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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Qu'est-ce qu'on fait

Il est vrai que je me sens un peu perdue ces temps-ci, pour la simple bonne raison que je n'arrive plus à mettre des mots sur mes émotions. Chaque fois que je tente une phrase, elle se voit être effacée dans les 2 secondes suivantes. Incertitude. Ou peut-être même peur ? Peur des regards et des juges qui me tombent dessus, peur des compliments, peur de me tromper, peur de l'impatience, et tout remettre en question, encore une fois, sans vraiment trouver les bonnes réponses.

"Le regard est un choix. Celui qui regarde décide de se fixer sur telle chose et donc forcément d'exclure de son attention le reste de son champs de vision. C'est en quoi le regard, qui est l'essence de la vie, est d'abord un refus.
Vivre signifie refuser. [...] Le seul mauvais choix est l'absence de choix."

Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb.

Ne pas choisir. Subir, comme beaucoup. Je ne veux pas être ainsi. Je ne veux pas faire parti des gens qui disent que "le monde est fait comme ça, on ne peut rien changer, c'est la vie". Comme si le monde avait toujours été tel qu'il est aujourd'hui. Comme si nous n'étions rien, et comme si notre avis ne comptait pas. Comme si l'Histoire se faisait seule. Il y a cette horrible fatalité dans leurs discours, leur individualisme, leur peur de changer quoi que ce soit, des fois que ça leur retombe dessus. J'ai du mal à comprendre. A quoi bon vivre si nous n'avons plus le droit de refuser ?

C'est revenu au galop vers moi sans que je ne demande rien. Un jour en cours d'anglais, le prof nous a dit que "je préfère vous prévenir tout de suite, dans une semaine il est prévu qu'une bande de petits cons s'amusent à faire la révolution dans les amphis de la fac, et skouate la nuit avec des sacs de couchages pour nous empècher de rentrer. Tous les ans c'est pareil. Et ils croient vraiment que ça va servir à quelquechose". Je suis restée sans voix devant son discours, me demandant plutôt quel était le motif du mouvement au lieu d'insulter mes semblables. Le prof n'a rien dit, seulement que nos cours allaient être perturbés.

Mardi avec Ryne, armées de nos sandwichs nous sommes allées dans une assemblée générale, pour voir un peu de quoi il s'agissait. La loi LRU. J'ai écouté avec attention les pour les contre, tous ceux qui se levaient pour prendre le micro un par un et parler de cette loi. Le président de la fac, propre sur-lui et très calme, nous a simplement déclaré que nous étions tous de sacrés menteurs, et puis il est parti. Je ne cesserai de me demander pourquoi il ne nous a jamais délivrer la clef de la vérité.

J'ai frissonné en entendant certains discours, frissonné de plaisir, de joie, les mots qui pénétrent en moi comme des vagues de chaleur, comme des espoirs, des sourires pleins la bouche, et même, une plage avec des cocotiers n'aurait pas été aussi jouissive. J'ai ris, j'ai ralé, j'ai applaudis silencieusement (puisque c'était interdit, on est pas la foire jeunes gens), et puis je me suis calmée. Tu sais, c'est pas la première fois que tu vis ça. Les larmes après une manifs, la peur face aux forces de l'ordre, la non-écoute, l'énérgie dépensée, l'injustice qui ne choque plus personne, et toujours ce même refrain, parce que c'est dur d'être la minorité, toi-même tu sais. "Quand on manifeste, on est pas sûr de réussir. Mais si on ne fait rien, on est sûr d'échouer".

Ma fac est en grève depuis mardi. Je suis passée à la télé 2 secondes. Le début de la gloire.

Mes cours étant interrompus, je retrouve ma stabilité perdue dans les cours de l'auto-école. Jamais je ne vous cacherai ma décéption face à cet examen. Et moi qui m'attendait à revivre le cauchemard du bac. On en est bien loin ma fille. Le code de la route n'est qu'une suite de règles plus logique les unes que les autres, et j'ai la soudaine impression d'avoir un QI surdéveloppé. Je passe mon temps à jouer à Super Permis et j'aime bien ça. "Dès que j'aurais mon permis, promis, on part en vacances."

Décalé par rapport au monde qui m'entoure. Moi aussi j'aimerais bien me fondre dans la masse, oublier mes idéaux, arrêter de gesticuler dans tous les sens pour me faire entendre. Tu crois que c'est plus facile par l'écriture ? Sartre m'explique Qu'est-ce que la littérature, mais t'sais très bien qu'on en est pas là. Tu crois que j'aurais la force de crier mes espoirs ? J'vais m'faire bouffer. Non arrête, sois pas pessimiste.

Voilà, tu comprends pourquoi je suis paumée ? J'hésite. L'absence de choix est comme une absence de vie, une absence de mots. J'y perds ma légèrté, je ressors mon indignation. C'est toujours tellement plus facile de fermer les yeux.

J'voudrais bien être une tortue des fois. Comme ça j'pourrais hiberner. Ou un putois. Oh j'hésite.

Ecrit par aphone
le Samedi 03 Novembre 2007
à 13:51



Commentaires :

  inconsciente
09-11-07
à 17:17

Cet article est génial...

Moi j'ai préféré passer le bac que d'apprendre le code.
D'ailleurs j'ai abandonné, parce que justement je me suis mise à penser que mon QI était environ ou égal à zéro.
Et que la madame de l'auto-école était une grosse vache qui ne pouvait pas me voir.
Alors quand c'est pas dans l'affectif, je pars en vrille.

Des fois c'est bien de se fondre dans la masse.
Mais si c'est pour faire semblant, ça va cinq minutes.
Après je craque, et je m'écarte.
Parce que je n'y arrive pas à me fondre dans la masse.

Bon je fais ma valise, je mange un ptit truc et je prends mon train...
Et pendant cette heure de train : j'écris !

Comme c'est la grève, t'as qu'à venir chez moi !! (la fille qui insiste à peine...)

  aphone
09-11-07
à 18:32

Re:

Avec toi Poupette, j'ai l'impression que tous mes écrits sont bien.
Oh je crois que la grève va se terminer lundi (intuition intuition) car les belles choses ne durent jamais bien longtemps ! Bon voyage =)


  ecilora
09-11-07
à 19:16

Re:

C'est ce qu'on disait pour le CPE. Résultat, certains ont tenu quatre mois... Mon ancienne fac est bloquée aussi. Déjà trois en Ile de France. Plus, peut-être. Et doucement, ça se propage. Et je te signale, au cas où que mercredi commence la grèce sncf... Sait-on jamais... un mouvement de grève en entraîne toujours un autre...
Dans mon groupe, il y a un gens du Nord. Et il me fait sourire de ses convictions. Il ne s'en cache pas. Au contraire... Et tout ce que tu dis...
Cà fleurit d'auteur classique tout ça. A croire que tu te sens comme un poisson dans un bocal...
Et pour les doutes... Je te dirais juste qu'il y a des moments comme ça...

BzOo

  aphone
09-11-07
à 23:10

Re:

Cà fleurit d'auteur classique tout ça. A croire que tu te sens comme un poisson dans un bocal...

Je n'ai pas compris cette phrase là.

J'suis contente, toujours super contente de voir qu'il reste des personnes optimistes =) Ne change pas ! Gros bisous !

  passionnee-par-les-reves
10-11-07
à 00:33

C'est sans doute un de tes articles dont j'ai préféré la tournure des phrases. (en fait cette phrase ne me paraît pas très française mais je n'arrive pas à la tourner...). En tous eles cas, j'adore ce contenu, le ton sur le quel tu l'écris. Je trouve que ça te ressemble (pour du moins le peu de temps que j'ai pu passer avec toi).

La question est ... est-ce que ma Fac, en vacances jusqu'à lundi va se mettre elle aussi en grève, après les autres bien sûr ;)


  aphone
10-11-07
à 00:40

Re:

C'est gentil d'prendre le temps de me dire ce que tu penses de mon texte. Moi ça m'aide, j'me sens un peu nul part en ce moment, je sais pu quel style adopté, si j'en ai un, et qu'est-ce que j'ai vraiment envie d'écrire (alala, compliqué).
Merci beaucoup =)))



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