C'est à se demander si c'est pas une histoire de destin. Ou si la 3ème fois sera la bonne. Je me suis assise dans la salle d'attente, au milieu des petites filles qui révisaient leur pas chassés. "Le cours de chant était à 18h, pas à 19h, désolé, il faut que vous re-preniez rendez-vous." Et dire que j'ai doublé des voitures pendant 40 minutes pour arriver là. Pour un quipropo téléphonique. Et il allait falloir que je fasse demi-tour, parce que j'avais plus rien à foutre ici. J'ai commencé à vider mes poches sur un fauteuil qui me semblait confortable. Les poches, c'est vite le bordel si on s'en occupe pas. Des tickets de caisse froissés. Des tickets de métro. Paris, Lille. J'ai allumé mon Ipod. Ca m'a fait du bien. Le comble serait qu'on me pique ma mob pendant que je suis là, à faire ma connasse sur ce fauteuil en regardant mes tickets de métro, parce que j'ai encore loupé mon cours d'essai.

Vendredi soir. Je suis rentrée sous la pluie sans me perdre. J'ai proposé à Lio qu'on sorte, n'importe où, du moment qu'on passait à Carrefour chercher une bouteille. Il m'a proposé chez la pote de son ex. J'ai dis ok. N'empèche que là bas y'avait son ex, la nympho-coiffeuse. Quand elle a vu Lio, elle a direct fait une remarque sur l'état de ses cheveux, l'air scandalisé. Et c'était parti pour un coup de tondeuse gratuit. J'aimais bien son bordel de cheveux pas équilibré, il me faisait pensé à un diablotin, un clown ou un savant fou, ça dépendait de son expression de visage. J'pouvais passer mes doigts dans sa nuque en ayant l'impression de carresser un lapin tout doux. Et la garce, elle a tout rasé. Le temps d'une clope au bord de la fenêtre, alors que je contemplais le désastre en me marrant. C'est pas très grave, ça va repousser, j'allais pas en faire un drame.

On a joué à la Wii toute la soirée. J'veux bien, c'est sympa comme console, mais y'a bien un moment où ça finit par être lourd. Sauf que les mecs étaient toujours à fond dedans. J'commençais à avoir un peu trop bu pour gagner. J'en avais marre des regards de l'ex sur Lio et sur moi. La pote de l'ex était distante. J'étais pas franchement en terrain ami. J'suis allée dans la cuisine, près du rebord de la fenêtre. Il pleuvait depuis un moment, de manière très régulière, petite goute d'eau sur la vitre, trottoire vide, décors de noël qui clignote. J'ai regardé dans le vide en me demandant ce que j'allais faire de ma vie. Comme une soudaine peur de vieillir trop vite. Combien de temps j'allais rester avec Lio. Si on allait se tromper. Si j'allais retourner vivre à Paris. Avec ou sans lui. Si j'allais avoir des enfants. Avec qui. Si j'allais voyager. Ce que vont devenir mes proches. Les autres ne semblait pas s'inquièter de mon absence dans le salon, je me suis sentie à des kilomètres de ma vie. J'ai foncé droit dans un mutisme pesant, je savais bien qu'on allait finir par rejoindre la voiture, et qu'on finirait par s'endormir dans le même lit. Ca faisait parti de mes certitudes. Je pensais pas qu'il me tournerait le dos.

Le matin il se réveille toujours très tard, quand il ne bosse pas. Il peut facilement dormir jusqu'à 3h de l'après'm, même si on s'est couché à minuit. Je me lève et je m'ennuie un peu. Pas envie de le reveiller. Je termine un livre, j'en commence un autre. Je déchiffre une partition sur son synthé qui est mieux que le mien. Je n'arrive pas à écrire. J'écoute de la musique violente. Je crois identifier un certain coup de blues. Je sais pas trop. La fac me manque, les partiels me font peur, la grève me fait sourire. Je prends Pompom dans mes bras, lui fait des carresses, le coiffe, lui dit qu'il est beau. Pompom s'en fout, il veut juste skouater le canapé, il aimerait bien manger aussi. Intense solitude, quand cesseras-tu ?

Lio m'a emmené chez le foufounologue. J'étais contente de savoir que ma fouffe n'avait rien de grave. J'étais un peu moins contente d'avoir perdu 50€. Samedi soir arrivait doucement, toujours rien de palpitant à faire avec lui. J'ai rejoins les filles pour une soirée "fondue au chocolat entre moules without guys". Contente de voir Ryne, ça m'a fait sourire. Parler de sexe, boire des bières de noël, manger des fruits trempés dans du chocolat chaud. "On sait très bien que la plus part des mecs sont tous des gros naze au lit !" Nan ça va on est pas aigries comme nanas. Photos débiles de nos décolletés avec des chamallows entre les seins. Le mousseux à des allures de champagnes.

Je rentre après minuit, sur ma mobylette. Les filles vont en Belgique, au Sand. Un peu triste de ne pas aller avec elle. Inquiète de rentrer. Sa voiture n'est pas là. Lui non plus. Ils ont laissé des bières sur la table. J'en prends une ou deux et je me lance sur le synthé. Alone. Je commence à être bourrée, je traduis les paroles de Zazie en anglais, du mieux que je peu (très mal). Ils rentrent. Lui, son neuveu et sa copine. Ils sont calmes. Je suis joyeuse, des bulles pleins les yeux. Je joue au Cap's avec Jack-l'évantreur. Les autres ne veulent pas jouer. Je me marre un temps et je pars me coucher. Toute habillée, tête qui tourne. Lio ne m'a pas rejoins. Il n'a pas essayé d'enlever mon jean pour que je dorme mieux. Je rêve qu'on fait les courses, je me mets à pleurer devant le rayon fruit, il me prend dans ses bras, il m'achète une peluche et me met dans le caddie pour que je m'endorme. Je crois que rien ne va plus. Il dort. Je pars faire un calin à Pompom.

Envie de faire Paris-Lille en mobylette. J'attendrais l'été.
Envie de chanter avec des gens. Il faut que je rappelle.

En attendant j'ai reperé le futur épilateur de mes rêves sur Ebay. Faudrait pas que j'laisse passer l'affaire du siècle.

(Désolée pour le coup de blues !)