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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Music all day long

C'est dur de faire le point quand tout semble flou.
Je ne sais plus si je dois rire ou si je dois pleurer mes souvenirs des mois passés.
Je ne sais plus comment raconter.

D'accord, il y a eu le petit espagnol, et sa présence un peu lointaine dans ma vie.

Il y a eu les nuits avec Mimie, la salopette qu'elle m'a offerte pour me consoler de mes fringues perdues, la soirée folle chez son copain, le petit espagnol qui regarde quel genre de sous-vêtement j'ai mis ce soir, hum, le réveil douloureux dans une chambre à l'étage, trop d'alcool, le petit espagnol à côté de moi, il se lève d'un coup parce qu'il est en retard, je n'essaye pas de le retenir, je vois bien que c'est inutil, qu'il n'a rien de plus que sa maladresse à m'offrir, et je rentre chez moi, seule, pensive, il fait doux.

Il y a eu la nuit avec ce mec, sa présence étrangère dans ma chambre, et mon envie qu'il parte au plus vite, je ne voulais pas vraiment de lui, je ne voulais pas de lui dans mes nouveaux draps jaunes et rouges, j'étais saoule, j'ai du dégout pour moi soudain, pour mon incapacité à dire non quand je n'ai pas envie plus que ça, et le sourire que je lui offre quand il part enfin, je dis aurevoir, je pense adieu, je masque tellement mes émotions, j'aimerais avoir déjà oublié, mais est-ce qu'on oublie vraiment toutes les peaux qui nous frolent la nuit ?

Il y a eu le séjour à Grenobre, cette ville nouvelle, cette ville où je me suis heurtée à mon propre vide, à mon propre rien, cette ville où j'ai commencé à comprendre qu'il fallait que je me recentre un peu, au moins un peu, qu'il fallait que j'arrête de courir nue partout, nue et saoule, qu'il fallait que je trouve des repères à ma vie, d'autres repères que les verres de pinte et les inconnus qui me touchent sans aucune barrière, parce que je ne peux pas passer ma vie à ne vivre qu'avec mon corps.

Il y a eu la soirée chez Th, mon ex, parce qu'on est ami maintenant, et que ça fait du bien, retrouver sa chambre, son salon, son gros chat, et puis il y a eu ce pote, celui que j'aimais bien quand j'étais avec Th, celui qui avait voulu quand je n'étais pas libre, il est là encore, comme à l'autre soirée, celle où je me suis rapprochée, pour le toucher enfin, et son sourire amusé devant mon manque de tact, on s'est retrouvé, on s'est eu, on est revu, il n'habite pas loin, c'était simple, mais est-ce que ça vaut vraiment la peine, est-ce que ça m'ammenera vraiment jusqu'au bonheur, à quoi bon, puisqu'on se s'aimera pas, puisqu'on ne vivra jamais rien de fort tous les deux, puisqu'on a rien à s'offrir ?

Il y a eu le week end à Orléan, pour l'anniversaire du pote-qui-aime-beaucoup-les-femmes, notre escapade en voiture, Mimie en co-pilote, et les mecs derrière qui se foutent bien de la route qu'on prendra, alors on décide de contourner l'autoroute, on rit, parce qu'on se perd, parce qu'on est vraiment nulle, et j'ai aimé conduire entre les arbres au début de la nuit, j'ai aimé revoir les routes que j'avais prise avec mon ex coloc-italien, j'ai revu cette journée passée ensemble à parler de nous, ça semble tellement loin déjà, c'est le passé, ça n'a duré que deux mois, et je ne suis pas triste, et il ne me manque pas, mais je n'oublie pas, stop, je referme le souvenir, il y a qu'on est presque arrivé, et Mimie qui me fait couler du vin rouge dans la bouche, parce que je suis une super conductrice, je pense que Mimie me fait un peu trop confiance, je pense qu'on passe sa vie à froler le danger, mais j'ignore pourquoi, stop, on arrive enfin, il y la musique au bord de l'eau, tous ces inconnus, il fait noir, je bois vite, je bois tout, je me lance le défi d'attendre l'aube pour m'endormir, ça y est je suis saoule, je danse, je crie, j'insulte, incontrolable, je suis complètement saoule, je m'en rends compte au moment où je comate sur les cailloux, allongée sur le dos, et qu'une fille me saute dessus pour m'embrasser fougueusement, euh, je suis dans quelle dimension là en fait ?

Il y a le petit espagnol qui s'énèrve, qui me dit que je suis une vraie biatch, oups, c'est pas moi c'est elle !, il disparait, il disparait toujours, il n'est jamais vraiment là, comment veux-tu, j'ai froid, je vais près du feu, c'est chaud, je sens que je suis dans les bras de quelqu'un, un homme, ça n'est pas l'espagnol, tant pis, je sens l'odeur du bois qui brûle, j'ai la sensation que la nuit ne se finira jamais, et pourtant le ciel s'éclaircit, je suis seule près du feu, où sont les autres, et je réalise que j'ai encore trop bu, absente, et je pars dans la tente en titubant, rejoindre Mimie et son copain, ça fait longtemps que vous êtes là ? - ouai on s'faisait chier -ah, d'accord, j'ai du mal à savoir si je me fais chier moi aussi.

Des voix me tirent de mon sommeil, y'a qui dans la tente là bas ? - y'a la fille qui traitait tout le monde de pédé hier soir, ah, je crois qu'on m'a nommée, j'ouvre la fermeture dans un effort, et je crie qu'est-ce que t'as pédé !, ok, je peux me rallonger, je pense qu'il va sérieusement falloir que j'arrête de dire ça tout le temps, d'autant plus que mon meilleur pote homo rentre bientôt des USA, hum, je vais discuter avec les inconnus, c'est beau la Loire avec ce soleil, je me sens bien, même si je suis crade, Mimie décide qu'on est obligé de faire un pique-nique avant de repartir, alors on prend la voiture, on cherche de la nourriture, un dimanche midi dans un coin paumé, on rit, on trouve enfin, je retourne dans la voiture avec mon sandwich, il fait bon, mes yeux sont lourds, je les ferme, la tête entre les bras, sur le volant, j'ai sommeil, je m'écroule sur le siège passager, presque ronflante, mais le frein à main me gène, je le descends dans un dernier effort, je dors.

La voix de Mimie me réveillle, elle hurle en courant après la voiture, je me redresse, ah oui en effet, je suis en train de partir en arrière, je tire le frein à main, je ris, mais qu'est-ce que tu fous Aphone, euh, je me dis que j'aurais peut-être du dormir un peu plus, et si je cessais de toujours me mettre en situation d'insécurité ?

Il y a le pique-nique, le soleil, nos genoux dans l'eau avec le petit espagnol, on se tient la main, je souris, on est mignon, mais je ne ressens rien, seulement de la tendresse, il est maladroit, j'ai envie de rentrer à Paris, on plie la tente, je démarre, on prend l'autoroute cette fois-ci, pause pipi, j'envoie un texto à mon pote homo, les fesses sur la cuvette, hum, il me manque, on repart, je reçois sa réponse, euh, je crois qu'il était pas pour moi le texto !, je le relis, oups, c'est vrai que suis totalement incompréhensible, je flotte, et on arrive à Paris, Mimie ne veut pas me quitter, elle vient chez moi, et on fait des crêpes, on fume sur mon balcon, je suis naze, mais elle arrive à me trainer jusqu'au resto chinois, le soir, parce qu'il faut absolument que je goute leur super soupe, ok Mimie, elle dit Aphone, tu pues le naturel, je ris, est-ce qu'elle a raison? il est minuit, on se quitte au métro, et j'ai l'impression de vivre vraiment en décalé, en spectateur de moi-même, toujours un peu absente, sans vraiment savoir pourquoi.

Il y a eu la nouvelle coloc, celle qui vient de Corse, et que j'ai adoré dès la première fois, parce qu'elle me fait rire.

Et puis il y a eu cette soirée horrible, mi-septembre, la fête de l'huma, ce texto de ma mère, tu peux garder tes petits frères deux nuits s'il te plait, je pense non, je respire, je dois le dire, je réponds non, je souffle, mi-satisfaite, je n'veux plus être une mère pour elle c'est certain, mais ça n'est pas si simple, je savais que ça ne serait pas si simple, elle m'a tellement habituée à dire oui toujours, toujours lui obéir, alors elle ne comprend pas le changement, elle refuse, elle s'énerve, cruelle, elle sort les menaces, j'ai avalé des médicaments, je n'en ai plus pour très longtemps, oh non, pas ça maman, pas encore, je tremble, j'envoie des SOS à mes amis, j'ai peur, Mimie qui appelle les pompiers, et qui essaye de me persuader que je ne peux rien faire, que je dois vivre ma vie, qu'elle essaye simplement de me faire peur, je réponds oui, mais je pense non, jusqu'à ce texto d'elle, Si c'est toi qui a appelé les pompiers, tu peux leur dire que tout va bien en fait ? Parce que sinon ils vont m'emmener tu comprends, coeur qui saute, le choc est trop brutal, pour la première fois je comprends, je comprends qu'elle est capable de tout pour me garder sous son emprise, je comprends qu'elle ne se soucie pas de moi, qu'elle ne s'est jamais soucié de moi, mais uniquement d'elle.
J'ai rejoins Mimie, j'ai essayé de rire, j'ai trop bu, j'ai pleuré, j'ai hurlé, j'ai vomis, j'ai sombré.

Il y a eu cette semaine de pleurs et de solitude, mon père qui s'inquiète, Mimie qui prend soin de moi, et cette prise de conscience douloureuse, et le psy qui fait semblant de s'étonner -vraiment, vous ne vous en rendez-compte que maintenant ?, comme si c'était facile, comme si c'était supportable, vous vous rendez compte que son cas est grave ?, non, je ne veux pas, et quand elle m'a écrit un nouveau message, deux semaines plus tard, sans un pardon, sans une explication, simplement un dis-toi que j'aimerais bien qu'on mange ensemble un de ces quatres, j'ai cru m'étrangler de colère, j'ai compris que j'allais devoir tout changer, toute démolire, et tout reconstruire, à la recherche d'un nouvel équilibre. Sans elle.

C'est difficile d'avouer que sa vie n'est pas comme on aimerait la raconter.
Mais j'essaye de rester légère.

Alors il y a eu ce premier cours de chant, tant attendu, deux jours plus tard, qui m'a redonné le sourire, le temps d'une pause, d'un second souffle, ce cours de chant jazz avec ce prof québécois qui me demande de tirer l'air jusqu'au bout, je ris, j'adore, sa guitare, je suis fascinée, il me demande de crier comme si y'avait quelqu'un au loin, et je crie, ça libère, j'expulse, j'ouvre tout en grand, il me dit j'ai hate que tu sois rétablies parce que t'as un super beau son quand tu fais tes A, je souris, moi aussi j'ai envie de me rétablir, je n'ai rien mangé aujourd'hui, je me sens faible, mais je suis tellement heureuse de reprendre le chant là où je l'avais laissé, il y a trois ans, je suis tellement heureuse, inexplicablement.

Il y a eu ma Cé, nos retrouvailles enfin, la soirée dans sa cité U, sa guitare rouge, son immense bordel de tablatures, joyeux bordel, on chante tout, on chante fort, on se souvient du lycée, notre petit concert ensemble, j'ai le coeur qui s'ouvre comme plongé dans une eau délicieusement chaude, plongée dans la musique, emmenée par la musique, loin de moi, loin des soucis, il y a nos yeux qui se disent tout, et cette phrase, music all day long i hope, elle part en angleterre, je suis un peu triste, mais j'ai envie qu'elle réalise son bonheur, oui, elle est perdue aussi, ma Cé, mais j'aime savoir qu'elle avance avec la musique, j'aime, ça me rassure, et je promets de venir la voir quand elle sera là bas, on promet qu'on ne laissera plus la distance et le temps nous éloigner à nouveau, t'es comme ma soeur tu sais, on se ressemble tellement.

Il y a la soirée chez le cop de Mimie, je ne bois pas, je ne bois plus depuis, depuis tu sais, ce fameux soir, elle me dit tu DOIS être heureuse Aphone, force-toi, tu le mérites tu sais ! j'ai le coeur qui se serre, je pense à la musique, vite, toujours penser à la musique, j'attrape la guitare, ça va mieux, le petit espagnol arrive, il me regarde, il s'inquiète, ça va pas Aphone, t'es toute sage, tu dis rien !, je pose ma tête contre lui, il est gentil quand-même, et puis il se lève et il crie APHONE, REGARDE J'AI MIS CETTE CHANSON POUR TOI !, je ris, il a mis les Cranberries, il sait que j'adore, et je me lève, je chante, je danse, je m'essouffle, et ça me fait un bien fou, et j'invente des sons, des vibrations, des notes comme des bulles de toutes les couleurs, je me mets à l'intérieur, c'est doux, je m'envole un peu au dessus de tout. 

Et puis surtout, il y a le retour de mon pote homo, après 3 mois d'absence, lui et son long voyage aux USA, il m'a tellement manqué, nous sur son balcon, il me dit t'as l'air triste, non, plus maintenant, maintenant qu'il est là, Lui, mon ami, maintenant qu'on peut à nouveau hurler dans le métro ensemble, et rire toujours plus fort, maintenant qu'on est deux à nouveau, je me sens plus forte, je me sens plus gaie, et je lui raconte mes vacances, les week end en voiture, les rires, je dédramatise, mais surtout je l'écoute, lui, il me repose, je m'oublie à travers lui le temps d'une nuit, sur son canapé, devant les centaines de photos, devant ses yeux qui brillent, sa voix est douce, ses gestes sont doux, il n'est pas triste, il est juste plein de souvenirs, encore un peu là bas, mais il est là, il ne repart pas tout d'suite, mon coeur qui s'ouvre, débordant de joie, j'aime vraiment beaucoup notre amitié.

Alors bon, j'essaye de rester légère, même si ça va pas toujours, et qu'il faut que j'arrête de faire semblant parfois.
Parce que c'est fatiguant.
J'ai besoin de vivre un peu plus doucement.
Et de me faire du bien.

Pfiouuuu, en tout cas je sais pas si j'y arrive, mais c'est tellement bon de l'écrire !
En plus, ce soir, j'ai mon cours de chant jazz !

Coooooooooool !
Music all night long !
All night loooong ! All night, all night ! All night loooooong ! All night !... (hum)

Ecrit par aphone
le Lundi 07 Décembre 2009
à 18:49



Commentaires :

  darkspike
20-05-10
à 17:55

oh un article sans commentaire Oo

Surtout sur un article comme celui-ci cela m'étonne, toute cette perdition, toute cette douleur que tu poses par écrit, et ce plus difficilement qu'il n'y parait (enfin je suppose) je me dois de boucher ce vide.

Cependant je n'ai pas encore lu les articles suivants (sauf les derniers histoire d'être un minimum à jour, eh oui ton joueb m'attire, m'accroche et m'envoûte!) donc pour éviter toute maladresse je vais me contenter de ces quelques lignes.

C'est peut-être déjà loin pour toi cet article mais si toutefois ça ne l'est pas et que tu as besoin d'une "oreille" (ou même de conseils sait on jamais) externe à ton entourage (d'amis)  des fois que ça soit plus simple pour toi surtout n'hésites pas ;)

Bizz !

P.s.: Je m'empresse de lire la suite... 


  aphone
20-05-10
à 20:05

Re:

C'est touchant ton commentaire ! Bin tu sais c'est pas facile de commenter ce genre d'article où je raconte les trucs assez tristes que j'ai vécu. Merci pour ton soutien =) j'vais beaucoup mieux, j'ai passé un hivers très rude et douloureux mais c'était essentiel et j'ai accepté beaucoup de choses depuis. C'est trop cool de venir boucher mes vides =)) et je suis vraiment heureuse de voir que tu prends plaisir à lire mon joueb ! Merci beaucoup beaucoup ! Bises



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