Samedi matin.

Lio avait mis son réveil à 9h.
La radio nous braille la mort de Raymond Barre.
Forcément ça motive.

11h.
On est bientôt presque prêt.
Il nous faut encore récupérer la tente dans le garage.

11h30.
La tente n'est pas dans le garage.
Mais Lio est super sexy quand il déplace les chaises et les tables poussiéreuses.
Alors bon.

12h.
On a finalement rejoint François et son pote avec seulement 1/2h de retard.
J'me dis qu'on s'améliore.

Changement de voiture, on laisse celle de Lio pour monter dans la leur.
Je comate à l'arrière, mon nano dans les oreilles.

Lio a réparé mon casque.
Pompom l'avait tout rongé un soir où j'ai eu le malheur d'oublier de le remettre dans sa cage avant de sortir.
Les boules.
Surtout que le casque je l'avais pas eu en solde.

Mais Lio a pris son fer à souder et me l'a réparé.
J'adore ce côté là chez lui.
Cette façon qu'il a de tout bricoler lui-même.
C'est pas un assisté !

Je me laisse emportée par la musique en regardant les champs de maïs.
Un peu crevée quand-même.
Lio me file une bière.
Elle a un goût de corn-flakes.

Les mecs au volant se perdent 2 ou 3 fois.
La voiture s'arrête sur un parking tout plein de boue.
La flemme de sortir.
Je comate sur le siège qui chauffe les fesses.

C'est l'heure d'aller planter nos tentes.
Enfin les tentes des autres vu qu'on en a pas.
C'est là qu'on a l'air malin.
Eh oui.

Alors on s'applique à bien aider les autres.
Un mec a cassé sa tente.
Je mets mon cerveau en marche pour lui trouver une solution.
Et je la trouve, fière comme une dinde, je parviens à lui monter sa tente cassée.
J'vous pas comment j'étais fière.

Et puis c'est l'heure de l'apéro.
Autour de moi il n'y a que des mecs de 30 ans.
J'me sens minuscule avec mes 19 ans.
J'ose pas tellement ouvrir la bouche.

Mais très vite ça allait mieux.
Ce que je remarque chez les mecs de 30 ans, c'est leur rapport avec l'alcool.
L'un d'eux s'enchaînait des whisky coca comme si c'était du Sprite.
Je me confondais entre admiration et respect.

Papa tu crois que moi aussi je serai alcoolique à 30 ans ?

Ils ont acheté un litre de Whisky, 3 grandes bouteilles de bières, un pack de Desperados et du coca.
Ah bah ici, quand on boit, on fait pas semblant.
J'essaye de ne pas boire trop vite pour ne pas me retrouver à dire que des conneries.

Evidement, je rate mon coup.
Très vite je m'amuse à donner un nouveau nom à chaque personne.
C'est ainsi qu'Alban est devenu Hervé, que Johanna est devenue Jennifer, que Ludovic est devenu François.

Il y avait du soleil.
De l'herbe sur le sol.
Une forêt juste à côté.

Je m'incruste de force dans une conversation.
Ils sont en train de parler politique.
J'dis "vous êtes de quel côté ?".
Le premier me dit qu'il est centriste et le deuxième qu'il est plutôt de droite.
Comme j'en ai eu marre que la politique divise et rendre dépressif, j'ai juste déclaré très fièrement que j'étais communiste et qu'il fallait bien que je fasse parti de la conversation pour équilibrer tout s'bazard.
Mais j'me suis cassée dans les 10 secondes qui suivaient.

On est rentré dans le Festival, ça me faisait penser à la fête de l'Huma mais en plus petit.
On s'est allongé sur l'herbe en écoutant la musique.
Avec Lio on parlait de notre futur emménagement à deux.
Un mec a dit que j'étais super bavarde quand-même.
Ca m'a fait bizarre.
Mais du moment que Lio m'écoute, hein.

Plus tard il a commencé à faire nuit.
J'ai commencé à avoir froid.
(Evidement, en plus de ne pas avoir de tente, on avait pas pris de pull)
(Comme quoi on est super organisé)

Alors on est allé danser.
Je perdais l'équilibre.
Il faisait bouger mes hanches de droite à gauche.
J'observais les musiciens un par un et je buvais leurs paroles comme si j'avais été à l'église.
Stoned.

Et puis on avait tellement froid qu'on s'est senti obligé d'aller se cacher dans la tente de son pote un moment.
Bref je censure.

On est retourné dans le festival en riant.
Son pote le grand-gros-frisé nous fillait 3 bières pour un ticket.
En nous rendant le ticket.
Of course.
Ca m'a fait marrer pendant 1 quart d'heure et j'suis allée me chercher de la pizza.

La grande attraction du festival, c'était les chiottes.
Pas de chasse d’eau ou autres trucs trop modernes et trop mauvais pour la planète.
Non non non.
Mais des copeaux.
Ouai le truc que tu mets dans la cage pour tes rongeurs.
Fallait remplir une casserole avec des copeaux et les versés dans le chiottes pour recouvrir le pipi avec.
Super trop la classe.
Pour la peine j'y suis allée trois fois.

Vers 3h du matin, Lio a commencé à vraiment mourir de froid.
Moi ça allait encore, j'avais taxé un pull.
Alors on est allé se coucher dans la tente du pote qui nous a dit qu'il dormirait autre part.
Ca n'empêche qu'y avait qu'un duvet pour deux, et pas de matelas.
La nuit de rêve.

Des mecs jouaient du djumbé dans le camping et je trouvais ça beau.

Je me suis réveillée avec une 20aine de piqûres d'insectes sur tout le corps.
Dont :
8 sur les seins (j'ai l'air trop super sexy maintenant quand j'enlève mon soutif t'imagine pas)
6 sur le dos
5 sur les bras
2 sur le ventre
2 sur les pieds

Le bonheur.

A part ça on a glandé au soleil pendant que les plus courageux finissaient les bouteilles d'alcool.
Le soleil a tout brûlé la peau que Lio lui offrait naïvement.
Des filles nous ont filé les sandwichs qui n'avaient pas été vendu la veille.
Décidément, tout est gratuit ici.
Et puis on a fait une sieste au bord de la route en attendant que le plus bourré d'entre nous réussisse à se lever.
(Bah non c'était pas moi, pouet).

Ryne est rentrée d'Angleterre.
On est arrivé en retard chez elle à cause de la fatigue du festival.
Je crois que j'avais jamais été aussi contente de la voir.
Y'en avait marre de lui parler sur MSN.
Elle me fait tellement rire en vrai.

Depuis qu'elle est rentrée je suis allée deux fois chez elle.
Même que la deuxième fois on a fait une raclette et une fondue chocolat.
Tu parles que c'est l'amour de ma vie.

On a eu des bonnes vieilles discussions de filles comme on les aime.
Amour, régime et fellation.
(Et non, pas fellation pardon, c'était pour la rime).

On a joué à Cratos sur Playstation 2, le frère de Ryne a dit que je jouais bien pour une fille et j'ai presque rougis.
Ensuite j'ai tiré sur son bédo et ça a été fatal.
D'autant plus que Ryne faisait que de me remplir mon verre de Passoa pour qu'il soit jamais vide.
Une amie, une vraie.

J'me suis endormie sur les genoux de Lio et à mon réveil, j'ai paranoyé.
J'étais dans un jeu vidéo.
En secret je devais appuyer sur la touche CROIX pour me déplacer jusqu'à la voiture.
J'ai pas pété un mot jusqu'à la maison, convaincue que ça allait me déconcentrer et que j'allais être en game over.

Comme quoi la drogue tu vois, ça me réussi vraiment pas.