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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Vingt-six heures

Samedi 24 octobre

Midi.
Pluie fine sur le visage.
Je revois ma soirée.

Soirée passée avec beaucoup d'inconnus, des comédiens, tous plus drôles les uns que les autres, soirée déguisée, grand n'importe quoi.
J'ai beaucoup bu, beaucoup dansé, beaucoup ri, beaucoup parlé, beaucoup hurlé, jusqu'à ce que je m'endorme brusquement un peu avant l'aube.

J'ai rouvert les yeux à 8h.
"Waaaaaah j'ai dormi avec deux hommes !"
Voix qui déraille, sourire victorieux.

Mon petit espagnol fou et l'autre font l'effort de rire.
Le lit est minuscule, je me blottis contre mon espagnol qui m'ouvre ses bras.
Mais impossible de retrouver le sommeil.
J'ai essayé de lire, d'aller aux toilettes, d'attendre. Rien.
J'ai essayé de réveiller le petit espagnol pour qu'il me tienne compagnie ("mais laisse-moi dormiiiiiiiiir-euuuuuuuu" bon). Rien à faire.
Alors j'ai mis mon manteau.

Ciel blanc.
Pluie fine et régulière.
Je suis pensive, et rien ne presse.
Je suis bien.

Tililing !
(Bruit que fait mon tel quand je reçois un texto)
Ah ?
J'essaye de deviner qui ça pourrait être, je n'attends aucun message.
Je sors le tél de ma poche.

Cat.
Wooow !
Encore lui ? Pourquoi ?

"Salut mon ange. Comment va ma parisienne préférée ?"

Sourire, joie, douceur.
Il a toujours envie de me voir.
Malgré les mois qui passent, malgré les 230km entre nous.
Lui répondre ?
J'hésite.
Oh allez, pourquoi pas.
Pourquoi pas ?
Je sais pas.
La flemme peut-être, la distance justement, et les mois qui passent.
La flemme surtout.

Je pose le téléphone sur mes cuisses.
Songeuse.
Cat, mon beau Cat ...

Je le reprends.
J'écris.

"J'ai beaucoup pensé à toi, mardi dans un bar j'ai vu un homme qui te ressemblait, mais moins beau. J'ai eu très envie de (toi) te voir. Et encore aujourd'hui. J'espère que tu vas bien !"

Des mois que je n'avais pas fait l'effort.
Voilà, c'est fait, j'ai répondu.
J'ai bien fait ?

Texto.
Lui.
Rapide.

"Je suis à deux doigts de prendre un billet pour Paris"

J'hallucine.
Lui, à Paris ? Il viendrait vraiment, tu crois vraiment qu'il en est capable ? Pour moi ? J'aimerais bien voir ça ! Lui dans ma ville, lui dans ma chambre, lui contre ma peau, lui avec moi, sans l'effort du voyage. Ca poserait problème qu'il vienne ? J'avais donné RDV à mon espagnol, cet aprèm, on devait regarder un film chez moi, il était content, j'annulerai alors, est-ce que ça vaut le coup ? Est-ce que ça se passera bien ?

Je me perds en questions.
Oui ? Non ?
Choisis !

Oui. Je suis trop curieuse, et oui, j'ai envie, j'ai vraiment envie qu'il vienne.

Moi: "Ca n'est pas moi qui t'en empecherais ! Dis-m'en plus"

Il met plusieurs minutes à répondre.
Je m'inquiète.
Va-t-il me refaire le coup du "ta réponse n'est pas très enthousiaste, tant pis, j'irai là où on veut de moi vraiment" ?
Je suis tentée de lui écrire à nouveau, sans attendre.

Mais il répond enfin.

"Je regarde les horaires TGV"

Youuuuuuuuh ! Allez, je le motive à fond !

Moi: "Si tu es partant je t'offre ma chambre et toute ma présence ! tu n'as qu'à me dire quand tu arrives".

Lui: "16h02 Paris Nord"

Waaaah ! C'est magique !

Moi: "Parfait, vraiment parfait Je viendrai à la gare ! Je suis très excitée, quel imprévu !"

Lui : "oui, en effet, tout ça ... à toute"


Il vient.
Il vient, c'est sûr.
Dans 3h, à la gare, ensemble.
Aaaaaaaaaaah !

Viiiiiiiite ! Téléphone à mon pote homo (tu sais pas quoiiiiiiiiiiiiiii truc de ouf méga dingue wahouuuuu qui m'arrive ??? Hum), textos à Mimie pour la prévenir, texto au petit espagnol pour annuler, entrevue avec mes coloc', rangement de la chambre, douche, épilation, inspection générale, rien de comprométaaaaaant à porter de vue ?

Aphone, reste zen.
Oui c'est vrai, calme.

Musique, je rêvasse sur mon lit.
Simple.
On va passer un bon moment, c'est sûr.

Inspiration.
Je suis prête.
Manteau, miroir, traits noirs sous les yeux, pas mal pas mal, on a vu plus moche comme nana, ahah. Hum.

Métro.
Sourire collé au visage.

16h02, j'y suis, pile à l'heure.
Son train n'est pas là.

"Suite à un incident, les trains à l'arrivée de la gare subissent un retard de 10 à 20 minutes, nous vous prions de ..."

Parfait, ça me laisse le temps de décompresser encore.
J'ai la poitrine qui va exploser.

Et puis son train approche enfin, lentement, sûrement.
Les portes s'ouvrent.
Et tous ces gens qui ramènent des bouts de Lille en eux.
Je les envie presque.

Et puis ça y est, je le vois, il me regarde, il avance, comme les autres, il s'arrête devant moi, juste pour moi.

Cat n'est pas un homme qui attire le regard.
Cat est simple, sobre, camouflé dans la foule qu'il aime anonyme.
Un long manteau gris, un tee-shirt noir manche longue, un pantalon droit, foncé, des chaussures noirs, un sac en bandouilière.
Simple, en apparence.

Et comment écrire la suite sans risquer de mal faire ?
J'ai le ventre encore en montagne russe, et ce sourire, et ces vibrations partout en moi.

Il s'approche, "bonjour ! C'est pour moi ce grand sourire ?" je le dévore des yeux en réponse, il s'approche encore, embrasse ma joue gauche, puis la droite, je suis immobile face à lui, il me propose qu'on avance, alors oui j'avance, mais j'aurais pu rester là, longtemps, silencieuse, il dit "waah je suis content d'être là !", et j'observe son regard émerveillé, j'observe, j'absorbe, je le vis, je sais que je vais l'emmener chez moi, je sais qu'on s'allongera sur mon lit, je sais qu'on parlera beaucoup avec les yeux, je sais qu'on attendra, qu'on se touchera, qu'on se sentira, qu'on se tiendra fort, je sais tout ça, c'est juste une question de temps qui coule tranquillement, alors je savoure les retrouvailles, je le laisse faire, il le fait bien, il est si agréable à être regardé.

J'aime les silences entre nos phrases, il dit "ça fait plaisir ce sourire, vraiment beau, il te va bien, c'est moi qui fait ça ?", je lui demande s'il est fatigué, oui, il a fait fort hier soir, grosse soirée, mais il est content, vraiment content d'être là, et ça redevient comme avant, entre nous, comme si c'était hier, oublié le temps, oublié la distance, juste ses yeux et son charmant sourire, à présent j'en suis certaine, je suis vraiment contente qu'il soit venu.

Il me montre son billet retour, demain, à 18h, oui c'est bien comme horaire, il me demande où je vis, ce qu'on pourrait aller visiter, ce soir ou demain, non pas de suite, oui d'abord on va chez toi, regards complices, on rit beaucoup, il regarde partout, les gens, l'univers parisien ... magique tableau, pour lui, pour moi face à lui.

On est chez moi, visite, tu as soif, tu veux quelque chose ?, il ne s'assoit pas tout de suite sur mon lit, comme intimidé, amusant, il s'allonge enfin, on parle beaucoup, on se regarde beaucoup, il dit "tu veux faire l'amour ?", je dis oui, son regard est si pénétrant, on ne bouge pas, on rit, on attend, j'imagine mes mains qui le touchent, il s'approche pour m'embrasser, j'ose à peine répondre, attends, laisse-moi te voir, laisse-moi regarder ton ventre, ton ventre si fin, si blanc, ton nombril, la marque de ton ancien percing, le grain de beauté, tes côtes, laisse-moi imaginer tous les possibles, et ma main le frole, puis revient, puis mon nez caresse sa nuque, le respire, ses cheveux, sa joue qui chatouille ma joue, ses lèvres, stop, regards, sourires, et ce ventre encore qui m'attire ... et nos corps qui se rapprochent, qui se tiennent et qui ne savent plus quoi faire, par où commencer ...

Tu as faim ?

20h, on va sur mon balcon, il fume une cigarette, on met de la musique, du jazz, et d'autres choses, je prends ma guitare, on chantonne Bachung, Lavilliers, on va dans la cuisine, bonjour à ma coloc, sourires complices entre filles, je décide de faire des crêpes, il veut faire la pâte parce qu'il aime ça, je m'occupe de la cuisson, il est impressionné par mon art de faire sauter la crêpe, on est rival, on rit, on redevient ami, loin physiquement, proche mentalement, on se confie, on se dévoile, on se moque, sans le désir, juste bien ensemble.

Minuit, mon pote homo qui m'appelle "Aphoooooooooone t'avais dit qu'on sortait ce soiiiiiiiiiiiiir !", je mets de longues minutes à me décider, Cat ne veut pas venir avec moi, il est fatigué, je n'ai pas envie de le laisser, mais j'ai encore moins envie d'abandonner mon ami, alors je tranche, j'enfile mon manteau, je lui dis "si tu dors quand je rentre, je pourrais te réveiller ?" il me dit oui, sans hésitation, alors je file, et je cours dans la nuit, douce odeur.

J'emmène mon pote homo à la fête où je suis invitée, place Saint Michel, il a un peu bu, il est souriant, bavard, l'oeil brillant, je le regarde tendrement, je suis à demi absente, il y a une partie de moi qui pense déjà au retour, et l'autre qui pense à mes amis, mais je sais que ça ne sera pas long, et que la nuit passera vite, alors je ne m'inquiète pas, et je hurle dans le métro, et on est mort de rire, inlassablement, et les gens nous regardent vraiment très étrangement.

On retrouve Mimie, son copain, et puis mon petit espagnol fou.
Il me dit "t'es pas venu avec ton pote de Lille ?" je dis que non, il me demande "c'est qui ce mec ?? C'est un ex à toi ? Il dort avec toi ??", je ne veux pas mentir, je ne veux pas répondre, je dis "haaaaaaan mais t'es jaloux ou quoiiiiiii !", je m'en sors pas trop mal en ce qui concerne l'art du changement de sujet (hum), et je pars danser, mais j'ai un peu honte soudain, je sais qu'il se doute, je sais que ces choses là se sentent, et même si ça n'est pas sérieux entre nous, je me sens mal d'un coup. Mais si je lui dis, j'ai peur qu'il s'éloigne encore plus (déjà qu'on se voit pas des masses) alors je ne préfère pas.

La soirée n'est pas terrible, on s'emmerde, malgré tous nos efforts, avec Mimie, pour mettre de l'ambiance (musique ridicule, danse énergique au milieu du salon, cris, chants paillards ...) 
Rien à faire.

Vers 3h, mon pote homo me dit "viens, on se casse sans dire aurevoir !"
"Oh ouai grave ! Deux secondes, je prends mon manteau !"

3h01, on est dehors, on rit comme des cruches, on hurle sur la place Saint Michel, et on marche jusqu'à notre noctilien.
"C'était pourri la soirée !"
Rires.

Mon pote homo descend du noctilien, bisous, on se revoit vite ?! grands signes à travers la vitre du bus.

Il me rappelle 10 minutes après.
- Au fait Aphone, c'était pour te dire, on a changé d'heure ! Il est pas 3h mais 2h ! Ca veut dire que tu as une heure de plus pour profiter de ton amoureux !

Waaah !
Je me hâte de rentrer.
J'ouvre la porte sans bruit, me déshabille lentement, m'allonge à côté de lui, le temps que mes yeux s'habituent au noir.
Je vois enfin son visage, je l'observe quelques secondes.
Il ouvre les yeux lentement.
Wah !

-Moi: Je suis rentrée, je me suis deshabillée, je suis venue à côté de toi, tout ça ne t'a pas reveillé, mais je t'observe et tu ouvres les yeux !
-Lui: Oui, c'est une présence lourd, un regard ... Et puis, je savais que tu devais rentrer, probablement ...


Je me blottie contre lui, il est fatigué, pas moi, impossible de dormir à nouveau, il me dit "tu n'as qu'à faire comme si j'étais éveillé", ça change de mon petit espagnol prude qui râle pour pouvoir dormir ! Et je le câline, jusqu'à plus faim.

11h30.
J'ouvre les yeux péniblement.
Je mets un moment à comprendre qu'il me sourit.

Debout, petit déj, douche, le ciel est bleu à travers le vitre, c'est une belle journée, il est d'accord pour une ballade dans Paris, je prépare mentalement un petit itinéraire des coins que j'aime bien.
Je me sens tellement bien avec lui.

On marche, rue Mouffetard, le Panthéon, on rentre dedans, j'adore, la grandeur, il aime beaucoup, le pendule du foucault, la crypte, la tombe de Jean Moulin, il passe sa main sur la pierre, je souris, c'est simple, nous deux, et puis on sort, jusqu'au Luxembourg, on s'assoit au soleil, silencieusement quelques minutes, puis le boulevard, la place Saint Michel, les quais, Notre Dame, et puis c'est déjà l'heure, Gare du Nord, on s'assoit à la terrasse d'un café, il m'invite, ce sont les dernières minutes ensemble, et je parle encore de la blancheur de sa peau, petit blond aux yeux bleus, alors que son père est algérien, et son dernier sourire, taquin, ses yeux plissés, et j'ai encore cette image en tête, trop nette, trop belle, on se lève, je l'accompagne jusqu'au quai du train, il me dit "tu peux partir tu sais, je dois aller tout au bout", je dis d'accord, je pense "pourquoi ?", il s'approche pour m'embrasser, je passe mes mains sous son manteau, je me sers contre lui, pour un dernier calin, il est déjà loin, lui, et moi je voudrais qu'il reste, encore, mais il est déjà absent, et j'embrasse sa nuque une dernière fois, je recule dans un effort, lui souris, aurevoir, et je me retourne, vite, et j'avance, dans l'autre sens, celui qui ne va pas à Lille, celui qui ne part pas avec lui, celui qui rentre à la maison.

Il est 18h.
Et j'avance rapidement jusqu'au métro.

Mon coeur fait des bonds, je ris, je me sens fragile, au milieu des gens, trop seule, mais encore trop pleine de lui, je ne sens plus mon corps, seulement mon coeur, même si je sais, le plaisir est là quand-même, j'aime tellement ce "nous", il est à moi, au fond de moi, et je le caresse doucement, dans la nuit, fragile mais vivante.

J'ignore quand on se reverra.
J'ignore même quand on se reparlera.
Mais c'est mieux comme ça.

Cat est dans mon coeur.
D'une manière étrange.
Mais il y est, ça c'est certain.

Ecrit par aphone
le Lundi 26 Octobre 2009
à 10:35



Commentaires :

  ninoutita
12-12-09
à 15:58

"Tout le monde veut devenir un Cat !"
Euh, pardon.
J'aime cet article, excuse-moi de parler de Kiss, mais ça me fait penser à lui et moi. Mais je ne vais pas m'étendre. J'ai hâte qu'on se raconte nos vies à l'oral, bien que la mienne soit bien moins trépidante...:)

  aphone
14-12-09
à 02:20

Re:

=)

Ne t'excuse pas. Si tu en parles c'est qu'il est important pour toi, c'est donc important que tu le fasses exister je trouve.

Ma vie n'est pas trépidante tu sais, enfin, pas en ce moment ... et j'ai hâte aussi.

  darkspike
20-05-10
à 19:10

mauvais calcul

Il n'y aura pas eu ce décalage horaire, ton titre était bon... lol

  aphone
20-05-10
à 19:57

Re: mauvais calcul

Mdr ! Oui j'me doutais un peu que j'avais pas bon mais les calculs m'ont trop pris la tête et puis ça passe inaperçu =p

  darkspike
20-05-10
à 20:06

Re: mauvais calcul

Je dirai plutôt : ça passait inaperçu....    = P 

  aphone
20-05-10
à 20:08

Re: mauvais calcul

Oui bah maintenant que tu l'as dit TOUT LE MONDE va savoir que je suis une quiche en calcul !!!! MERCI HEIN !!! (mdr)



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