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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Le dessinateur
Fin novembre.

Ca fait 15 minutes que j'essaye d'écrire un texto au dessinateur, en vain.
Raaaaaaaaah !

Je jette mon portable sur le lit dans un rire nerveux.

Je respire.

Bon, je l'écris ce texto ?
Surtout que ce que j'ai envie de dire n'est pas d'une grande importance.
Un truc comme "j'ai passé de bons moments avec toi, j'espère que tu vas bien, je t'embrasse".
Mais j'ai peur qu'il croit que je m'attache.

Je l'ai rencontré vendredi soir, à la sortie du métro, dans le nord de Paris.

Quand j'y pense, tout ça, c'est de la faute de ma coloc Corse, et d'une discussion qu'on a eu un jour dans la cuisine.

- Ouiiii nan mais tu sais moiii j'ai des copines qui m'ont dit qu'elles avaient fait des supers rencontres sur adopteunloup.com et que ça valait le coup de regarder d'un peu plus près, j't'assure Emma !

Mouai.

Moi, j'avais encore en tête ma rencontre avec le Cocaïnomane, via ce site débile (site rose bonbon qui plus est), et le mauvais souvenir qu'il m'avait finalement laissé, lui et sa frime, sa salle de bain trop pleine de produits de beauté, sa peau qui gratte, et ses phrases inutiles pleins la bouche.

Mais du coup, je suis retournée ce site débile (et rose bonbon), comme pour me laisser convaincre encore une fois.
Après tout, y'a peut-être pas que des looser, peut-être que l'homme de ma vie m'attend au coin d'une page web.
Mhhhh.

J'ai commencé à parler avec le dessinateur parce qu'il me rappelait Cat, physiquement.
Il m'a répondu très spontanément.
On a commencé à échanger beaucoup de mails.
J'aimais bien.

Je pensais qu'il avait 33 ans.
Il m'a dit qu'en fait il s'était rajeunit, parce que personne lui parlait sinon.
Ah, bon, tant pis.

"Tu peux arrêter de me parler si tu veux, je comprendrais !"

Non, trop tard, je l'aimais bien.
On a continué de s'écrire.
Par mail.
Puis sur MSN.
Puis par texto.
Pendant un mois.
J'étais curieuse de lui.

Alors je l'ai rencontré.
Parce que c'est toujours différent en vrai, et j'voulais pas perdre trop de temps avec un inconnu qui a peut-être des toc et qui bave en parlant.

Je suis dans le métro, j'arrive dans 3 stations.
"Je te retrouve où ?"

"A côté des huitres !"

Euh ...
Je ris.

Quand je l'ai apperçu (près des huitres !), j'ai d'abord été un peu déçue.
Non, ça n'est pas tout à fait Cat, physiquement.
Mais pourquoi je voudrais une réplique exacte de Cat ?

Le plus étrange, c'était sa voix.
Elle manquait cruellement de graves.
J'avais l'habitude des graves.

Je me suis dit "tant pis".

On a marché jusqu'à un petit bar qu'il connaissait, je l'écoutais, silencieuse, il semblait joyeux, j'essayais de trouver quoi dire, ça ne venait pas.

On s'est assis, et je l'ai observé un peu mieux.
Ses mimiques de visages me faisaient rire.
Et puis j'ai fini par retrouver celui à qui je parlais silencieusement le soir.
Oui, c'était bien lui.
Et j'étais contente soudain.

Le serveur m'apporte une petite bière.
Miam.
Je bois en le dévisageant.

Il a des lunettes noires qui cachent ses yeux clairs.
Des cheveux noirs qui lui tombent sur le front.
Des joues creusées par la maigreur.
Une barbre de quelques jours.
Un petit nez droit.
De grandes mains.
Mignon.

Il ne m'a lancé aucun regard tendancieux.
Il était souriant, doux, l'air sensible et seul.
Il m'a parlé de ses grandes histoires d'amour.
J'ai posé des questions.
Toujours aussi curieuse de lui.

Il m'a dit "tu viens, on va jouer de la guitare ?", et j'ai dit oui en me levant, sans hésiter.
On a marché jusqu'à chez lui.
Il n'y avait plus aucun silence entre nous.
Manteaux posés au hasard, vite, comme si on courait après le temps, sans jamais cesser de parler.
J'ai admiré son grand piano, gratté les cordes de sa guitare, joué avec ses xylophones, soufflé dans ses flûtes, adoré sa boite à musique.

La nuit était de plus en plus noire, et je n'ai pas pensé une seule fois à partir.
J'étais bien là.

Vers 1h du matin, je jouais encore sur sa guitare en chantonnant.
Il fermait les yeux, allongé sur le canapé, immobile.

- Tu es fatigué ? Je vais y aller ?
- Oh non il est trop tard, tu restes dormir ici maintenant !

Il n'y avait aucune mauvaise intention de sa voix, et son appart est suffisament grand pour que je reste dormir.

- je peux rentrer tu sais, j'ai mes rollers, et il y a encore des métro

Il n'a rien dit.

-Tu es timide en général ?
- Oui, plutôt.

J'ai souris.
Je suis restée.

Je suis restée parce que j'étais bien avec lui, parce que je n'avais pas sommeil, et parce que son pull s'était un peu relevé, laissant une parcelle de nudité visible, celle d'un ventre fin, très fin, et d'une peau très blanche.
Et moi, les ventres fins et les peaux laiteuses, ça me rend complètement folle.

On a migré jusqu'à sa chambre, toujours pour la musique, et puis il s'est allongé sur son lit.
"Déjà 2h30 !"
Il baillait.
Il a dit "bon, dodo, promis je te saute pas dessus"
Et il s'est mis sous la couette, comme un enfant.

J'ai souris, assise sur la chaise, et je me suis rapprochée doucement.
Sous la couette, près de lui.
C'était mignon, autant de timidité à son âge.
Je pensais à son ventre, tout près.

Et on a regardé les ombres au plafond en riant.
Comme des gamins.
Au son d'une musique douce.

J'avais envie de me rapprocher de lui, mais J'ai attendu, longtemps, j'ai presque failli m'endormir vraiment, la musique s'est tue, et sous la couette j'ai glissé une main jusqu'à son ventre.
Il l'a attrapé.
Il m'a pris dans ses bras.
M'a serré fort.
J'ai aimé son odeur.

Je sais bien qu'en ce moment ma vie est remplie d'amants, de rencontres qui se succèdent, je sais bien que j'oublie les corps aussi vite que je les ai appris, je sais bien que je me protège de l'amour et que tous ces hommes ne sont que des cachets contre ma solitude, je sais bien que j'adore les premières étreintes et les premiers soupirs dans ma nuque, et qu'il n'y a aucune charpente assez solide dans mon coeur pour y bâtir des espoirs d'histoires d'amour.

Mais lui, je l'aime bien.

Alors j'ai repris mon téléphone, et j'ai envoyé ce foutu texto.
Et tant pis s'il croit que je m'attache.

Je m'en fous de me tromper ou de faire des erreurs.
Il me fait du bien, même si ça ne fait que 5 jours, même si on ne s'est vu que 2 fois.

J'ai hâte de le revoir.

Ecrit par aphone
le Mercredi 02 Décembre 2009
à 13:39



Commentaires :

  ninoutita
23-12-09
à 01:16

J'ai juste envie d'écrire que je te comprends. En ce moment, ce qui me fait craquer chez un type, c'est la cicatrice qu'il a en-dessous du sourcil droit. Et tout le monde me dit "méfie-toi" et je me jette à corps perdu dans la gueule du loup, évitant maladroitement de m'attacher.  Mais je m'attache.
Je crois qu'il n'y a pas de mal, pas de ridicule à être en manque d'affection, à vouloir un corps auprès du sien. Ce qui effraie les gens, c'est le côté trop humain de ce besoin. Alors s'il te plait, on s'enfout, on verra, on est jeune... et on est seule un peu, aussi. (beaucoup)


bisous,

et joyeux noeeel si je ne reviens pas commenter un de tes articles qui me réchauffent le coeur, qui me ressemblent.


PS: au moment où j'écris ce commentaire, ma playlist a décidé de passer "ces petits riens"

  aphone
23-12-09
à 12:01

Re:

Ces petits riens =))

Oui, qu'est-ce qu'on est seule, même si on s'attache, c'est toujours pareil, toujours seule, quelle galère. Mon dessinateur se casse pendant les vacances, sérieux, abolition de Noël, je vote pour. J'en ai marre !

Merci ma Ninou, on s'ressemble sûrement un peu j'imagine =)
J't'embrasse



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