Jussieu.
J'aperçois Poopook et son énorme valise à côté du métro.
Elle me dit "t'as que ça comme valise ???"
Je regarde mon petit sac gris et je ris.
Poid-plume.

Elle fait un bruit monstre en descendant les escaliers.
Valise à roulettes.

Gare d'Austerlitz.
On va s'acheter une petite bouteille de Despé pour le train.
J'ai des fourmis partout dans le corps.
Je réalise enfin.
Barcelona dans 15h.

Ninette nous rejoint près du quai.
On prend le même train finalement, et avec des couchettes !
Je ne suis pas du tout fatiguée, on se pose près des chiottes et on entame un jeu débile.

Un mec arrive près de nous, brandit fièrement sa bouteille d'Evian vers le ciel et nous dit avec force et conviction "THAT'S THE PARTY !!!!"
On se regarde.
On le regarde.
Euh ?

"THAT'S THE PARTY TONIGHT" dit-il de plus belle.
Poopook : Euh, tu veux savoir où sont les toilettes ? Tu veux de l'eau ? Tu cherches un ami ??
Le mec répète une dernière fois, en articulant bien.
"Aaaaaahhh, c'est la fête ! ok ok !"

Le mec voyant qu'on adhère pas vraiment, fini par aller faire la fête tout seul avec sa bouteille de flotte.

On continue notre jeu débile.
On prend des photos de nos décolletés en photo.
Ninette surveille l'arrivée des contrôleurs pendant que je descends ma bouteille de Déspé.
On prend des vidéos de "comment muscler nos seins".
Etc.

3h.
La Déspé m'a fait l'effet d'un somnifère.
Je plonge rejoindre mon petit lit douillet (et froid).
La tête qui tourne.

A mes pieds je vois le paysage défiler tranquillement.
Ca me colle un grand sourire sur le visage.
On s'en va, on va voir la mer.

6h.
"Madame, madame ??"
J'me réveille brusquement.
"On arrive dans 10 minutes à votre arrêt"
J'lui répond que c'est gentil de me réveiller et il referme la porte.
J'enfile mes chaussures et je descends.

Couloir.
Il fait encore nuit.
Poopook et Ninette doivent dormir encore.
Elles descendent après moi.
Ouai c'est un peu le bordel, mais on s'en fout.

7h.
Train.

Je regarde le soleil se lever doucement sur la mer.
Ca sent le sud.
Cette odeur me rappelle une foule de souvenirs.
Je n'arrive plus à dormir.
Mon appareil photo mitraille l'horizon.

8h.
Gare.

Un type qui parle espagnol me demande ma carte d'identité.
Je l'écoute et lui souriant.
Cette langue me réchauffe, je pourrais en boire beaucoup, des mots espagnols.

Je retrouve mes deux bonnasses dans le café-resto d'la gare.
Elles discutent avec deux mecs plutôt baraques.
Plutôt pas beaux aussi.
Plutôt nazes même.
J'me pose à côté d'elles sans leur dire bonjour, à eux.
Ouai j'suis pas d'humeur à faire semblant.
J'en ai rien à taper de ces mecs.

J'ai faim.
Hâte d'y être enfin.

10h.
Train.

On regarde l'horizon doucement.
Il y a la mer.
Elles lisent en écoutant de la musique.
Je m'endors sur un morceau de fenêtre.

12h.
Ninette compte les minutes.
Impatiente de retrouver Reno.
Les yeux bleus qui brillent.

13h.
Barcelona Sant.

Ils sont en retard.
Ninette s'impatiente.
Faut dire que c'était prévisible.
Ne pas espérer d'un homme qu'il soit ponctuel.
Essayer d'être encore plus en retard que lui, si possible.

Ils arrivent tels des pachas.
Grosses barbes, gueules cramées.
Prennent la peine de nous débarrer d'une ou deux valises.
Quand-même.

Métro.
"Proxima estacio"
Héhé.

Th me saoule déjà.
A peine ai-je vu son visage sur le quai de la gare que j'ai senti un bouton poussé sous ma peau.
Bordel.
Et il bouge dans tous les sens, et il parle, et il parle, et il fait tout pour être le centre de toutes les conversations.
Insupportable.

J'essaye de ne pas faire attention à lui et je papote avec les autres.

Reno raconte ce qu'ils ont fait pendant notre absence et comment ils ont galèré à trouver un camping le premier jour.
Et comment ils ont fini par trouver une auberge.
Et comment ils ont dépensé quasiment 200€ chacun en 5 jours à cause de toutes les galères.
Et nous qui arrivons les pieds sous la table.
Héhé.

On est assis devant un Liddl.
Les autres font les courses.
Il fait beau, très beau.

Très chaud aussi.

Pour aller du métro jusqu'à l'auberge, il y a une super montée.
Je respire un grand coup et j'affronte.
De toute façon, comparer à la lourdeur de Th, c'est rien, cette montée.
(Oh la langue de pute)
(Ok ok j'me calme, mais vous comprendrez mieux par la suite)

Terrasse.
Vue sur Barcelona.

Les garçons font à manger.
Je déclare que je serai de corvée vaisselle toute la semaine.
Les autres semblent ravis.
Je suis soulagée.
(La vaisselle c'est c'que j'préfère !)
(Bah quoi ?)

Th me dit qu'il a baisé dans les chiottes avec une espagnole hier.
J'dis "naaaaaaaaaaaaaaaaan sérieux ????"
Trop bien !
Aurait-il enfin zappé notre amour ?

"Apéro ??"
On me sert un verre de vin blanc.
Mhhh, ça commence bien ces vacances.

Les autres déposent leur cendre dans des grands cendriers.
Le soleil tape fort sur le parasol.

On s'installe dans la chambre.
Une bonne douche avec Poopook.
On se braille des conneries dans la salle de bain.

Malédiction : j'ai des gros points rouges sur les jambes à cause de l'épilation.
Fait chier.
Allez tant pis, j'assume mes points rouges et je pose mes jambes au soleil.
D'façon j'suis pas venue ici pour me marier.

18h.
Plage.

Ninette et moi rentrons dans l'eau comme deux petits poissons.
"Putain qu'est-ce qu'elle est bonne !!!"
On fait de splendide imitation de la baleine échouée, on flotte, on fait du sous l'eau.
Le pied total.
Le soleil est sur le point de se coucher et il fait une chaleur monstre.

J'ai bu un peu trop de vin à l'auberge et je ris tout le temps.
On se prend une autre bière sur la plage.
Je plane totalement.

Un bel espagnol me regarde de sur sa serviette.
Je le regarde.
En fait je sais même pas si il est espagnol.
Mais il avait de beaux yeux.

20h.
On va rejoindre les autres à l'auberge.
Sur la route on croise les deux mecs avec qui mes bonnasses parlaient à la gare.
Les deux mecs costaux pas beaux.
Je leur fais un énorme sourire en braillant 100 fois que "oh putain qu'est-ce que le monde est petit !!"
Niaise attitude.

20h15.
On est perdu.
Va demander ton chemin en espagnol.
Moi perso, j'suis une quiche.

On tombe sur un française qui nous aide.

20h30.
On retrouve pas l'auberge.
Ninette s'énerve et marche vite en essayant de trouver le chemin.
J'essaye de trouver une solution malgré mon ivresse.
Ok ok.

Je demande à un phallus si il y a possibilité d'appeler avec son portable.
Le phallus est consentant.
Le Phallus est toujours consentant d'ailleurs.
Bref.

21h30.
Youhou on a retrouvé l'auberge et les potes.
Il fait nuit.
C'est beau vu d'ici.

On sort la bouteille d'alcool sur la terrasse.
Ca commence à parler anglais.
Et ça sera désormais mon langage principal.
Oh c'est mon grand-père qui serait fier.

On blablate avec un Californien.
Je ne me souviens plus vraiment.
J'me souviens que Th était toujours collé à moi et qu'il me faisait chier.
Alors je passais mon énervement dans la taquinerie.
J'le faisais chier gentiment pour m'abstenir de gueuler.
D'façon l'alcool me rend inoffensive.

1h.
Arrêt de bus.

On est tous un peu bourrés.
Je parle à Th pour essayer de faire en sorte que le séjour se passe bien.

2h.
Rue pleine de boite à l'entrée gratuite.

On rentre en fanfare.
Je suis over-drunk.
Je danse les yeux fermés.

Me rend compte que Th arrète pas de me coller.
Impossible d'approcher d'autres personnes, il me suit partout.
Mais j'ai pu les yeux en face des trous.
Il commence à poser ses mains sur moi et patati et patati.
Finalement il n'a pas vraiment zappé notre amour.
Enfin, SON amour.
Il me dit que je suis belle, et il me tripote, il me suit ou que j'aille.
Pfffff.

J'ai donc dû lui expliquer à 7h du matin que le sexe n'était pas une chose envisageable entre nous, alors que j'avais qu'une envie c'était de dormir, et que je sentais déjà une gueule de bois naissante.
Th semblait tout perturbé qu'on ne puisse pas coucher ensemble comme au bon vieux temps.
J'en avais marre de cette situation de merde dans laquelle je m'étais fourrée.

Malgré tout on a pris plusieurs bus de nuit, chantant, enfin braillant des chansons paillardes dans Barcelona, Anouck s'est acheté une fleur qui sentait le pet,

8h.
Dodo.

15h.
On se réveille tous un par un.
En bas il y a la cuisine collective.
Ca faisait vraiment Auberge Espagnole.
Avec le frigo pleins à craquer et les prénoms sur les boites de conserves.
Et tous ces gens qui viennent d'Amérique, d'Italie, D'Allemagne, de Suisse ...

Il y avait Diego, l'italien, complètement bourré parce qu'il a appris que sa copine était enceinte de 7 mois.
Il est rentré le jour suivant.
J'aimais bien parler en italien avec lui.

Il y avait le suisse qui parlait bien français et qui m'expliquait la politique dans son pays.

Il y avait les québécoise et celle qui m'a dit que j'avais plus l'accent du Nord que de Paris.
Ca m'a fait doucement sourire.

Il y avait les deux canadiens.
Celui avec une tête rigolotes qui portait un caleçon rose, et le roux qui était beau (oui c'est rare un roux qui est beau, donc je tiens à le souligner, il était très mignon).

Il y avait la bande de gars qui venait de Lille (Oh mais quelle coïncidence !)

Il y avait les deux allemands qui dormaient dans la même chambre que nous.
Celui qui 19 ans qui avait des dreads et qui sortait le soir avec nous.
Celui de 15 ans qui écrivait un journal intime (que je lui ai piqué pour écrire des conneries).

Le deuxième jour nous n'avons pas fait grand chose.
J'avais une gueule de bois qui semblait trop attachée à moi pour s'en aller.
Nous avons flemmardé au soleil.
Ninette et Reno sont allés faire l'amour dans les douches.
Je suis allée écrire un mail à Lio dans la salle internet.

Le soir on est allé chercher des cigarettes à 4.
Matthieu Poopook Reno et moi.
Discussions agréables.
SANS THOMAS (j'ai savouré chaque seconde).
On a fini la bouteille de vin et on s'est assis en haut des marches.
C'était beau.
D'être avec eux, d'avoir cette vue, d'être en tee-shirt la nuit aussi.

Le lendemain nous sommes allés à la plage tous ensemble.
Bataille dans l'eau et sieste sur le sable.
J'ai demandé au Californien si je pouvais écouter son MP3.
J'ai balancé ma tête au rythme de la musique électronique.
C'était chouette.
J'aimais beaucoup sa musique et je lui ai dit qu'il devait écouter mon Nano.
Pour voir ce qu'il en pensait.

Bus.
A Barcelone aussi, ils ont un arc de Triomphe.

Chambre.
Je lui fais écouter mes musiques.
Il adore le français, même s'il ne comprend rien, il trouve que c'est la plus belle langue du monde.
J'ai l'impression de posséder un grand pouvoir.
Il écoute les musiques de Lio et me dire qu'il aime beaucoup.
J'ai hâte de lui dire qu'un ingénieur du son à Hollywood (le californien) aime sa musique.
Il me parle de son taff et des gens connus qu'il a vus.

Musique, musique.

Reno et Th nous ont fait des supers pattes.
On descend manger.

Vaisselle.
C'est l'heure d'aller voir les fêtes dans Barcelona.

Métro.
On espère tous qu'il y aura de l'alcool là bas.
Les magasins n'en vendent plus après 23h.
La galère.

Reno se sent tout comateux.
Chacun rassemble ses forces pour aller faire la fête.
On dort peu.
Trop de choses à voir, trop de choses à sentir, à admirer, trop de gens à qui parler, trop de soleil et de ciel bleu.

On arrive dans une rue over-pleine-de-monde.
On met 1/4 d'heure à faire 10 mètres.
Partout autour de nous il y a des stands de bières à 1€50.
Mhhhh.

Thomas me colle pour ne pas me perdre.
Il me prend la main, il se retourne sans cesse.
Ca va, je dis rien.

Un peu plus tard il me braille des trucs dans l'oreille.
Il parle encore de nous, il voudrait qu'on en parle sans arrêt, à l'entendre.
Il voudrait comprendre mais je crois qu'il n'est pas en état d'y arriver.
J'en ai marre.

On s'assoit dans une petite rue.
On parle tellement tout le temps anglais que je mets à parler anglais avec Ninette.
Soudain je trouve ça con.

Je vais faire pipi dans un bar.
Toute joyeuse, je passe à côté d'une nenette.
Elle me regarde.
Je la regarde.
Elle s'approche de moi.
Elle tend sa main vers mon sein droit et elle soulève mon haut pour pouvoir le regarder.
Je me retrouve donc avec un sein à l'air au milieu du bar.
Je fais "heyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !"

Sont bizarres les filles ici.

Je vais faire pipi.

Une fille m'explique qu'après avoir uriner il faut que je ferme la porte à clef.
Et elle me confie un cadenas.
Euuuuuh j'espère que je serai à la hauteur.

Quand je ressors, une fille veut y aller.
Je fais la fille très autoritaire et lui interdit l'accès aux toilettes en déclarant que je suis charger de fermer le truc à clefs.
Elle me dit très gentiment qu'elle le fera pour moi.
Ok.
J'lui donne les clefs et je ressors.

Quelle autorité.

Je m'arrête devant 2 personnes.
Une fille m'offre une bière.
J'ai une tête de lesbienne ou quoi ce soir ???

Les 2 personnes me montrent leur main.
Une bague.
Ils sont fiancés.
Je braille que c'est so cute (très mignon) une vingtaine de fois et je finis par sortir du bar.

Je renverse la bière de Matthieu.
Oups.
J'lui offre une clope.

Reno est over-drunk, je l'ai jamais vu comme ça.
J'suis morte de rire.

Je vois des mecs qui ont tous un tee-shirt jaune.
J'vais vers eux.
Ils chantent des chansons paillardes.
Je les accompagne.
Un mec de 2 mètres me prend dans ses bras.
J'y pique ses lunettes de soleil.
J'lui dit qu'il est super grand quand-même.
Il m'embrasse.
Th arrête pas de me suivre ou que j'aille.
Je retourne voir les autres, il vient avec moi.
Grrrr.

A un moment je décide d'aller faire pipi dans une ruelle.
Me suivent : L'allemand dreadeux, le californien et Th.

Je n'avais pas pensé que nous aurions pu perdre le reste du groupe.
Nous avons perdu le reste du groupe après que Th est uriné sur ma jambe (tellement il me colle, c'est dire !!!)
Je l'engueule en anglais.
J'ai envie de retrouver les autres.
Il dit qu'il n'a pas de réseau.
Grrrrr.
Impossible de les retrouver pour l'instant, ça me saoule, je suis bloquée avec Th.
J'me colle au californien.

On les cherche un peu et puis on s'assoit.
J'en peux plus.
Th n'arrête pas de parler de moi, il dit que des conneries.
J'en ai marre.
Je comate contre le californien.
Je m'endors.

J'me réveille.
"Y sont où Reno et tout ???"
Th a du réseau alors on se donne rdv près d'un métro.
Je fais un effort sur-humain pour avoir le sens de l'orientation et retrouver le métro.
Il y a des gens partout, de la musique.
Et personne qui ne marche droit.
J'adore !

On retrouve les autres après moult péripéties.
On s'assoit par terre.
En quête de cigarettes.
On attend l'ouverture des métros.
Il doit être 5h.

Je ris sans cesse, le californien a mis sa tête sur mes jambes, Matthieu me dit que j'ai un ticket et que Th doit avoir la rage.
J'lui explique qu'y'a rien du tout, que techniquement je ne peux pas sortir avec un gros, et que le californien est un peu trop enrobé pour moi.
Et puis il y a Lio.
Par contre Th, j'm'en fous totalement.

Et pourtant j'aurais dû.

Rentrée à l'auberge, tout joyeux et tout bourrés, à brailler les Beatles avec Poopook, on se pose sur le balcon, le californien a ses bras autour de moi.
Comme un nounours.
Les autres vont se coucher un par un et je reste un peu avec le californien.
Th n'est pas décidé à aller se coucher, il nous surveille l'air de rien.
Pourtant j'allais rien faire.

Et d'un coup il m'a regardé avec des yeux qui m'ont fait peur.
Il a commencé à me gueuler dessus.
J'ai commencé à flipper.

Je suis allée me coucher.
Th faisait pleins de bruits en bas.
J'imagine qu'il devait être en train d'essayer de démolir l'auberge.
Je mets mon Nano et j'essaye de ne plus avoir peur.

Les autres dorment quand d'un coup il rentre dans la chambre super fort, me traite de tous les noms, et claque la porte.
Houlalalalalala.
Je me blotti au fond de mon lit et j'essaye de trouver le sommeil.

Quand-même, pourquoi il me fait un tel caca nerveux pour un simple câlin ?
Pourquoi il a des réactions aussi impulsives ?
J'ai super peur et je m'endors difficilement.

Le lendemain j'essaye d'aller lui parler.
Il me dit que ta gueule.
J'dis ok et j'm'en vais.

Il finit par accepter le dialogue.
Les 24 prochaines heures que nous avons à passer ensemble, il faut qu'elles se passent bien ok ?
Il me dit qu'il ne m'adressera plus la parole.
J'dis que ok.

J'ai envie de rentrer, mais ça serait trop bête de passer à côté de toute cette bonne humeur à cause de lui.
Allez, courage.

(J'ai oublié de raconter notre après-midi au parc Guel.
Comme dans l'auberge espagnole, au moment ou Romain Duris se tape la blonde.
On est allé sur cette place.
Ca sentait le sud à plein nez.
On a marché doucement.
C'était beau.)

Je parle un peu avec Ninette qui me dit que Th est beaucoup trop excessif et qu'il arrête pas de gueuler pour un rien et de trop s'agiter.
J'suis contente de savoir que nos petites engueulades ne sont pas trop mal prises par les autres.
J'veux que d'la bonne humeur, j'veux pas d'embrouille.

Soirée drum and bass.
Nous avons bu un peu sur les marches près de l'auberge et nous nous sommes mis en route.

Bus.
Chansons paillardes.
"Toucheeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer toucher la chatte à la voisiiiiineuuuuuuuh
Lalalaaaaaaaa lalaaaaaaaaaaaalalaaaaaaaaaaa lalaaaaaaaaaaaaaaa"

"Lècheuuuuuuuuuh-moiiiiiiiiiii lècheuuuuuuuuh-moiiiiiiiii
La boite à cacaaaaaaaaaaaaaaaaaaa la boite à cacaaaaaaaaaaaa"

J'me dis qu'heureusement y'a pas de français dans le bus.
Et Brahim qui braille le plus fort possible.
On rit tous comme des gamins.

On chante avec Ninette.
Balavoine, Muse.
Le californien dit qu'il veut nous enregistrer.
Mouai, euh, j'suis bourrée, je suis pas sûre de chanter méga bien.
Mais ça me fait plaisir et je m'explose la voix de plus belle.
Après je lui raconte ma vie.

Th est venu.
Il me promet de ne pas être chiant.
J'ai des doutes.

On finit nos bouteilles dans une petite ruelle.

Boite.
Obscurité.
Vibration.
Je danse je danse.
Je fais des conneries.

Toilettes.
Je m'assois sur la cuvette.
J'en ai marre d'être bourrée et j'essaye de désouler.
Je fixe la poignet.
J'en vois deux.
Fuck.

Je me mets contre le mur.
Il y a un cafard qui passe.
J'en vois deux.
J'abandonne mon projet de l'écraser avec le pied.
Ils sont trop nombreux.

Poopook vient me chercher dans les chiottes.
Elle me demande ce que je fous.
J'essaye de dé-saouler pour ne pas faire trop de conneries avec le californien.
J'ai pas envie j'ai pas envie.

Elle me prend par la main et me promet qu'elle restera avec moi.
Je la couvre de bisous.

Les autres sont assis dans un coin.
"Ca pue la zik, on rentre ?"
Déjà ?

Rue.
Je vois le trottoir s'élever dans les airs.
Je le touche du bout des doigts.

Houla, je débloque là.
Trop d'alcool.
Manque de sommeil.
Je plane totalement.

Anouck reste près de moi.
On coure ensemble dans le métro.
Elle fait pipi et je la couvre.

Je m'avance vers les rails.
Envie de tomber.
Quelqu'un me tire vers l'arrière.
Merci.

Je m'allonge par terre.
C'est frai dans mon dos.
Autour tout est flou.
Je souris bêtement.

Je m'endors sur le canap' près du californien.
J'me réveille vers 10h.
"J'suis où ?"
J'vais dans mon lit et j'me rendors.

14h.
Dernier jour ici.
On part à 17h.

Je m'en vais comater sur le balcon.
Avec les autres.
Prendre les dernières photos.
Matthieu qui fait "Tobby" avec une voix de pervers sexuel.
"Oui oui ouiiiiii, Tobby il aaiiiiiime les petits enfants, viens jouer avec moi, oui oui ouiiii"
J'explose de rire.

Ninette est triste de quitter Reno.
Elle pleure derrière ses grandes lunettes noires.

On fait nos sacs.
On se dirige doucement vers la gare.

Et c'est le départ.
Seulement pour Ninette et moi.

Retour glauque.
Ninette qui pleure.
Moi qui m'endort délicatement sur mon voisin.

On se quitte pour le deuxième train.
On prend pas le même.

Bisous et derniers mots échangés, je monte.
Au revoir de la main.

Là je commence à avoir mal à la vessie.
Infection urinaire.
Ca brûle quand je fais pipi.

J'ai besoin d'eau.
Mais je n'ai pas d'eau.

Alors je passe 2h aux toilettes à souffrir comme une taré pour trois gouttes de tombées, je vais voir 4 fois le contrôleur pour lui demander de l'eau, il finit par m'en trouver, j'avale un litre, ça va mieux.
2h dans les toilettes à écouter les Wriggles en me bouchant le nez.
2h à me dire que je ne sais décidément plus être fidèle.
Et je m'en veux.
Même si c'était rien.
"Je voudrais que mon corps soit son temple" (Cf Ryne).

Je finis par aller m'assoir dans mon siège incliné.
A côté d'un mec buldibuldé à mort avec qui j'évite à tout prix d'entamer la conversation.

Je me colle à la vitre et je regarde les étoiles.
Les Wriggles dans les oreilles.
Papillons.

7h.
Gare d'austerlitz.

Je porte mon sac poid-plume avec une énorme difficulté.
Je pue.
J'ai sommeil.
J'ai faim.
J'ai soif.

Bref.

Je devais avoir l'air tellement exténuer qu'un homme a tenu à porte mon sac.
J'ai pas beaucoup bronché.
Il était sympa.
Il m'a accompagné jusqu'à mon arrêt de bus et il est parti en me souriant.

J'me suis écroulée sur mon sac en attendant le bus.
Et puis je suis montée.
Je suis rentrée chez moi.

Mon père était passé chez moi pour réparer 2-3 trucs.
Il avait fait mon lit.
Mes peluches se faisaient toutes des câlins.
Ca m'a fait tellement de bien.

Je réalise que quand on vit seul, il n'y a plus personne pour vous mettre vos peluche les bras des unes dans les autres.
Il faut le faire soi-même.
Et c'est dur.

Ca m'a fait bizarre, ce silence, après autant de bruits et de fête.
Envie d'y retourner.

Oui mais, il y a Lio.
Mon Lio.

Mais ça, ça sera pour un autre article ...