Je suis épuisée.

C'est toujours comme ça dès que je fais un effort intellectuel plus de quelques minutes.

Dimanche soir

6h

J'étais tellement à fond dans mes révisions et dans l'épisode 10 de la saison 1 d'Ally Mc Beal, quand SOUDAIN, je me suis rappelée d'un truc.

"Euuuuuh c'est pas le fameux jour où faut aller mettre une petite enveloppe dans une urne ?"

Après un grand effort de réflexion, j'en ai conclu que la réponse était oui.
Je me suis donc tapée sur la tête plusieurs fois en regardant mon pyjama et mes cheveux gras dans la glace.
J'étais vraiment pas présentable.

J'ai hésité.

J'y vais ?
J'y vais pas ?

Je suis une bonne citoyenne ?
De toute façon les gens c'est tous des fachos qui votent Sarko alors à quoi ça sert que je prenne une douche, que je me rase sous les bras et que je mette du déodorant ?

Mouai.
Si on part de ce raisonnement là.

J'attrape le téléphone.

- COUCOU PAPA !!
- Hey, ma fille
- Ouaip c'est ouam, dis t'es allé voté ??? (air suppliant, réclamant compassion)
- euuuuh non pas encore !
- (mon père ce héros) Cool ça te dit qu'on y aille ensemble parce que j'ai complètement oublié on a encore le temps ?
- Ouaip t'inquiète c'est tranquille y reste encore 2h, bah passe à la maison je t'attends
- Okay bisous Daddy !

7h.

Je me retrouve devant mon cher petit collège.
On regarde les affiches et on se fout de la tête des gens qui se présentent.
C'est vrai qu'ils ont moins la classe que les présidents.

J'apprends alors que je vais voter pour Biddul-Machin-Truc socialiste.
Cool.

J'enseigne à mon cher père qu'il n'est pas obligé de prendre TOUS les bulletins parce que ça tue des arbres mais qu'il peut en prendre que 2.
Ca fait que 30 ans qu'il vote.

Tandis que moi je passe 5 minutes à chercher une enveloppe pour mettre le bulletin dedans, alors qu'elle est dans ma main bref, on fait un carton.

Ahah je suis complètement stressée par le bac, je vis pour le bac, c'est comme si le paysage pouvait continuer de défiler devant mes yeux, à l'intérieur y'aura toujours que le bac.

On se quitte alors quand mon père me conseille de fumer un gros joint pour me détendre.
"Fais comme moi, quand je suis stressé, et tout va mieux".
Ok daddy on en reparle.

Je l'écoute me faire son discours d'encouragement mais c'est comme si ça servait vraiment à rien.
J'suis pas là d'façon, j'suis dans ma tête et j'essaye de me remémorer la fiche que j'ai faite sur Le Bonheur en philo.

***

Dimanche soir (tout à l'heure c'était pas le vrai soir en fait)

Je suis chez Th.
Dans son lit.
Une bière à la main.
Et un joint dans l'autre.
(oui papa mais je te l'avouerai jamais).

Ma foufoune me gratte atrocement.
Je suis au bord de la grise de nerf et je me demande bien POURQUOI Tchernobyl à décider d'emménager dans ma foufoune la veille du bac !!
(Ne me posez pas de questions sur le pourquoi du comment, je me sentirai obligée de répondre et je me verrai perdre probablement 75% des mes lecteurs)

Je tape des pieds, je me mets le pommeau de douche à l'intérieur, je crie, je me plains, je dis que Dieu est vraiment un sal con, je m'excuse, etc.

J'envoie des textos à ma mère.
Parce que ma mère est aide-soignante et entre nous c'est bien pratique.

Je me retrouve avec un suppositoire dans la foufoune et tout va mieux.
Ca va tuer Tchernobyl.

Il est 23h.

Th m'interroge sur les fiches que j'ai faites la veille.
Premières fiches de ma vie.
Je suis à fond les ballons.

Et je m'endors paisiblement, complètement stoned.

***

7h35

J'arrive devant mon lycée.
J'ai les mains qui font n'importe quoi, comme si j'avais installé le kit vibreur à l'intérieur.
J'ai peur oh mon dieu.

Je vois Djiou, mais j'y fais pas bien attention.
Elle relit son annabac.
Moi je me suis promis de ne rien relire du tout et de rester ZEN.

Devant les grilles il y a des grosses caisses vertes.
Je laisse mes pieds m'emmener et je me retrouve avec une boisson énergétique dans une main, et un stylo bic dans l'autre.
"Bonne chance !" qu'elle me dit en souriant.
C'est ça, moque-toi, bitch.
J'y fais un sourire, les yeux dans le lointain du large qui nous emporte vers le destin inévitable qui ...
Oh mein gott.

Je préfère ne pas boire cette "boisson énergétique" pour le moment, j'ai déjà assez de piles Duracel dans les fesses pour le moment.

Je passe devant ma chère petite CPE.
Je la vois pas vraiment, je crois que je suis tétanisée et j'avance sans parvenir à lui articuler un bonjour.

Dans les escaliers, c'est le drame.
Je pousse des petits cris, je tape sur Djiou, je saute, je dis que je vais mourir et tout ça quoi.

- Faut que j'aille aux toilettes !
- Ouai moi aussi !

Après avoir libéré nos vessies de tout ce stresse (elles n'y sont pour rien après tout), direction la salle d'exécution.
Ma folie s'arrête au moment où je tombe nez à nez devant mon prof d'histoire géo.

- héhé ! Bonjour monsieur !
- (regard pleins de haine et d'accusations) bonjour.

Ce salaud, il a osé dire dans mon bulletin que je ne participais jamais en ECJS.
CE QUI EST FAUX !!
BITCH !

Comme de bien entendu, je me trompe au moment d'écrire le numéro d'immatriculation.
Je recopie l'autre vignette, celle de la terminale qui a souffert à cet endroit même.

Prof d'histoire se penche méchamment vers moi et me lance un "AHEM voyons tu n'es plus en terminal AHEM AHEM (fait genre qu'il a une toux)"
Tsssss.

- Moquez-vous, allez-y, c'est facile, c'est pas vous qui êtes complètement à l'ouest parce que vous passez la plus grosse épreuve de votre bac dans 5 minutes, hein !? BITCH !!

Nan j'ai pas dit ça.
J'ai rien répondu, penses-tu.
J'suis qu'une soumise.

J'ai préféré dire "Euh Fatima t'aurais du Typex steuplait ?"

Tssss.

***

8h

L'épreuve commence, le sujet tombe.
Moi, tel Lucky Luck, je dégaine mon Bic tout neuf et j'attaque mon brouillon.

Ce qui est inquiétant c'est que j'ai fait mon brouillon en 10 minutes.
Genre "wah trop facile la question j'ai même pas besoin de réfléchir".
Euh dans ma bouche ça colle pas.

Je l'ai donc relu, relu, relu, relu.
Il me semblait correct pourtant ce plan.
J'ai donc dessiné un lapin et Batman en pensant à mon dernier rapport sexuel.
Ca s'appelle "la méditation".
Ca dure environs une heure.
Histoire d'être relax.

Puis j'ai énoncé 3 règles.

1. Tu écriras lisiblement
2. Tu ne feras pas de faute d'orthographe.
3. Tu feras des jolies phrases.

Oh le stresse.

La copie était toute blanche et j'étais morte de trouille.
Ca doit être "l'effet coef 7" qui fait ça.

***

12h

J'étais l'avant dernière à sortir, avant Djiou.

Ca allait un peu mieux.
Comme si j'étais en vacances.
L'effet coef 7 je crois.

Irina nous a tous redonner la pèche avec son discours de "we are winners !!"
Moi j'suis allée manger chez Guillaume.
Depuis le temps qu'on en parle.
Et j'ai parlé de sexe pendant environs 2h.
J'étais pas capable d'offrir autre chose.

***

Bon, le bac n'est pas terminé.

Mon épreuve d'italien, j'ai l'impression que ça s'est pas HYPER SUPER bien passé.
J'étais tendue comme un string et je faisais du yoga mental pour me destresser.
Des filles ont dit qu'une élève avait fait une crise de tétanie et que les pompiers étaient venus.
J'étais SUPER rassurée.

Et là, le gros choc émotionnel fut le suivant : c'est UN examinateur.
Pas une gentille petite italienne avec des lunettes et de la brioche toute ridée au niveau du ventre.
Non.
Un grand bonhomme tout droit, tendu lui aussi comme un string, avec un long nez pointu.
Tu vois l'genre.
J'étais pas rassurée.

J'ai blablaté mon intro, mon plan et ma conclusion.
Et ce goujat il me reprenait quand je faisais des fautes.
J'étais perturbée, je savais pu si je parlais italien, espagnol ou une langue-qui-n'existe-pas-et-que-je-viens-juste-d'inventer-exprès-pour-foirer-mon-oral.
J'étais totalement paniquée.

De plus, pour l'entretien, au lieu de me demander si jamais bien les gâteaux au chocolat et ce que je voulais faire comme métier plus tard, il est resté à fond dans le texte !
Genre :

- (je traduis hein) mais pourquoi l'Irlandais veut connaître la vérité ?
- baaaaaaaah parce que c'est un philosophe
- oui mais ... pourquoi ?
- euhh ... Parce que les philosophes aiment bien se poser pleins de questions !
- et pourquoi la nature ne lui répond pas ?
- baaaaaaaaaaaaah parce qu'elle s'en fiche, la nature, elle est a rien à foutre, elle fait juste son boulot de dame nature !
- oui mais ... pourquoi ?

Quand un prof te pose 2 fois la même question, c'est que t'as mal répondu, généralement.
Je suis ressortie en poussant un soupir qui a dû provoquer un ouragan en Guyane.

Oh mein gott ...
Vivement la fin !!