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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Amant ne rime pas avec envahissant

Halloween, suite.
Dimanche après-midi, dans mon lit, je n'arrive pas à me rendormir, je ne pense à rien en particulier ...

Téléphone.
Ah, c'est le garçon d'hier, celui avec qui j'avais couché il y a plusieurs années, et que je n'avais plus jamais revu.

Lui : Tu fais quoi ?
Moi : Mhhhh, rien, je comate ...
Lui : Ca te dirait pas qu'on comate ensemble ?


Ca sent la proposition pas claire à plein nez.

Moi : Ok, si tu veux, on regarde un film ?
Lui : Ok !


On se met d'accord sur le lieu et l'heure avant de raccrocher.
Je pars prendre une longue douche chaude, sentir mon corps sous la caresse de l'eau, les sensations, j'imagine mon corps contre le sien, c'est à peu près tout ce qui m'importe aujourd'hui, me sentir exister à travers le corps de quelqu'un.

Je marche dans la rue, il fait nuit, déjà, l'air est doux, les feuilles mortes par terre, c'est beau l'automne, j'ai toujours adoré l'automne, mélancolique, je souris.

Métro, je sors, je le vois au loin, il me voit aussi, je trouve un chemin pour aller jusqu'à lui, sourires, je me mets sur la pointe des pieds pour lui faire la bise.

- Eh mais t'es hyper graaaaaaand !
- Ahah, oui, hier soir tu avais des talons, c'est pour ça, t'as pas du faire gaffe ...

Je l'examine rapidement, maintenant que je suis sobre.
Ca va, il est mignon.
Sans plus, mais mignon.

On marche sous une petite pluie incessante, l'eau coule le long de mes cheveux, sur mon visage, petite douche que je sens à peine, je lui demande juste s'il pourra me prêter une serviette en arrivant, et je passe une main sur mon visage froid et humide.

On parle de la soirée d'hier soir, et du bordel pas possible que j'ai généré, hum, on en rit, même si j'ai toujours légèrement honte.

Chez lui c'est grand, il vit en coloc dans une maison, il me fait visiter, la cave, le grand salon, le petit jardin, les chambres à l'étage, sa chambre à lui, les deux petits matelas à terre, je m'assois, prête pour le visionnage d'un film, je me sens à demi-absente, je plane, fatiguée.

Le film se termine, puis il me propose de manger, "tu fais toujours aussi bien la cuisine ?", il prépare du riz, du saumon, mhhh, oui, tu cuisines toujours aussi bien, on mange, je l'observe en silence, il me dit "tu as l'air toute timide ! Comparé à hier soir ...", je ris, oui c'est vrai, je suis l'autre Aphone, celle qui est sobre, celle qui sait AUSSI se taire, celle qui ne hurle pas en sautant partout, il me propose une cigarette, "non merci", il s'étonne que je ne fume pas, "bah dis donc t'es vraiment différente quand t'es sobre !", hum,  on retourne dans sa chambre, je saute sur le DVD des Guignols de l'info, grand sourire, il me dit "ok, on le regarde", ouiiiiiii, et je m'étale à nouveau sur son lit, contente.

L'heure tourne, presque minuit, on est toujours l'un à côté de l'autre, je ris beaucoup, je sens qu'il essaye difficilement de se rapprocher de moi, je trouve ça mignon, je le laisse faire, j'aime profiter de ces instants, quand tout est possible, mais que rien n'est encore écrit, j'aime imaginer, j'aime deviner.

Minuit passé, je me dis qu'il vaut sûrement mieux que je rentre chez moi, vu qu'il n'ose toujours pas, il me raccompagne, à pied, jusqu'à mon immeuble, alors je lui dis "tu montes ? Je te fais visiter", il est une heure du matin, je fais gaffe à ne réveiller personne, il s'assoit sur mon lit, je lui propose de l'eau, c'est tout ce que j'ai, on rit, je mets de la musique, Birdy Nam Nam, il aime lui aussi, on regarde quelques clips, on discute musique, les heures s'écoulent et je n'ai toujours pas sommeil, et je sens qu'il n'ose toujours pas m'embrasser, alors j'attends, curieuse.

5h du mat, on est toujours sur mon lit, très proche physiquement, et brusquement dans un silence, il saute sur mes lèvres, j'essaye de ne pas exploser de rire, je ne peux m'empecher de sourire, on s'embrasse, c'est plutôt agréable, on se rapproche ... et puis l'aube se montre doucement, déjà, il est 7h, je sens qu'il s'endort, mes yeux sont encore grand ouvert, mais je m'allonge près de lui, et je finis par m'endormir aussi.

10h, le réveil.
11h, le premier cours.
Je suis fatiguée.
Ca m'apprendra à veiller toute la nuit.

13h, je croise une copine de cours, celle qui a 40 ans et que j'adore, on décide d'aller se faire un petit resto japonais pour pas se laisser abbattre.
Mhhhhhh, rien de mieux pour oublier qu'on est lundi, pour oublier la reprise des cours et le manque de sommeil au fond des yeux.
Je suis ravie.

16h, dernier cours.
Je m'endors sur la table.

18h, fin du cours, oups, il fait déjà nuit. Une copine, celle qui est maman, me dit "je t'ai vu, tu t'es endormie !", oups.

Bon.
Métro.
Chambre.
J'enlève tous mes vêtements un par un, je me glisse sous ma couette, ferme les lumières, ferme mes yeux, soupire.

Mais je n'arrive pas à m'endormir.
Groumphhh.

20h, téléphone.
Mon nouvel amant.

Moi : Oui ?
Lui : Hello, ça va ?
Moi : Vouiii ...
Lui : Je te dérange ?? Tu dormais  ?
Moi : Mhhhh, voui un peu, enfin ...
Lui : Ah ok désolé !
Moi : Non mais j'arrive pas à dormir de toute façon
Lui : D'accord ... Bah, j'me demandais, parce qu'en fait là je suis chez un ami, pas loin de chez toi, et j'me demandais si ...

Euh ...
Attends, on s'est quitté seulement ce matin, je suis épuisée, wow, un peu de calme !

Lui : ... ça te dit qu'on se voit ?
Moi : Bah ... Je suis fatiguée ... Je te rappelle un peu plus tard si tu veux ?
Lui : Ok, rappelle-moi ! T'inquiète, je pars pas tout de suite


Bah y'a interet !

Bon, bientôt 21h, voyons voir ... 
Je suis incapable de lire, écrire, ou autre activité intellectuelle.
Je repense à notre nuit ensemble, je me dis que c'était quand-même cool, alors ...

Je sens que j'ai envie qu'il passe.
J'espère juste qu'on dormira un peu plus !
Dans un élan de motivation, je me rhabille.

Minuit, il arrive, je vais le chercher en bas de l'immeuble.
En le regardant à travers la porte vitrée, je me dis qu'il est mignon quand-même.

Et je passe encore une bonne partie de la nuit à veiller.

11h, réveil.
Je referme les yeux.

12h, deuxième réveil.
Oups.
Je suis en retard.

20h, le soir. 
Je suis dans la cuisine avec mes 3 coloc (pour une fois qu'on est toutes réunies !), on se raconte nos vies brièvement, et quand je retourne dans ma chambre, je lis sur mon portable "vous avez reçu 5 textos".
TOUS de lui.

Euh ...
Bon.
Ok.
Je lis.

Texto 1 : Que passa tonight ?
Texto 2 : Do something ?
Texto 3 : Traduction : tu fais quoi ce soir ? (genre je suis abrutie en plus)
Texto 4 : ? (j'adore ce genre de texto)
Texto 5 : Tu m'esquives ? (...)


Ok !

Bon.
Il a beau être mignon, cool, et j'ai beau passé des moments relax avec lui, euh, je sens que je vais vite couper les ponts s'il continue de me harceler comme ça.

En plus, hier soir, il m'a dit qu'il avait une copine (génial), et qu'il allait la quitter demain.
HUM ! Un peu flippant le garçon !
Je sais pas trop ce qu'il va s'imaginer celui-là ...
Mais bon, j'attends de voir la suite.

Et la suite, c'est un texto, le lendemain : 
"Tu fais quoiiiii ?"

Grrouuuumph !

J'accuse ses 21 ans (oui on s'habitue vite aux vieux), puis je me dis que c'est peut-être son signe astrologique qui fait ça (oui c'est certain, hum), et qu'il va VRAIMENT falloir que je lui explique qu'on ne va pas pouvoir dormir ensemble tous les soirs de la semaine, non non non.

Il me dit qu'il s'excuse, et qu'il comprend, et qu'il va faire des efforts à l'avenir.
Bon, ça me rassure un peu.

Mais bon, je me mets à faire le point.
Je vois bien qu'en ce moment, j'ai envie qu'on me laisse tranquille.
J'ai écouté les gens qui disaient "mais tu es jeune, tu as toute ta vie pour rester célibataire et faire des concours d'abstinance".
Je m'étais laissée convaincre.
Et j'avais recommencé à courir partout.
Mais finalement.

J'en ai marre de vivre des relations tièdes.
Autant avoir des relations fortes, même si ça n'est pas "sérieux".
Comme avec Cat.
Cat il est wahou.
Cat, je l'aime d'une certaine façon. 

Voui, c'est mieux comme ça.

Dans la foulée, j'envoie un texto à mon amant-voisin, pour lui dire que je n'ai plus très envie de le voir.
Et je me sens mieux juste après avoir fait ça.
Il est cool, il comprend, il est pas oppressant ce garçon.

Et puis, pour mon nouvel amant, disons que je lui laisse encore quelques jours d'essai, mais s'il ne fait pas d'effort, je passerai à autre chose (hum).

Et ça sera tant pis pour nous.
Mais mieux pour moi.
J'en suis sûre.

Je n'ai plus envie de vivre des relations tièdes.




Bande son : Birdy Nam Nam, Abbesses

Ecrit par aphone
le Samedi 07 Novembre 2009
à 18:32





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