Quand j'ai flirté avec l'amant de Bruxelles, j'étais persuadée qu'on ne se reverrait jamais.
Mais il a demandé mon numéro.

Il m'a envoyé des textos.
J'ai répondu.
On s'est revu.
On a parlé.
Il m'a dit "tu vas me manquer petite".
On s'est écrit.
Tous les jours.

Quand je suis rentrée, l'amant de Lille m'a téléphoné, comme prévu.

- Alors, ton week-end ?
- Super, vraiment génial !
- Tu as vu l'Atomium ?
- Non … Par contre, j'ai fait une rencontre.
- Une rencontre ?
- Un belge espagnol, 28 ans, il est papa
- Ah, ça me rappelle vaguement quelque chose ça ;)

Il a eu une longue histoire avec une jeune maman.
Et quand le Bruxellois m'a dit qu'il était papa, j'ai souris.
J'ai pensé à Lui.

- Oui, j'ai pensé à toi ...
- Et donc, cette rencontre ...?
- J'sais pas, on va sûrement se revoir
- Ok, ok ... Très bien ...

J'ai senti comme une inquiétude dans sa voix, et puis il a changé de sujet.

Il m'avait pourtant dit "on se dit tout, je préfère, c'est plus sain".
Mais il a entendu l'excitation dans ma voix.
Je n'aurais peut-être pas du lui dire.

Il m'a moins appelé.
Je ne l'ai pas appelé non plus.

J'étais fatiguée.
Lassée d'être torturée avec lui, par lui.

Le Bruxellois, lui, est calme.
Très calme.
Quand je marche avec lui, c'est comme s'il dépliait un tapis rouge devant moi.
Il est doux, tendre, câlin, attentionné.
C'est lui, la pause dont j'avais besoin, juste maintenant.

Il m'a dit "je peux venir te voir à Paris ?"
J'ai hésité.
Je devais aller à Lille.
Dilemme.
Et puis au dernier moment, je lui ai dit oui.

Il est venu, avec sa plaque d'immatriculation belge.
On s'est enfermé dans ma chambre.
On a visité Paris.
3 jours avec lui.

J'étais juste bien.
Sans émotion violente, sans tremblement, sans angoisse.

On a marché des heures, on a admiré Paris du Sacré Cœur, on a admiré Paris de la tour Montparnasse, il a pris des photos, trop, moi aussi, ma petite photographe, il m'a fait rire sur les quais de Seine, il a fait l'éloge de mon ventre à Notre Dame, il m'a fait dansé sur la tour, dans la rue, il m'a donné des fous rires dans le bus, il m'a imité l'accent belge, il m'a chanté du Brel, il m'a offert des livres, il a bu des pintes avec moi le soir, il m'a écouté, il m'a murmuré des mots allemand à l'oreille, je ne comprenais rien mais c'était beau, il m'a bercé, doucement, simplement, j'ai fermé les yeux.

L'amant de Lille m'a écrit un texto.
"Tu ne perds rien pour attendre ma gourmande, fais vite …"

Provocation.

Il sait que je suis avec l'autre.
Je n'ai pas répondu.

Le week-end s'est terminé.
Suis allée en cours, avec des cernes aussi grandes que mon sourire.
J'ai raconté mes folies à mes cop's de cours.
J'ai commencé à apprendre l'allemand.

Oui je l'aime bien, oui il est beau, mais c'est tout.
Et j'ai été clair avec lui comme l'autre l'avait été avec moi.
Il ne sera pas plus qu'un amant.

Et puis j'ai attendu des nouvelles de Lille.
Mais rien n'est venu.
Je me suis dit qu'il attendait aussi, sûrement, que c'était à moi de revenir.
Mais c'est toujours moi qui vient.

J'ai donc attendu, longtemps.
J'ai déprimé.
Je n'ai pas eu la force de lui écrire, j'avais peur qu'il me dise encore "tu es fausse", j'avais peur qu'il dise "oublie-moi, c'est mieux", j'avais peur qu'il m'oublie vraiment.
Alors je n'ai rien dit.

Et tu m'auras perdu à me vouloir trop à te vouloir bâtir un amour éternel ennuyeux à mourir au lieu de te pencher vers moi tout simplement moi qui avait besoin si fort de nos printemps … (Brel)

J'ai laissé couler une semaine.

Et puis j'ai ouvert un nouvel email : "tu veux toujours que je te raconte mon week-end ?"
Il n'a pas répondu.

3 jours plus tard il ouvrait une fenêtre MSN.
Il me disait Adieu.
Encore une fois.
Il finissait par ces mots : c'est trop bête.
Je n'ai pas répondu.

Que fallait-il que je réponde, à 230 km de lui ?
Oui, tu es bête.
Tu penses trop.
Viens.

Je n'ai pas su quoi faire.
Trop confus.
C'est trop bête.

Je n'ai pas voulu y penser.
Le Brusselois m'a invité chez lui.
Je suis retournée à Brussel.
4 jours.
C'était bien.
Mais c'est tout.

Parce qu'au font, je le sais, que c'est trop bête.

Je revois son corps, fin, ses veines sous sa peau de lait, sa façon si singulière de m'embrasser, de me toucher, sa façon à lui de penser, et son putain d'appart qui se trouve toujours sur mon chemin, que je ne sais pas contourner, et ses derniers textos "ma puce, mon ange", c'est trop brouillon tout ça, ça veut dire quoi, son dernier mail où il me dit qu'il a besoin de me parler, le choix qu'il aurait voulu que je fasse, le choix qu'il a cru que j'avais fait ...

J'avais choisi personne.
J'avais juste choisi la facilité.
J'prends juste c'qu'on me donne.

J'ai juste envie d'un amant.
Et Lui, c'est un très bon amant.
Je ne veux plus d'amour, plus de relation, plus de jalousie, plus de "toujours", plus de poudre aux yeux.
Je suis lasse, j'y crois plus, je n'attends plus.
Je m'en fous.

J'voudrais juste qu'on me fasse bien l'amour.

Vendredi soir, je serai à Lille.
J'irai sonner chez lui.
J'espère qu'il sera là.