Mon prof référant

La première fois que je l'ai vu, c'était le jour de la prérentrée. Il nous a dit "c'est moi qui suis chargé de votre classe : si vous avez le moindre soucis, je vous donne mon numéro, mon adresse email, n'hésitez pas à me contacter".

Il était beau. Dès les premiers minutes, j'ai pas tellement réussi à faire attention à ce qu'il nous racontait. J'regardais son corps. Le même corps fin que l'amant de Lille. Les mêmes veines saillantes sous la peau des avants bras, le même ventre plat et ferme, les mêmes cheveux châtains dressés vers le ciel. Je regardais son corps avec insistance pendant les 90 minutes que durait son cours. Ca égalait n'importe quel film pour adulte de qualité. Je le déshabillais mentalement en me rappelant l'odeur de mon amant, le goût de sa peau de lait, le son de sa voix suave. J'étais très attentive, je ne perdais aucun de ses mouvements. Aucune ondulation du bassin n'aurait pu m'échapper. Il portait un jeans taille basse avec une ceinture posé sur ses reins. Il avait toujours un tee-shirt suffisamment moulant pour deviner l'absence de formes de ce corps plat et mince. Il était calme, bougeait lentement, toute en virtuosité. J'avais pris l'habitude de me mettre au premier rang. Je ne voyais que son ventre. Parfois il allait écrire quelque chose au tableau, ça ne durait que quelques secondes, mais ça suffisait. A la fin du cours, Je ressortais toujours un peu étourdie.

Au 5ème cours, tout a basculé. Je n'avais rien vu venir. Au début tout allait bien, mes yeux avaient repris leurs places habituelles sur ce corps directement envoyé par les Dieux pour nous rappeler notre devoir (la procréation). Il avait mis un pull assez fin pour qu'il ne me dérangea pas plus que ça. Au bout de quelques minutes, il a probablement eu chaud, il a commencé à retirer son pull. J'étais comme au cinéma. Les sens plus alertes que jamais, prête à faire rentrer dans mon cerveau chaque petite courbure de son ventre. Une chatte en chaleur ne m'aurait pas volé la vedette. Je me liquéfiais littéralement sur ma chaise. Tout son corps a bougé, tous les muscles de son ventre se sont animés, c'était du grand cinéma d'auteur. Il a laissé retombé son tee-shirt sa peau. Ca m'a fait comme un coup de ventilo sur un visage en sueur. J'aurais bien voulu qu'il enlève le reste aussi.

Et puis soudain, j'ai été très intriguée. Je l'ai regardé longtemps, mais cette fois-ci je l'ai regardé intégralement, des chaussures aux cheveux, pris dans son ensemble, et je suis restée con devant une telle évidence. Comment j'avais pu ne pas voir ?? C'était pourtant énorme. Tout d'un coup j'ai vu. J'ai vu son tee-shirt -pas seulement son corps par transparence, non, son tee-shirt- : il était rose. Dessus, il y avait écrit, en gros caractère noir : UNLESS TO RESIST. Et puis d'un coup j'ai entendu sa voix plus clairement. Il parlait comme eux, comme tous ces hommes qui vont dans les bars du Marais le samedi soir. J'ai frémis. C'était dur à accepter. Et pourtant, mon prof référent était gay. Aucun doute.

Je me suis mise à l'imaginer dans toutes sortes de positions gênantes, voire même plutôt troublantes, ce qui a tout de suite freiné ma créativité cinématographique. Il avait perdu le premier rôle. Désolée mademoiselle, il n'y aura plus de projections. C'est fini. L'acteur ne couche plus qu'avec des hommes.
Et merde.

J'ai mis beaucoup d'heures à m'en remettre.


(C'est la photo de lui que j'ai trouvé sur Fassbook)
(Franchement c'est trop dommage, il aurait fait un superbe hétéro !)

Mon rat

Mon rat est une femelle. On appelle ça une rate. Tout le monde écrit ça une ratte. Mais nan, c'est comme l'organe.

Avant, j'avais 2 rates, et un con de lapin aussi. C'était quand ça ? Y'a 3 mois ? Putain, j'ai l'impression que c'était y'a des années toutes ces conneries. Quand on dort pas, les journées comptent doubles, forcément.

Le con de lapin, il est parti chez une amie éloignée du neveu de mon ex. C'est triste à dire, mais y m'a même pas manqué. J'étais pas non plus nostalgique devant le câble de mon PC tout bouffé. J'dois pas avoir de coeur.

La deuxième rate est morte un matin. J'ai pas pleuré non plus, mais entre nous c'est normal, j'ai relativisé depuis. Je l'ai regardé mourir, elle était belle dans son agonie. Je surveillais son ventre qui respirait 1 fois sur 10. Quand je suis revenu de ma leçon de conduite, elle ne respirait plus. J'suis allée chercher une boite de tubes pour rouler les clopes, j'ai mis du sopalin, pour qu'elle s'y sente bien, et je l'ai mis dedans. Ca m'a fait bizarre de la toucher, c'était la première fois que j'osais toucher un corps vide. On l'a enterré près d'un canal. C'est con, elle était vraiment belle. Ca vit pas longtemps ces petits machins, comme dirait l'autre.

Là y m'reste Kira. Mon fardeau.
Ca a commencé quand je l'ai confié à mon frère cet été. "Euh, tu savais que ta rate était pleine de poux ?"
Bon. Je suis rentrée de vacances, j'ai acheté du produit anti-poux. Je l'ai confié à mon père et je suis repartie à Lille.
Quand je suis enfin rentrée pour l'emmener dans notre nouvel appart', je la retrouve inerte, très mal en point. Paniquée, je me dis que j'vais l'emmener chez le véto, pour la sauver.

Ca fera 30 euros mademoiselle.

Tout ça pour quoi ? Une piqûre de 3 gouttes et 1 microtube d'antibiotiques. Bon.
Mais la picouze fait son effet, et l'animal revit.
Mais pas très longtemps.
2 semaines plus tard, elle me refait le coup du cadavre.
RE-véto.
RE-picouze.
RE-antibio.
RE-30 euros.
Et 2 semaines après, l'animal re-meurt, inlassablement.
Un peu comme un ballon qu'on gonfle à plein poumon et qui se redégonfle à chaque fois.
Alors quand elle a refait la morte, j'me suis dit que j'en avais assez de l'emmener tous les 15 jours se faire shooter grâce à mon porte-monnaie.
J'avais capitulé. J'avais décidé de la laisser mourir. Ok Kira, si c'est ça que tu veux, bah vas-y, j'te retiens pas, j'vais pas t'forcer non plus !!!
J'avais recouvert sa petite cage d'un drap blanc et j'attendais, me demandant où j'allais bien pouvoir l'enterrer. Mais chaque fois que je soulevais le drap pour la regarder, elle respirait toujours.
Elle s'accrochait.
Alors un jour, j'l'ai prise dans mes mains, et je l'ai regardé gravement. Je lui ai dit "Kira, écoute-moi bien : j'ai décidé qu'on allait affronter la mort maintenant, et seules tu m'entends, sans cette connasse de véto qui sait même pas retenir ton prénom". C'était une scène hyper émouvante. Elle a essayé de me regarder, mais elle avait des croûtes plein les yeux. J'ai pris la seringue en plastoc de la véto, et j'lui ai mis du blédina dans le ventre tous les jours. J'la nourrissais comme un bébé. J'la lavais tous les jours, dans le lavabo, j'enlevais ses croûtes avec amour. Au moins elle se débattait pas. J'crois même qu'elle aimait bien.
Ca a duré longtemps comme ça. Un vrai fardeau. J'me disais que ça servait à rien, que j'faisais que d'faire reculer la mort. Les gens me parlaient d'euthanasie, qu'elle faisait peine à voir. Mais je continuais.
Puis un jour, quand je suis rentrée des cours, j'ai vu qu'elle était sur son étage en plastique : elle s'était remise à bouger. Elle marchait ! Et pire encore, elle sautillait pour me faire comprendre qu'elle avait faim. J'ai eu du mal à y croire sur le coup. Mais c'était bien elle, comme neuve. Guérie.

Il y a vraiment des choses qui m'échappent dans ce monde.
 
Soirée loose

Ce soir, c'est soirée loose.
Oui, j'en ai décidé ainsi.
Et j'ai pleins d'arguments pour ma défense.

Déjà si on fait le bilan de ces derniers mois, j'ai carrément repousser les limites du possible :

- J'ai eu mon permis de conduire (je ne me lasserai jamais de vous le rappeler)
- J'ai sauté à l'élastique aux Solidays (oui, j'vous l'ai pas dit, d'ailleurs j'crois que j'vais pas en parler, j'en ai encore les poils qui se dressent !)
- J'ai quitté le 4eme homme de ma vie (que la vie est dure)
- J'ai pris l'avion
- Je me suis bourrée la gueule plus que de raison et j'ai expérimenté des spécimens humains de diverses nationalités
- J'ai conduis contre vents et marées, j'ai même foncé dans le cul d'une camionnette blanche (heureusement, le pilote devait pas être hyper en règle vu qu'il m'a laissé partir en me disant "c'est booooon, elle a rien votre voiture madeumouaselle, y'a pas d'problème regarde !")
- Je me suis fait percée le nombril (oh douleur)
- J'ai arraché mon rat des mains de la mort ! (aaaaaaaah)

Bon, alors, tu dis pu rien hein !
Catwoman dans toute sa splendeur !

Mais ce soir, non, mesdames messieurs, ce soir, c'est soirée tendresse.
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.
Ce soir, j'ai regardé ma guitare avec amour, et j'lui ai dit "eh, petite, si tu as froid, tu peux peut-être venir me rejoindre dans mon lit ..."
J'vous laisse imaginer la suite.

Et puis mon pote homo m'a appelé
- Heeeeeeeeey, tu viens, on va dans le Marais, dans le bar qu'on aime bien, tu viens hein ?

J'ai considéré sa proposition.
La dernière fois qu'on est allé dans le Marais, c'était pas tellement la classe américaine.
Enumérons :

- déjà, y'avait que des homos
- des homos qui n'aiment pas les moules parce que ça pue et qui trouve que je parle comme leur cousine
- les bars étaient tous pleins à craquer
- on s'est bourré la gueule à la Hollandia (la bière la moins cher qu'on puisse trouver à Paris, parce que forcément, mon pote homo est pauvre)
- on a finit dans une ruelle à 1h du mat où nous avons fièrement uriné l'un en face de l'autre
- puis on a eu la superbe idée de danser une valse endiablée (sans fond sonore en plus, tout en improvisation)
- on s'est retrouvé par terre, après une chute d'une grâce merveilleuse, étalé fièrement comme des cachalots sur le pavé (vraiment dommage que personne ne nous ait vu)
- par conséquent, j'ai troué mon nouveau collant marron
- j'ai passé le reste de la soirée à montrer mon genoux en sang à tout le monde
- mais aucun homo ne m'a offert une nouvelle paires de collants marrons
- et j'ai eu une vieille croûte au genou pendant 2 semaines

Non, vraiment, vous qui aimez Paris, je vous déconseille le Marais.

Me voilà donc, SEULE.
Mes colocs ne sont pas là.
L'appart' est vide.
Immensément vide.
Génialement vide.

Sur le mur de ma chambre, il y a cette immense affiche de Valse avec Bachir.
Sourire victorieux.
Je suis allée hyper souvent au ciné en bas de chez mon père pour voir s'il pouvait pas me l'a filé, à tout hasard.
J'ai attendu un mois.
Et ils me l'ont filé.
Gratos.
Je suis in love, ce film est fabuleux, les dessins trop beau beau.
aaaaaaaaaaah.

Je sors de ma chambre.
Ma guitare m'ayant épuisé le bout des doigts (violente chose), je me dirige vers le canapé.
Je mets Félix sur mes genoux, j'allume la téloch (geste rare).
Oh, la Star Ac'.

J'appelle mon Amour.

-Allo Moooooooooooon ?
- Ouiiiiiiiiiiii
- Tu vas bien ?
- Ouiiiiiiiiiiiiii, tu m'appelles pour quoi ?
- Bah pour rien, juste comme ça, pour savoir comment tu vaaas !
- Pour savoir où je suis et qui je vois et qui te sépare de moiiii !!?
- ... ET J'FRAI SEMBLANT DE CROIRE EN TES MENSONGES !

Je crois qu'on craque.
On raccroche.

Ma pote Djiou vient me parler sur MSN

- Bah alors, tu fous quoi ce soir ??
- Rien, la flemme de sortir, et toi ?
- Suis avec une pote chez moi
- Oki, bon bah on se voit plus tard =)
- Ca roule ma poule !

J'ai faim.
Mais depuis que je dors seule la majorité de mes nuits, j'ai pris du poids.
Il a bien fallu que je trouve une compensation, et cette compensation fut le chocolat.
Et je plongeais la cuillère dans mon pot de Nutella format familiale avec entrain, chaque jour, plusieurs fois par jour, abondamment.
Je crois bien que je n'avais jamais mangé de chocolat aussi vite que quand je me suis retrouvée célibataire, seule.
Le résultat : 4kg supplémentaires.
Eh merde.

Je bois ma soupe tomate et carotte.
Bon, c'est déjà meilleur que ma création précédente : soupe tomate et thon (j'vous déconseille).

Et puis je craque pour un œuf au plat coincé entre 2 tranches de pains, saupoudré d'une larme de Ketchup (bon ok, quelques larmes).
Mhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh.
Le bonheur c'est pas si compliqué.

Je reviens devant la télévision.
Oh, la Star Ac' est finie.
Comme c'est triste.
Je zappe.
Aaaaaaaaaaaaaaaaah, Sex & the cityyyyyyyy.
Je sautille sur mes fesses.

J'en oublierais presque le reste du monde.
J'en oublierais presque que j'ai un commentaire de texte à faire, du scepticisme à réviser, des cours à rattraper.
J'en oublierais presque que je n'ai presque plus d'argent, qu'il faut que j'envoie mon dossier à la caf et que j'aille apporter une tonne de papier à la fac pour ma bourse, qu'il faut que je trouve du travail.
Je suis juste bien, à prolonger la nuit, à admirer mon affiche et ma guitare, à rire pour un rien.
Et je craque pour quelques cuillères de Nutella.
Tant pis pour le régime, c'est l'hivers, ça s'voit pas.

J'aime cette solitude.
Le vide ne me fait plus peur. Le silence n'est plus une menace. La solitude n'est plus une angoisse. Je ne suis pas seule. J'ai l'amour de mes proches. Même si ça n'est pas fusionnel. Je ne cours plus après l'amour. J'ai enfin cessé. Je suis moi, je suis entière. Entièrement libre.

Alors pour la peine, je me sers un verre de vin rouge.
Et comme j'en suis déjà à mon deuxième verre, je crois que je vais poster cet article, histoire d'arrêter de dire des conneries.
C'est triste, y'a pu personne qui zone sur internet à 3h du mat'.
Mais bon, au moins ce soir, j'ai épargné mes collants.
Mais il reste encore demain soir.
Aaaah ! Vont-ils survivrent ???

Bonne nuit todos =)))