Le drame du lundi, ce fut tout de même la disparition de mon compagnon de tous les jours.
Imaginez, surtout depuis que je vis dans le Nord.

Assise dans le métro, j'écoutais mon Nano, distraite.
Il était là, comme toujours près de moi.

Au moment de me lever, j'ai senti qu'il me manquait quelquechose, mais j'me suis dit que j'hallucinais, comme toujours.
Je ne me suis pas retournée et je suis sortie du wagon.

Arrivée dans les escalators : prise de conscience.
Malheur.

Mon parapluie TURQUOISE !!!

Il pleuvait des cornes cordes.
J'ai grimacé.

Ce parapluie, j'ignore pourquoi, mais je l'aimais d'un amour sans limite.
Il me protègeait.
Il me redonnait le sourire.
Il m'évitait d'avoir les cheveux trempés et le nez coulant sur le pull.
J'aimais marcher avec.
Comme si j'étais sous un ciel bleu turquoise.

J'ai les boules.

Et puis comme ma vie est pleine de robondissements, je suis tout de même aller à la fac sous la pluie.

J'adore la fac.
J'sais : t'emballe pas, c'est que l'début.

Ouai mais j'adore.

Même si je ne connais absolument personne dans mon groupe.
Même si j'ai déjà loupé 3 cours à cause de la trop vaste géographie des batiments.
Même si les livres de la bibliotèque ne sont pas rangés par ordre alphabètique.
Même si, la plus part du temps, le micro de l'amphi ne fonctionne pas.

J'adore.

Le midi, quand j'ai de la chance, je mange avec Ryne.
Elle me paye mon repas parce que j'ai pas encore ma carte Crous.
(Je t'aime ma douce)

Sinon, je zone.
Un peu comme un lapin laché dans la jungle.

Aujourd'hui une fille de mon groupe est venu me parler.

(Premier contact oral avec un individu de mon environnement).

Elle : Salut !
Moi : Salut !
Elle : ...
Moi : ...
Elle (voyant qu'on a toutes les 2 L'assommoir de Zola dans les mains) : Ah, toi aussi !
Moi : Ouai, t'as vu !
Elle : T'en ai où ?
Moi : J'viens tout juste de l'acheter
Elle : Ah ok (sourire)
Moi : (sourire)
Elle : ...
Moi : ...

Je reste impressionnée face à mon mutisme et mon effort d'intégration dans la société.

Finalement, j'ai bravé l'impossible pour prolonger la discussion.

Elle me dit que son mec vit à Paris.
Je lui dis que le mien habite Lille.
Drôle.

Je me rends compte à quel point je suis encore super timide avec les gens, quand je suis en terre inconnue.
Une vraie tombe.
Même pas j'ose regarder dans les yeux.

Mais alors, présentez moi l'ami d'un ami et j'te l'agresse comme si je le connaissais depuis 24 ans.

Un jour, un jour couleur d'orange, je ne serai plus timide.

Enfin, j'espère.