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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
En manque

Il doit être midi, peut-être un peu plus, on se réveille doucement, chacun de son côté du lit, lui, son café et sa clope, moi, mon bol de lait et mon Nutella.
Dehors il fait beau, un grand ciel bleu parfaitement dégagé, du soleil, un soupçon de chaleur, on en oublierait presque le mois de février.

Je pense à nous deux, à la distance entre nous, cette envie qu’on a chacun de vouloir se retrouver seul, besoin d’espace, de solitude, mais c’est trop facile de s’ignorer, je n’ai pas envie de ça, je me lève doucement, mes mains tirent les rideaux rouges, la pièce plongée dans l’obscurité, on croirait presque qu’il fait nuit, la nuit, c’est mieux pour l’union, il est allongé sur le dos, je le regarde, je le trouve toujours beau, ses grands yeux étirés vers le haut, leur transparence, son petit nez et ses joues toutes pleines de poils.

Je lui fais un massage, je dorlote sa peau, j’évite les zones chatouilleuses, il ronronne presque, il ferme les yeux, ça me fait du bien de le voir comme ça, je me sens revivre, ça y est, là je suis vraiment réveillée.

Le soir je rejoins Ryne à son boulot, c’est à 20 minutes en mob, je mets 30 minutes parce que je me perds, forcément ils ont eu la bonne idée de foutre 2 églises dans cette ville, mais je m’en sors plutôt bien, la voilà en face de moi, derrière son comptoir, moi dans le rôle de la cliente, on blablate, entre 2 interruptions d’un vrai client, elle me parle de Costa, toujours, elle a les cheveux courts maintenant, aux épaules, elle a viré ses dreads synthétiques, elle est toujours aussi lumineuse, ça doit être l’effet blond, on sort du magasin plongé dans le noir, c’est la fermeture, elle m’entraîne jusqu’à un kebab, je prends 2 bouteilles d’eau et une bière tellement j’ai soif, elle prend à manger, on papote, je me sens en forme, je raconte ma vie à fond, je suis tellement contente de l’avoir à mes cotés, c’est rassurant, cette amitié, même si elle est relativement neuve, elle est rassurante, elle m’apprend beaucoup de choses, elle m’apprend à être plus forte, plus présente, c’est épanouissant, revitalisant (mieux que l’Oréal), et puis sans m’en rendre compte, je me retrouve devant un bus, Ryne qui monte dedans, oups déjà ??, je n’ai pas vu le temps passé, 1h30, c’est trop court avec elle.

Je reprends ma mobylette, pensant que le retour sera plus facile, eh bah tu parles, et voilà que je me perds, et que je me re-perds, à rouler dans des petites rues sinueuses, alors que je venue par un grand boulevard, je suis paumée, mais je n’abandonne pas, par contre j’ai une affreuse envie de faire pipi, au feu rouge je m’impatiente, j’ai froid, j’ai la vessie qui va exploser, je sens qu’on me regarde, je tourne la tête, il a un jeune couple dans une petite voiture, le mec commence à m’imiter, je ris très fort parce que c’est vrai que je suis en train de sauter sur ma mob comme une idiote, de haut en bas, parce que j’ai très envie de faire pipi, alors je décide que ça doit suffir, je m’arrête le plus vite possible près d’un buisson, je fais pipi par terre (la classe, en plus ça a fait de la fumée tellement y fait froid par terre), je remonte, je trouve toujours pas la maison, j’appelle Lio, il me guide, je rentre, je lui raconte mon périple, on rit, 1h30 au lieu de 30 minutes, je suis toute froide, je campe sur le canapé, je bouge plus.

Le lendemain je me réveille bizarre, je me sens mal, j’ai fait un cauchemar, mon grand-père, encore, j’ai besoin d’un câlin, d’une caresse, d’un ami, Lio n’est pas là, j’appelle Anarph’, ça me fait du bien, il me raconte que Perfect-plank vient la voir ce soir, ça me met de bonne humeur, j’adore les rencontres bloggestes, j’ai hâte qu’il me raconte la suite, je dois l’appeler demain, j’ai le sourire d’un coup, je me mets à chercher un covoitureur pour que ma petite Poopook puisse venir à mon anniversaire, je lui envoie un texto pour lui demander si ça lui va, elle me dit je suis désolée ma chérie, je ne pourrai pas venir, ne m’en veut pas trop s’il te plait, je perds mon sourire en 5 secondes, tout qui s’écroule, c’est limite si je chouine pas toute seule sur la moquette, mais là Reno m’appelle, il me dit qu’est-ce qui va pas ? – C’est Poopook, elle dit qu’elle vient pu – bon attends je l’appelle tout de suite, je suis contente, mais je doute qu’elle change d’avis, je me sens abandonnée, mes amis de Paris ne viennent pas, trop loin, trop cher, trop compliqué, Reno me rappelle, il dit que lui il vient c’est sûr, il me raconte son stage, je ris, ça me rassure qu’il soit là lui aussi, même si je ne suis qu’une parmi les autres.

J’appelle ma grand-mère, j’aime l’avoir au téléphone, plus que n’importe qui d’autre, même si elle me fait pleurer parfois, j’aimerais pouvoir la voir tous les jours, on se ferait à manger chacune notre tour, ou ensemble, on ferait des tartes et des crêpes, elle me parlera du passé, elle aura toutes ses mimiques de petite fille, ses gestes maladroits, elle serait contente, elle me dit j’ai besoin d’une copine, comme ça on pourrait parler ensemble, tu comprends, je m’ennuie un peu toute seule, je voudrais bien être sa copine moi aussi, mais il y a la distance, ma vie, la sienne, tout ça.

Lio est rentré, j’ai mis le haut-parleur et il écoute notre conversation, il a le sourire quand elle me demande si ça se passe bien pour moi la philo – mais non Mamie je fais pas philo, que du français ! – aaaaaaaaaah d’accord !, tellement adorable, on raccroche, je dois faire pas mal de choses, que du bonheur administratif, je dresse une liste grande comme l’Himalaya, armée de mon téléphone, je prends des rdv, je m’informe, sur Internet je cherche des billets de trains, d’avions, un camping pour l’été, ça me fatigue, Tigroo vient me parler sur MSN tandis que je suis un pleine déprime, je lui dis que personne ne vient à mon anniversaire, elle me dit mais si, moi je viens, je retrouve le sourire en 1 seconde, je sautille de joie, j’en pleurerais presque, j’ai un besoin de réconfort atroce, besoin d’amour, je déteste la solitude, je l’envoie balader, je me sens beaucoup mieux, en plus je vois Djiou samedi, et je passe la soirée avec Tigroo, j’ai hâte.

Alors je force Lio à aller boire une bière avec moi en Belgique, on discute, longtemps je crois, des trucs que j’ai sur le cœur, il m’écoute, je me sens vidée, il est fatiguée, je commande 2 bières juste pour moi, le serveur se marre, il me fait un sourire en coin en me déposant ma Kriek et ma Pony Stout, Lio est mort de rire, je lui dis Bah quoi ? Le client est roi ! Si j’exige 2 bières je veux pouvoir les boire ! y’a pas de mal à ça, il me sourit, je le bouffe des yeux, on ne se touche pas, l’un en face de l’autre, on se regarde, on échange des mots, je trouve cela étrange qu’on ne se touche pas, mais je me dis que ça doit être normal avec le temps, il faut bien qu’on apprenne à se décoller un peu, ça me rassure de penser que c’est naturel, dans l’ordre des choses, ça ne pourrait pas être autre chose, non, non non non, on s’aime trop pour ça.

Vendredi, je me noie dans les papiers, les dossiers, les trucs à faire, tout ce qui est habituellement repoussé à plus tard.
J’essaye d’éclaircir l’avenir sur du papier, je fais des plans, des calculs, j’ai un entretien d’embauche pour une job d’étudiant bientôt, ça fout le trac, je dois aller voir Cé à Valencia, je dois je dois, je me demande ce que je pourrais faire vraiment dans tout ça.

Mon père au téléphone, à peine ai-je dis allo qu’il se lance dans un monologue infernal, pendant 20 minutes, il ne fait que parler de lui, j’espère qu’à une virgule il se demandera si je suis toujours au bout du fil, mais non, il a tellement besoin de parler, ça me fout le cafard, je pense à raccrocher, je me demande ce que je fous avec le téléphone dans la main, et puis sans faire exprès je fais tomber un truc sur le téléphone avec mes pieds, ça raccroche, je me dis que zut, repose le téléphone, attend un peu, pour qu’il se rende compte qu’il parle trop, qu’il m’oublie, je le rappelle, il est attendrissant, il me pose des questions maintenant, sur moi, le permis, tout ça, quand je raccroche il veut me faire sentir sa joie, il a l’air tellement heureux que je l’appelle, il a l’air tellement seul, ça me déprime, il me dit super ma fille m’a appelée, magnifique journée !, je suis lasse.

Je vais au permis, en rentrant je louche sur les boulangeries, j’ai envie d’un truc au chocolat, quelque chose de fondant, de doux, qui fondrait dans la bouche, je ne sais pas trop ce que c’est mais j’en meurs d’envie, tant pis, je cède, je rentre dans une boulangerie, j’hésite mais me lance pour 3 profiteroles, je les mets à l’arrière de ma mob, je rentre, le sourire aux lèvres, mon petit plaisir avenir, je jette mon manteau, j’invente des lois stupides, il est interdit de manger les profiteroles si on porte encore ses chaussures !, je me blottie au fond du canapé, et là, oui, n’ayez plus jamais de doute, le bonheur réside bien dans le mot pâtisserie, sans aucun doute ; Il n’y a pas le chocolat espéré mais c’est délicieux. Au moment où je m’apprête à morde à nouveau dans mon festin, je me retrouve nez à nez avec un moustique, tentant de sucé MON chocolat, en plein mois de février, je me marre, il me taquine à voleter autour de moi, je le laisse faire, trop absorbée par mes pensées.

J’ai tellement envie de retourner à Paris, ça se creuse, le vide en moi, le manque, marcher le long de rues, éblouie par les lumières, les bruits partout, les gens, les amis, mon métro, je veux retrouver tout ça, avoir un coin à moi parmi tout ça, je me sens comme en attente, en attente d’un mieux, je ne sais toujours pas vraiment s’il me suivra, j’espère que oui, parce que moi j’irai, vite, bientôt.

Ecrit par aphone
le Vendredi 22 Février 2008
à 22:53



Commentaires :

  inconsciente
22-02-08
à 23:11

Ce n'est peut-être qu'un détail parmi tous tes mots, mais le mot Paris attire mon attention.
Car souvent quand je vais mal, quand je suis triste, quand je me sens seule, j'ai l'impression que la seule solution serait Paris.
J'y ai pourtant jamais vécu.
C'est juste que...
Que là-bas je me sens vivre, je me sens exister.
Je me sens riche de mille trésors.
Et j'aime tellement tout ce monde.
Tout ce monde qui fait que les voitures se serrent contre les autres et créent des embouteillages.
Ces embouteillages qui me permettent de rester plus longtemps auprès de Sylvaine.

Moi je voudrais bien venir à ton anniversaire, mais ça tombe en même temps que l'anniversaire de ma mère et vu le climat familial en ce moment, ce serait la goutte qui ferait déborder le vase que je me tire à ce moment là et qu'en plus je dépense de l'argent, leur argent, pour me tirer.

T'es pas seule bichette.
Et même si j'suis loin, je suis là.

:)


  aphone
27-02-08
à 23:58

Re:

Pariiiiiiiiiiiiiiiis !
J'en peux plus ^^
En manque, convulsion, tout ça quoi.
Hum.

Merci =)
Bisous pleins !

  ryne
23-02-08
à 16:27

Roohhh, comme t'es choute. j'suis désolée que t'es galérés à ce point pour rentrer chez toi... c'est pas comme si il faisait chaud en plus!

Et puis t'en fais pas pour Lio (facile a dire) il t'aime. J'le sais. les doutes c'est juste normal. Faut savoir remettre en question son couple pour se rendre compte qu'on veut le garder!

Bon week end poulette. Reviens moi fraiche pour la rentrée à la fac!!


  aphone
27-02-08
à 23:59

Re:

Je dis pas ça pour faire ma lèche cul hein ^^
C'est vrai, t'es ma blonde, trop tard, tu ne peux plus faire marche arrière ! =p

  Perfect-plank
24-02-08
à 17:27

alors, hate de savoir la suite ? lol

des bisous


  aphone
28-02-08
à 00:00

Re:

Lol ! (vive les love story !)

;)

Des bisous pleins !

  Delirium-Tremens
25-02-08
à 09:53

Ouais moi aussi j'aimerai bien découvrir Paris! J'ai fait un peu toutes les capitales d'europe sauf elle!

Sympa pour ton Père...


  aphone
28-02-08
à 00:00

Re:

Bah qu'est-ce que t'attends ! J'espère que tu viendras un weekend, quand j'y habiterai à nouveau ! Ca serait sympa ...

=)

  Delirium-Tremens
28-02-08
à 11:38

Re:

Ma maman m'a dit de pas parler aux inconnus...


  aphone
28-02-08
à 12:01

Re:

Lol, je te confie toutes mon intimité (forte intéressante) dans ce joueb et tu oses dire que je suis une inconnue !!!

Ingrate va !

  Delirium-Tremens
28-02-08
à 13:32

Re:

Ouais on est même au courant de tes orgasmes lol!



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