même.

J'aimerais bien apprendre.
Oui, vraiment, j'aimerais bien.
Changer.

Encore faut-il le vouloir vraiment.
Ecrit par Aphone
le Vendredi 23 Avril 2010
à 15:27



Commentaires :

  Annah
24-04-10
à 01:32

merci de nous faire partager ça. J'ai relu tout ton blog dernièrement, (je le suivais mais je ne sais pas, j'avais envie de tout relire) et j'aime le fait que tu sois si honnête et si entière.
Courage.


  aphone
24-04-10
à 20:23

Re:

Merci beaucoup de me dire ça. Je me demande souvent si je fais bien d'écrire ici mes introspections, mes réflexions, comme ma vie n'est pas toute rose je n'aime pas tellement me dire que ça risque de déprimer d'autres personnes. Mais si tu me trouves honnête et entière, alors je suis vraiment contente =))

Merci beaucoup Annah =))



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