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Les mots sans le son


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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
Celle que vous croyez, de Camille Laurens
Comme un rêve éveillé

Je l'ai rencontré le 07/07/07.
Lio.
Le marsupi.

Tu me diras que c'est qu'une histoire de chiffres, en tout cas c'est facile à retenir.
Et depuis ce jour j'ai l'impression d'attendre la redescente.
Mais elle ne vient pas.

J'ai vraiment dû mal à croire que ça soit possible.
Un mec qui soit comme moi, qui pense comme moi, qui regarde comme moi.
C'est des trucs que tu rêves, au fond de toi t'y crois mais tu sais bien que tu le trouveras jamais.

Alors au final, Je vois les hommes comme j'ai envie de les voir.
Je les rêve.

Et ces mots de Reno dans ma tête.
Des fois j'ai vraiment l'impression que t'es une gamine qui vient d'une autre planète.

J'm'y étais faite je crois.
Comme une extra-terrestre.

Pi là c'est comme si j'avais rencontré un autre martien.
Tu parles d'un choc.

Merde.

...

Il a pris sa voiture mardi soir sur un coup de tête.
Il m'a dit j'arrive ce soir.


C'était juste avant que j'aille chez ma mère.
Ca a mis un peu de joie dans le RER.

Ca faisait 3 jours que j'étais revenue de Lille.
Ca m'a semblé une éternité je crois.

J'étais de nouveau là, sur la moquette de chez Reno, le vert du canapé, les clopes et leur fumée bleu, l'odeur.
J'me dis qu'il y a quelques années, j'aurais tout fait pour être là.
Reno, j'pensais que ça serait le dernier.
Celui que personne ne peut battre et qui a le don de faire exploser un coeur en un regard.

Je me suis trompée.

Aujourd'hui j'ai tout oublié.
Aujourd'hui c'est Lio qui vient me voir, et mon coeur qui fait des bonds comme un enfant impatient.

14 Juillet

Je prends le bus, mon Nano dans les oreilles.
Les musiques de Ryne qui défilent.
Mon sourire bête.

22h.
J'attends devant chez Reno.
Il n'est pas chez lui, je sais pas pourquoi.
Je n'ai pas de portable pour l'appeler.
Je mets la musique à fond en penchant la tête de droite à gauche.

Un homme s'arrête.
Grand sourire.
Je réponds.
Il s'en va.
Tête de droite à gauche.

Je vois une rose blanche à 20 centimètres de mon visage.
Elle est tenue par une main.
La main de l'homme.
Je reste bloquée 5 secondes avant de prendre la rose.
Sourire gênée.
Réponse.
Il s'en va.

J'attends devant chez Reno.
Assise, tête de droite à gauche, musique à fond, une rose dans la main.
Sourire jusqu'aux oreilles.

2 filles passent devant moi.
- Il va arriver t'inquiète pas !

Je ris.
Elles s'en vont en riant.

J'assume, j'assume.

Un enfant de 5 ans s'arrête.
Il me pointe du doigt.
Il a l'air fascinée comme si l'était devant la tour Eiffel.

J'suis un parc d'attraction à moi toute seule.

23h.
Toujours pas de Reno.
C'est qu'il va me faire louper mon feu d'artifice le con.

Métro.
J'ai le nez dans ma fleur.
Je croque un pétale.
Ils sont humides.

Pont neuf.
Beaucoup de monde, des bruits au loin.
Ca a commencé.
C'est trop loin, je ne vois rien.
Ca dure 5 minutes.

Mon sourire qui tombe un peu.
J'aurais tellement voulu un beau feu d'artifice.
Mais personne pour m'emmener.
Extra-terrestre.

Métro.
Musique douce.
Mélancolie.

Rue Mouffetard.
Reno est là.
Th aussi.
Je ne le regarde pas.
Sensation de honte, de gène.
Pas le droit d'être heureuse.

Minuit.
Je suis chez moi, j'allume mon ordinateur.
Lio est connecté.
Discussion jusqu'à 5h du mat'.
Sans voir passer les heures.

Il me manque.

Je m'endors dans un sourire.

15 juillet


-
Tu viens on va chez Ofée en Vélib
- Vélib ?
- Ouai t'sais les nouveaux vélos à 1€ la journée
- Ah bon

Ouai enfin au final Reno c'est fait niquer 300 par les Vélib.
En remerciant la mairie de Paris.

On me dit que j'ai été cruelle avec Th.
Que j'manque de tact.
Quand je leur dis ma version des faits, ils me disent ouai mais là t'es trop gentille, tu lui laisses de l'espoir.


Si quelqu'un connaît le recette de la rupture parfaite ...

Bar.
On boit une bière tous les 4.
Ninette Reno Ofée.
On croque des petits bouts de citron.
Ca me rappelle le Sand, les tékila paf.

Retour chez Reno.
Sur le vélo j'envoie des textos à Lio.
Périeux exercice.

2h.
J'entends son accent du nord dans le téléphone.
Je crois que j'aime bien ça.
Son accent, ses mots.
Tout ce qu'on s'échange sans arrêt.

Rue.
Je fixe le bitume comme si ça me fascinait à mort d'avoir des pavés sous les pieds.
Th marche juste un peu derrière moi, il me suit tout en me parlant.
- T'as rencontré quelqu'un là bas ? Pourquoi tu pars y vivre? Je ne te reverrais plus jamais, tu vas trop vite avec moi, pourquoi j'ai pas le droit à une seconde chance ?


Je réponds parce que je sais qu'il faut être honnête, qu'il ne faut pas laisser d'espoir derrière moi.

- Tu veux un câlin ?

- Oui, je veux bien

3h.
J'ai pris un vélib, la musique dans les oreilles à fond.
J'essaye de ne pas penser à ce qui vient de se dire.

Je sais, j'suis cruelle.
Je sais, mais c'est tombé comme ça.
Je sais, je t'avais pas prévenu, ou pas assez peut-être.

Pas de Lio sur MSN.

16 juillet.

Lundi.


Soir.
Y'a mon Gui qui travaille au Quick, veut que j'passe.
Mon p'tit pd préféré.
Je le regarde faire la fermeture pendant qu'il me demande si mon nouveau mec à des grosses couilles ou pas, parce que c'est mieux les grosses.
Euh ...

Th arrive pour me rendre mes rollers.
Les portes du quick sont fermées à clef.
Ca me fait rire.
Lui un peu moins.
J'essaye de lui parler à travers la porte.
J'finis par abandonner.

1h30.
On est dehors tous les deux.
Il est devenu terriblement bavard depuis hier.
Je l'écoute, je sais pas quoi répondre après tout.
Je ne peux rien dire, je peux juste comprendre, je peux juste rien faire.

Gui sort enfin.
Th s'en va.

On s'assoie un peu sur un banc.
Il essaye mes rollers et manque de se vautrer 3 fois.

2h30.
J'ai froid.
J'peux pas m'empêcher de sourire.
J'peux pas m'empêcher de penser à lui.

3h.
Je rentre en roller.
Je chante sur
Mademoiselle K.
J'dois avoir l'air bien conne.
J'ai trop d'énergie en moi, trop de bonheur, trop de frisson, j'veux de la vitesse, j'veux m'envoler, peut-être que si j'y crois vraiment.

Mardi.

RER E.
Je regarde l'heure sur mon Nano.
J'sais qu'il sera là tout à l'heure, que j'vais poser mes fesses dans sa voiture, qu'il y aura ses grands yeux transparents, et son petit nez trop parfait aussi.
Ca m'fait ça dans ces moments, j'file des sourires à n'importe qui.

Ma mère.
Sa bonne humeur.
Le trajet jusqu'à la Poste, soleil sur la peau, l'argent qu'elle me file, mon petit frère-roux qui me rend fière en me parlant de mythologie, il a envie de faire du latin, il s'intéresse, curieux, et j'ai envie d'être là pour l'aider à faire ses devoirs, si je peux, peut-être.
Faut bien.
Il m'a appris qu'on pouvait se blanchir les dents avec du citron.
Pratique.

23h.
Gare du Nord.

J'ai la trouille, j'ai hâte, j'me sens pu, je marche vite le long du trottoir.
Elle a quelle gueule déjà sa voiture ?

- AAAAAAAAAAAAAAAAAh
(Ca c'est moi qui crie)
Lio vient de me faire bouh par derrière.
J'ai du mal à respirer tellement il m'a foutu la frousse.
Forcément il est mort de rire.
Je le regarde.
Ses yeux.

Vendredi 27 juillet


Ca fait 10 jours maintenant.

Ca m'empêche un peu d'écrire d'être avec lui tout le temps, mais c'est tellement bon de lui parler.
Partager des mots ensemble.
Des étoiles dans le ciel.
Du vent dans les cheveux.

Cette manie qu'on a d'écouter de la musique sans arrêt.
Ces petites phrases qu'on dit mais que les autres ne captent pas vraiment.
Toutes les choses qu'on aime pareil.
Tout ce qu'on se comprend.
Tous nos désirs qui se rejoignent.

Ca a l'air d'une connerie quand je regarde ça en me reculant un peu.
Un peu comme les mots auxquels on s'accroche dans les livres.
Comme ces phrases qu'on note quelques part avec un bonheur dans les yeux.

Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée.


Elle ressemble à ça, la vie que j'imagine.
C'est mon rêve, mon bonheur.
J'ose pas mettre des mots dessus.
Ca pourrait tout détruire.
J'essaye de fermer mes mains le plus fort possible pour le garder à l'intérieur.
Pour que ça dure longtemps.

Je le regarde dormir.
Il a une fée bleue tatouée sur le ventre.
Ca me fait sourire.
L'a l'air d'un ange.

Le soleil s'est levé, j'ai dû dormir 2h.
M'a réveillé en me murmurant des belles choses.
Pas pu me rendormir.
Trop de truc dans la tête qui ne doivent pas s'évaporer.
Veux pas dormir.
Il m'a dit que c'était comme un rêve éveillé.
Alors j'ai arrêté de dormir.

Ecrit par aphone
le Mercredi 25 Juillet 2007
à 08:33



Commentaires :

  mondaye
27-07-07
à 10:26

:]

Niii, c'est cute quand même ^^
Ravie de voir que tout va bien et que tu files le parfait amour :D

Profites en :)

  aphone
27-07-07
à 10:30

Re: :]

Hihi merci !

=))

Bisous à toi !

  inconsciente
27-07-07
à 11:37

c'est trop bon de se réveiller en se disant
PUTAIN C'EST PAS UN RÊVE !!!!!!
ENFIN !!!

:p

  aphone
27-07-07
à 15:49

Re:

C'est clair, c'est trop bon !!!
Pour une fois ... Ca semble vrai =)

  ryne
31-07-07
à 10:50

L'est trop belle...


  aphone
31-07-07
à 13:12

Re:

Ah bah Yann tiersen c'est orgasmique ...



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